Un air de marché emplit l'unique salle de ce bar associatif. Et pour cause, les paniers hebdomadaires sont arrivés ! Comme chaque semaine, des consommateurs avertis viennent chercher leur panier rempli de fruits et légumes, entièrement bio. Ces paniers, ils les ont commandés la veille sur Internet. On choisit la taille et le prix du panier (8, 15 ou 25 euros) mais pas son contenu. La seule chose dont on est sûr, c'est que ce sont des produits de saison cultivés dans les environs de Lyon. Ce jeudi, les Croix-Roussiens ont pu découvrir des kiwis, des pommes, des carottes, des poires, des salades et autres panais*. Le tout produit par deux maraîchers des Coteaux du Lyonnais (lire témoignage). Le seul intermédiaire, c'est Martin Deslandres, ingénieur agronome de formation, qui a monté cette "start-up" paysanne. "Je tisse des liens entre la ville et les campagnes. Aux producteurs, je leur permets de mieux vivre de leur métier aux consommateurs lyonnais, d'acheter des produits de grande qualité en toute facilité". Et ça marche ! Depuis un an, son entreprise, Les Paniers de Martin, livre une centaine de paniers dans cinq lieux de distribution. Les consommateurs apprécient. Sylviane, 30 ans, une fidèle des paniers hebdomadaires : "Plus besoin de se lever pour aller faire le marché. En quelques clics, je commande le panier sur Internet. En plus, je mange de la qualité tout en découvrant de nouveaux produits".
Produire et consommer localement
Depuis deux ans, des initiatives comme celles de Martin fleurissent à Lyon. Avec toujours pour objectif de supprimer les intermédiaires entre le producteur et le consommateur. Les modalités varient sensiblement d'une formule à une autre. L'idée de base reste la même : garantir des revenus stables aux paysans de la région qui fournissent les urbains en produits de qualités. L'AMAP (Association pour le maintien de l'agriculture paysanne) est le système de distribution le plus abouti mais aussi le plus contraignant. Des consommateurs, regroupés dans une association, s'engagent pour une durée de six mois à commander chacun un panier par semaine à un ou plusieurs producteurs, qui viennent eux-mêmes livrer dans un lieu de distribution (MJC, bars ou autre). On compte aujourd'hui dix associations de ce type dans l'agglomération, regroupant un millier de consommateurs. Les "Amapiens" sont obligés de refuser du monde. Laurent fait partie de cette nouvelle variété de consommateurs. Il anime bénévolement l'AMAP du 3e arrondissement : "j'en avais marre des grandes surfaces, de véritables machines à écraser les producteurs. Là, les quinze euros que nous coûte notre panier vont directement dans la poche du paysan". En plus, ce nouveau mode de consomm'action est parfaitement en accord avec les aspirations écologistes du moment : fini les haricots du Kenya acheminés par avion, place aux produits bio de la campagne lyonnaise. C'est autant d'essence et de pesticides en moins dans la nature.
*Sorte de grosse carotte blanche de forme allongée et biscornue.
A chacun son panier
Les Paniers de Martin
Des paniers de fruits et légumes bio à commander chaque semaine sur internet.
www.lespaniersdemartin.com.
06 31 69 25 59
Le système des AMAP
Chaque Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne regroupe des producteurs et des consommateurs les premiers livrant chaque semaine des produits bios ou paysans aux seconds. L'engagement est de Six mois minimum.
www.alliancepec-rhonealpes.org. 04 78 37 19 48
De l'Autre Côté de la Rue
Ouverte depuis septembre 2006, cette épicerie est directement fournie par une vingtaine de producteurs de la région, en fruits, légumes, vin et autres bières artisanales.
75, cours de la Liberté. Lyon 3e.
04 72 60 88 05.
Témoignage
Laurent Raymond, producteur bio des Coteaux lyonnais
"Les Paniers de Martin me font vivre"
Il y a un an, Laurent Raymond décide de rompre avec le maraîchage traditionnel. Le voilà agriculteur bio. Ça tombe bien, Martin Deslandres qui lance sa "start-up", souhaite soutenir ces paysans en "conversion". Depuis, Laurent fournit Les Paniers de Martin. "J'arrache les légumes en fonction des commandes passées sur internet, je les livre à cinq minutes de chez moi chez un producteur de fruits qui travaille aussi pour Martin. Résultat : c'est moins de gaspillage de marchandises et de temps par rapport aux marchés". Pour l'instant, Laurent doit encore faire deux marchés par semaine. A terme, il espère encore augmenter sa production pour Martin, qui représente déjà plus de 30% de son chiffre d'affaires.
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