Les nouveaux élus lyonnais ont tissé des réseaux, souvent associatifs et environnementaux, passant sous les radars des relais classiques de la gauche ou de la bonne société lyonnaise.
Aux portes du studio de notre émission quotidienne, “6 minutes chrono”, Valentin Lungenstrass, adjoint EÉLV à la Ville de Lyon, et Isabelle Ramet, conseillère régionale LR, échangent des amabilités d’usage entre élus. Rapidement la conversation dérive sur leur vie civile. “Je suis avocate”, explique l’élue LR. “C’est incroyable le nombre d’élus qui sont avocats”, rétorque l’adjoint écologiste. Lui est ingénieur. Les deux représentent à leur manière le stéréotype sociologique de leur parti. Sous les mandats de Gérard Collomb, les adjoints et vice-présidents exerçaient la plupart du temps des professions libérales (avocats ou médecins) et appartenaient à des réseaux de pouvoir économiques ou maçonniques. Ils ont été remplacés par des cadres, souvent ingénieurs, issus de réseaux associatifs environnementaux. “C’est un peu caricatural, car nous avons près de 150 élus dans l’agglomération et donc une grande variété de profils, mais ce n’est pas totalement faux”, s’amuse Benjamin Badouard, coprésident du groupe écologiste à la Métropole de Lyon. Une sociologie déjà en vigueur à Grenoble, la première grande municipalité conquise par les écologistes en 2014. Éric Piolle, ingénieur puis cadre dirigeant d’un grand groupe informatique, avait conquis la ville en s’appuyant davantage sur des réseaux associatifs que sur les formations politiques classiques de gauche.
Des réseaux propres
Cette méthode, les écologistes lyonnais s’en sont inspirés. Erwan Lecœur, politologue proche d’EÉLV, a transmis aux cadres lyonnais du parti la recette qu’il avait utilisée avec Éric Piolle six ans plus tôt à Grenoble. Les écologistes ont mené à Lyon une campagne loin des sentiers battus de la gauche traditionnelle. “Ils ne se reconnaissent pas dans les formes historiques de mobilisation de la classe ouvrière et de la gauche en général. Les écologistes n’ont pas de réseaux dans les syndicats ou les grandes associations sociales ou d’éducation populaire. Ils ont toujours leurs propres réseaux. Ils ont créé leur propre sociabilité sur des causes environnementales ou de déplacement”, constate Raphaël Debû, conseiller métropolitain communiste. “Les écologistes, je ne les ai jamais vraiment croisés dans les manifestations ou les organisations syndicales. Ils viennent de réseaux que nous ne regardions pas trop comme Greenpeace ou des mouvements locaux comme La Ville à vélo ou Plein la vue, qui n’ont émergé que deux ans avant les municipales de 2020”, souligne Sandrine Runel, adjointe PS aux affaires sociales. La montée en puissance des écologistes est passée sous les radars pendant des mois à Lyon. De même que leur assise électorale n’est aujourd’hui pas la plus lisible. Les résultats des élections régionales et législatives ont pourtant montré que leur base les suit toujours. “Nous ne sommes pas un parti militant comme peut l’être le parti communiste. Nos sympathisants sont investis dans différentes associations. Elles peuvent être environnementales ou plus sociales. Nous allons piocher dedans pour les élections. C’est une tradition chez nous. Nous l’avons fait avec José Bové ou Philippe Meirieu à Lyon. Ces personnalités menaient des combats hors de nos murs, mais nous les partagions et nous avons fait un bout de chemin ensemble”, décrypte Rémi Zinck, maire EÉLV du 4e arrondissement.
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