Deux ingénieurs toulousain et isérois ont inventé un piège à moustiques basé sur le biomimétisme. Un guêpier pas piqué des hannetons !
Les moustiques piquent même en hiver. Ce pourrait être le titre d'un film d'Audiard.
A force de se se faire piquer par les moustiques, de plus en plus présents (quasiment à l'année) et de plus en plus résistants, et avec une grande capacité d'adaptation, deux ingénieurs de Toulouse et Grenoble, non satisfaits des produits présents sur le marché, ont décidé de développer une solution efficace et durable.
Romain Tiberghien et Guillaume Lombart sont deux amis d'enfance. Le premier est un ancien d'Airbus, ingénieur sur le site de Toulouse Saint-Eloi. Le second, est un ex-ingénieur d'Air Liquide spécialiste en biogaz installé en Isère.
Ma boîte à moustique fonctionne à partir de la méthode du biomimétisme : le piège imite la présence humaine grâce à la diffusion d’une faible quantité de CO2 biosourcé qui pastiche les flux de respiration humaine et d’un attractif odorant qui copie l'odeur humaine (phéromone).
Filière de production à Grenoble
En 2021, Ma boîte à moustique naît. La filière de production est basée à Grenoble. Les composants sont sourcés au plus près des lieux de production, en France grâce à des partenariats locaux (filets de capture à Lyon, biogaz local fermier dans les Pyrénées, carte électronique et enveloppe acier epoxy à Grenoble, détendeur en Lorraine).
En 2023, l'offre s'étend aux collectivités.
La retranscription intégrale de l'entretien avec Guillaume Lombart
Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 Minutes Chrono nous accueillons aujourd'hui Guillaume Lombart. Bonjour.
Bonjour
Guillaume Lombart, vous êtes co-inventeur de Ma boîte à moustique, une innovation produite à Grenoble. Avec les températures de plus en plus élevées, on remarque que le moustique, maintenant, est quasiment présent toute l'année. Vous êtes ingénieur Guillaume Lombart, vous avez inventé cette solution qui est basée sur le biomimétisme pour lutter contre les insectes. Expliquez-nous déjà le biomimétisme.
Toutà fait, le biomimétisme c'est imiter la personne humaine ici pour attirer le moustique. Comment est-ce que ça fonctionne ? On vient émettre un petit flux de CO2 qui imite la respiration humaine et également une petite molécule odorante qui va imiter notre odeur humaine, l'humeur corporelle et c'est comme ça qu'en fait le moustique nous repère de loin.
On est d'abord ingénieur : Romain, mon associé, et moi-même tous les deux on a regardé ce qui se faisait et ce qui se faisait de mieux. On s'est vite fait entourer par des entomologistes, des spécialistes du moustique, notamment à Montpellier et eux nous ont indiqué que c'était vraiment ce qu'il fonctionnait le mieux. On s'est dit qu'il n'y avait pas finalement le produit au grand public qui était design, écologique, bien intégré pour le jardin, pour l'extérieur et c'est ce qu'on a souhaité développer ici.
Comment vous est venue l'idée de créer cette innovation sur les moustiques ? Vous disons qu'on se fait piquer à chaque été non ?
C'était d'abord ça : Romain, lui à Toulouse, moi à Grenoble, ici, tous les deux chez nous en famille, dans notre jardin, on n'en pouvait plus des moustiques, on ne pouvait plus sortir la tête de l'eau ou mettre le nez dehors. On a d'abord regardé ce qui se faisait et on n'a pas trouvé ce qui nous allait. Donc on s'est dit, voilà en ingénieur, on va pouvoir trouver et développer une solution et c'est ce qu'on a fait.
Combien de temps vous avez mis pour créer enfin entre le moment où vous avez pensé l'objet et le moment où il est sorti des usines de Grenoble ?
Il a vraiment mis deux trois ans avant d'aboutir et avant d'avoir une vraie filière de production à Grenoble où là maintenant on sort un peu plus d'un millier de produits, comme l'année dernière sur le site de Grenoble.
Donc là vous êtes à Lyon vous êtes à Grenoble et vous êtes à Lyon pour le salon Paysalia qui est un salon professionnel qui a lieu tous les deux ans qui est vraiment le leader européen dans tout ce qui est paysage. Vous allez présenter ou représenter votre produit qui existe depuis deux ans. Simplement cette année il y a une nouveauté puisque vous allez vous offrir au marché des collectivités c'est ça ?
Tout à fait, on a des premiers sites sur lesquels on a pu installer nos boîtes à moustiques.
L'hôpital du Vinatier a fait appel à vous notamment.
Tout à fait, l'hôpital du Vinatier avec un de nos partenaires local ici et on a pu installer une vingtaine de boîtes à moustiques sur le site de l'hôpital du Vinatier, comme sur d'autres sites à Sainte-Égrève, près de Grenoble, ou à Chambéry ou vers Toulouse. C'est eux qui sont venus nous voir en disant "on a des moustiques pour nos usagers" qui peuvent être les patients les médecins du site. Ils ont dit voilà proposez-nous des solutions et accompagnez-nous vraiment pour pouvoir lutter efficacement contre la moustique.
Il y a aussi une dimension écologique très importante.
C'est vraiment qu'on a souhaité, dès le départ, dans le développement du produit c'est à dire de venir en remplacement de produits chimiques, un biocide qui venait tuer les moustiques adultes. Là, on vient attirer le moustique pour le capturer dans des filets sans émettre de produits qui seraient toxiques pour l'environnement. On vient également, en émettant du CO2, qui est issu du biogaz, proposer une solution aussi pour les villes, les collectivités, les professionnels qui est aussi la plus écologique possible parce que c'est du gaz qui est d'abord in fine au départ capté par les plantes et qu'on vient derrière relarguer sous forme de biogaz.
Oui parce qu'aujourd'hui les collectivités publiques n'ont pas le droit de traiter de manière chimique.
Exactement. C'est réservé uniquement à du sanitaire, c'est-à-dire quand il y a un risque de transmission de virus. Mais pour tout ce qui est traitement classique on ne peut plus utiliser du fait de produits chimiques.
Dans une récente tribune publiée dans Le Monde, une docteure spécialisée en maladie infectieuse qui disait que nous sommes face à un quasi-angle mort de l'action publique que les pouvoirs publics ne s'emparaient pas suffisamment de cette problématique. On a beaucoup parlé de la punaise de lits mais peu du moustique qui il est présent, quasiment, de janvier à décembre.. Vous trouvez qu'il y a un angle mort de l'action publique sur ce problème des moustiques ou pas ?
En tout cas, il y a un vrai enjeu où les collectivités sont en recherche de solutions efficaces, durables dans le temps, et il y a encore énormément de choses à faire dans ce domaine-là. Les mairies sont très souvent laissées face à elles-mêmes pour pouvoir lutter efficacement contre les moustiques. Des organismes existent et beaucoup de choses sont faites mais il y a encore énormément de choses à faire et de solutions à développer et d'accompagnement dans des luttes intégrées dans des solutions intégrées pour pouvoir lutter contre les moustiques.
A Lyon, avez-vous eu des contacts avec la mairie ?
En tout cas, on échange avec un certain nombre de collectivités de la métropole qui sont intéressées, qui font appel à nous pour regarder quelles peuvent être les solutions. En tout cas, on est intéressé de pouvoir largement proposer notre solution via nos réseaux de partenaires qui peuvent après, derrière, accompagner les collectivités, les communes autour de notre solution et nous on a une vraie notion de proximité. On produit 100% à Grenoble, pas très loin d'ici, et on veut vraiment cet accompagnement local qui fait du sens pour nous.