Les Lyonnais ont passé le 31 au Caire

CHRONIQUES DE GAZA #3 et #4 - Sans surprise, les Lyonnais Pierre Thivend et Michèle Radovanovitch partis manifester contre le blocus israélien à Gaza sont restés bloqués au Caire le 31 décembre. Avec 38 autres Lyonnais, 300 Français et plus d'un millier de personnes venues du monde entier, ils voulaient participer à la marche pour la liberté de Gaza. Mais les autorités égyptiennes les en ont empêché. Ils nous ont envoyé leurs chroniques quotidiennes.

Résumé de la journée du mercredi 30 décembre :

Vous commencez sans doute à avoir des échos de notre marche dans ses différents aspects ; quant à nous, nous n'avons qu'une vue partielle, et ne pouvons vraiment vous informer que de ce qui touche notre groupe de français, belges et luxembourgeois ( 80 personnes environ ). Que s'est-il passé aujourd'hui ? Nous avons changé d'hôtel : nous étions au Nord-Est de la ville, maintenant nous sommes au Sud-Ouest. Nous avons appris que suite au rassemblement, hier, des juristes devant le syndicat des journalistes, certains juristes égyptiens ont été emprisonnés. Nous avons appris que Monique, une lyonnaise de l'autre groupe (CCIPPP), était allée en direction d'El Arish mais a été bloquée à Ismailia, et devrait être obligée de revenir au Caire aujourd'hui.

A l'initiative de Codepink, deux cars ont été autorisés à aller à Gaza, en mission strictement humanitaire ; les autorités égyptiennes considèrent maintenant qu'elles ont fait un geste d'ouverture suffisant à l'égard des marcheurs. Pour notre part, nous sommes allés à l'ambassade de France pour essayer de rencontrer les Lyonnais partis avec Europalestine. Ils « campent » toujours sur le trottoir devant l'ambassade, entourés d'un cordon impressionnant de gardes-mobiles ; maintenant ils sont autorisés à « sortir » et à « revenir ». En début d'après-midi, les internationaux pouvaient passer le cordon policier ; quand nous sommes venus, ce n'était plus possible ; nous avons pu seulement saluer la coordinatrice lyonnaise et voir de loin quelques unes de nos connaissances.

Comme nous l'avions décidé précédemment, nous avons organisé à 18h, un rassemblement silencieux avec des bougies et des banderoles, au centre du vieux Caire place El Hussein. Nous étions une petite centaine, et nous sommes restés une heure et demi. Les passants nous regardaient avec sympathie, mais des policiers veillaient à ce qu'il n'y ait pas d'échange et de contact avec nous. Ce fut une action modeste mais réussie. Dans nos déplacements, de plus en plus souvent, des Egyptiens, ayant sans doute découvert la présence d'internationaux pour Gaza nous montrent des signes de sympathie et cherchent le dialogue avec nous. A demain“.

Résumé de la journée du jeudi 31 décembre :

Aujourd'hui, nous aurions dû marcher dans la bande de Gaza. La marche a eu lieu à Gaza sans les internationaux, à l'exception semble-t-il d'une centaine de personnes qui ont pu entrer dans un cadre strictement humanitaire. Elle a eu également lieu, côté Jérusalem. Quant à nous, ici au Caire, le mot d'ordre a pu circuler entre nous tous de nous retrouver à 10h devant le Musée Egyptien. Au signal, nous nous sommes tous précipités pour occuper l'avenue. Nous étions un peu moins de mille ; certains n'ont pu nous rejoindre à temps, d'autres en ont été empêchés. Très vite nous avons été encerclés par les forces de police. Au bout d'environ un quart d'heure, sans ménagement, ils nous ont extirpés de la chaussée et nous ont cantonnés sur le trottoir. A 10h30, la chaussée était de nouveau libre. Cette évacuation a été musclée, surtout avec les plus jeunes, dont certains ont été légèrement blessés. Les forces de l'ordre nous ont empêché longtemps de sortir ; néanmoins nous-mêmes avons pu franchir le triple cordon de policiers vers 14h30. L'ensemble des internationaux a pu partir vers 17h, à leur initiative. Parmi nous se trouvait l'américaine, rescapée de la Shoah et gréviste de la faim (du visage de cette dame émanaient conviction et apaisement ). Dans ce cantonnement forcé, se sont vécues entre tous une grande unité et une réelle fraternité.

Dans l'après-midi, en déambulant dans les rues, par hasard, nous sommes tombés sur 4 Français, dont notre Monique du Collectif que nous cherchions depuis longtemps à joindre ; ils revenaient d'Ismailia. Une membre de notre groupe : Marie-Renée, qui avait fait un malaise cardiaque hier, est décédée cette nuit à l'hôpital. Elle était membre du bureau national de l' AFPS. Nous arrivons au terme de notre mobilisation pour cette marche : marche de la liberté pour Gaza. Il nous reste à en tirer le bilan. A bientôt, à notre retour à Lyon, pour se réengager dans une nouvelle année de luttes“.

Michèle et Pierre

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