INTERVIEW - 1 300 jeunes et 900 associations se réuniront à Lyon du vendredi 11 au dimanche 13 novembre dans le cadre de la convention 2011 des Maison des Jeunes et de la Culture (MJC). A six mois de la Présidentielle, le thème de la rencontre sera notamment l'engagement. Rencontre avec Frédéric Prelle, président de la fédération régionale et nationale des MJC.
Lyon Capitale : On a souvent l’image d’une MJC avec un babyfoot et un mur plein de tags, qu’en est-il aujourd’hui ?
Frédéric Prelle : C’est une idée surfaite. Les MJC sont avant tout un lieu de rencontre, d’expression, où les jeunes et les moins jeunes pratiquent des activités ensemble et développent un lien social. L’activité n’est qu’un moyen d’amener à cela, de faciliter les rencontres entre personnes. Le babyfoot est effectivement un moyen.
La mixité sociale est-elle encore présente ?
La mixité sociale est de plus en plus présente, avec des liens intergénérationnels. Les jeunes aident les seniors dans les activités informatiques, les seniors aident les jeunes en leur donnant un coup de pouce pour leurs cours et leçons scolaires. Nous gardons aussi l’idée d’une éducation populaire et d’une formation tout au long de la vie. Nous échangeons de plus en plus sur le développement durable, les élections, la réforme des retraites.
Le J pour “jeunes” dans MJC est donc moins pertinent ?
En effet, beaucoup de MJC deviennent des “maisons pour tous”. Lyon a décidé de suivre cette voie. Au final, nous voulons avant tout être des lieux de rencontres et d’échanges pour tous et pour tous les âges. Nous sommes aussi là pour faciliter l’intégration des jeunes. Dans les années 1990, nous avons fait de l’activité pour faire de l’activité. Aujourd’hui, notre objectif est de replacer les jeunes au milieu de cette problématique. Nous devons être à leur écoute et les accompagner.
Pensez-vous que les jeunes vont massivement s’abstenir aux prochaines élections ?
Cela m’inquiète. J’ai effectivement peur de cela. Lors des journées lyonnaises, nous allons organiser des ateliers autour de l’engagement des jeunes ainsi que sur leurs moyens d’expression. Ils doivent être entendus, encouragés à s’inscrire sur les listes. Il faut qu’ils aillent voter, et nous les aidons à formaliser leur opinion sans les influencer. Je n’ai pas vu beaucoup de jeunes participer aux primaires.
La jeunesse n’est-elle pas touchée davantage par la crise ?
On ne peut pas rester insensible quand 25 % d’une tranche d’âge est au chômage. En Rhône-Alpes, 100 000 jeunes de plus de 16 ans ne sont dans aucun système, ils sont sortis de l’école, ne sont pas à l’ANPE, ni à la mission locale. Ils sont en pleine errance. Actuellement, le Gouvernement étudie une loi permettant aux jeunes de 16 ans d’être président d’une association, ce qui pourrait contribuer à faciliter l’engagement. Cependant, ils tentent de faire passer en même temps la majorité pénale à 16 ans, voire moins. On voudrait nous faire avaler la pilule de cette manière.
Les MJC ne sont-elles pas parfois soumises aux pouvoirs politiques ?
Il faut que nous redevenions des lieux d’expression et de communication, mais aussi d’opposition et d’interpellation. Il faut que les politiques comprennent que la réalité économique a contribué à maintenir un lien de dépendance financier, mais il faut qu’ils comprennent qu’ils doivent aussi accepter les critiques.
Certains politiques souhaitent mettre en place un encadrement militaire. N’est-ce pas un constat d’échec pour les MJC ?
Ce n’est pas une réponse à l’engagement des jeunes. La réponse que la société doit apporter doit être globale. Nous devons les amener à avoir une formation digne de ce nom pour aller plus loin dans les études, des moyens d’autonomie. Nous préférons nous engager sur le service civique, qui reste une réponse ponctuelle pour permettre à un jeune de passer un cap.
Internet ne va-t-il pas tuer les MJC ?
Il est plus facile de rester chez soi et de communiquer via Facebook que de venir dans un local et échanger avec les personnes. Je ne veux pas opposer les technologies aux MJC. Nous devons prendre en compte cela et faciliter la communication sans passer par les écrans. Grâce au Web, les jeunes trouvent plus facilement des informations, mais parfois ils ont besoin de plus, de rencontrer des gens pour se forger des idées.
Belle initiativeps: au premier coup d’œil j'avais cru reconnaitre Jean-Yves Sécheresse sur la photo...