L’UFC-Que Choisir accuse les distributeurs de ne pas répercuter la baisse des prix producteurs sur le prix des étiquettes. L’association de consommateurs s’appuie sur une enquête réalisée auprès d’une vingtaine d’enseignes de Lyon et Villefranche et tente de mobiliser les pouvoirs publics.
Entre l’été 2007 et l’été 2008, la flambée des prix agricoles a provoqué une crise alimentaire dans la plupart des pays pauvres. En France, les prix d’achat au producteur ont augmenté de 6,8% en un an, selon l’Insee. Une hausse du cours des denrées alimentaires que les distributeurs ont alors immédiatement répercutée sur les prix de vente au consommateur.
Mais depuis l’automne 2008, les prix producteurs ont été largement revus à la baisse, sans que cette correction n’ait été répercutée dans les rayons des grandes surfaces. Une enquête menée par l’antenne de l’UFC-Que Choisir dans le Rhône auprès de 23 enseignes à Lyon et Villefranche (hypermarchés et supermarchés) sur trois produits peu transformés (escalopes de poulet, côtes de porc et brique de lait) entre le 26 septembre et le 10 octobre 2009 vient étayer cette accusation. Les prix affichés par les distributeurs sont désormais cinq fois supérieurs au prix producteurs (voir tableau). “Nous ne remettons pas en cause le principe des marges, mais un tel différentiel est-il justifié ? L’industrie et la distribution avancent en réponse l’inflation des prix agricoles en 2007-2008. Alors pourquoi les prix ne reflètent-ils pas également la baisse de 2009 ?“, accuse René Barraud, président de l’UFC du Rhône.
Entre septembre 2007 et septembre 2009, les relevés de l’association montrent une augmentation de 11% du prix du lait pour les marques de distributeurs (Carrefour, Auchan, Monoprix, Casino), tandis que le prix à l’éleveur a chuté de 7% sur la même période. René Barraud y voit un phénomène de cliquet, qui bloque les prix à un certain seuil une fois celui-ci franchi : “les distributeurs ont maintenu les prix à ceux des cours de 2008“. Le prix de la volaille, qui en 17 ans a profité des crises bovines et de la dioxine, a ainsi augmenté de plus de 41%.
L’UFC a décidé de saisir les parlementaires sur cette question, et propose l’application d’un coefficient multiplicateur, qui permettrait de lier le prix au consommateur avec le prix au producteur pendant trois mois en période d’alerte. Une technique déjà appliquée en 2005 au marché des fruits et légumes, et qui semble avoir prouvé son efficacité puisque selon les évaluations de René Barraud, ce marché s’autorégulerait désormais de lui-même. “Nous ne prônons pas un retour à l’encadrement des prix. Ce coefficient ne s’appliquerait que sur un laps de temps très court et uniquement sur les produits peu transformés, dont les prix producteurs auraient chuté de plus de 10% par rapport au prix moyen des cinq dernières années“. Un an et demi après la création de l’Observatoire du prix et des marges par le gouvernement, l’association s’interroge sur le peu d’empressement des pouvoirs publics à utiliser ce nouvel outil.
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