Service de soin intensif du Professeur Jean-Christophe Richard (unité Covid-19), à l’hôpital de la Croix-Rousse, à Lyon (©MAXPPP/PHOTOPQR/LE PROGRES/Joël PHILIPPON)

"Les personnes en réanimation sont essentiellement non-vaccinées", entretien avec une cheffe adjointe de service de réanimation à l'hôpital de la Croix-Rousse à Lyon

Le Dr Hodane Yonis témoigne d'un retour des patients covid dans son service en réanimation, sans être pour l'instant débordée. Elle compte sur la vaccination pour empêcher une nouvelle vague d'hospitalisations.

Le taux d'incidence a dépassé les 300 dans le Rhône. On pourrait être face à une nouvelle vague de l'épidémie. Pour l'instant, les hospitalisations ne suivent pas la même courbe ascendante que les contaminations. Dans les hôpitaux et les services de réanimations de Lyon, la situation est pour l'instant sous contrôle.

Lyon Capitale s'est entretenu avec le Dr Hodane Yonis, cheffe de service adjoint en réanimation à l'hôpital de la Croix-Rousse à Lyon. Ce service dispose de 15 lits de réanimation. Lundi 2 août, 8 sont occupés par des patients positifs au Covid-19. Les yeux rivés sur les indicateurs, la médecin est inquiète pour les semaines à venir, mais elle espère que la vaccination prémunira l'hôpital d'une forte hausse des hospitalisations.

 

Le taux d'incidence repart à la hausse dans le Rhône, comment cela se ressent dans votre service ?

Cette nouvelle vague est particulière parce qu'on ne sait pas trop à quoi s'attendre. On observe une augmentation des admissions de patients covid à l'hôpital et en réanimation, alors qu'il n'y en avait plus il y a quelques semaines. Actuellement, à l'hôpital de la Croix-Rousse, nous avons huit patients hospitalisés pour des formes sévères de Covid-19, en plus de nos autres patients. Le service est plein.


Il faut attendre les deux prochaines semaines pour voir comment la situation évolue, car on sait que la courbe du taux d'incidence et celles des hospitalisations sont décalées dans le temps. On aura peut-être un pic d'hospitalisations dans une semaine.


Les indicateurs nous font peur de jour en jour. Pour l'instant, grâce à la vaccination, le taux d'incidence est découplée des hospitalisations. Plus les gens seront vaccinés, moins on reverra de vague d'hospitalisations comme on en a connues car les plus vulnérables sont plus protégés. Il faut attendre les deux prochaines semaines pour voir comment la situation évolue, car on sait que la courbe du taux d'incidence et celles des hospitalisations sont décalées dans le temps. On aura peut-être un pic d'hospitalisations dans une semaine. Pour l'instant, la situation n'est ni incontrôlable, ni incontrôlée.

Ces nouvelles admissions ont-elles un impact sur le fonctionnement normal de l'hôpital ?

On ne veut pas déprogrammer d'actes médicaux. Il y a besoin de maintenir l'accès aux soins pour tous. Aux hospices civils de Lyon, nos capacités en réanimation sont importantes. On travaille tous ensemble et on répartit les patients sur l'ensemble des sites. Pour l'instant, il est trop tôt pour parler de déprogrammation.

Qui sont les personnes actuellement réanimation ?

Je n'ai pas l'impression que les profils des personnes en réanimation aient changé depuis les deux dernières vagues. Ils ont entre 40 et 70 ans. Ce sont essentiellement des non-vaccinés. Nous avons un cas particulier de personne vaccinée, qui est immunodéprimée et qui a reçu trois doses, mais elle n'a pas d'anticorps. Nous demandons aux patients s'ils sont vaccinés parce que pour nous cette information est primordiale. On essaye de ne pas les culpabiliser s'ils ne le sont pas, car être en détresse respiratoire c'est difficile, ce n'est pas le moment d'épiloguer. Ce sont des patients dont il faut qu'on s'occupe avant tout.


Je n'ai pas l'impression que les profils des personnes en réanimation aient changé depuis les deux dernières vagues. Ils ont entre 40 et 70 ans. Ce sont essentiellement des non-vaccinés.


Quel impact de la période estivale sur le service ?

La particularité de ce nouvel épisode, car je ne sais pas si l'on peut encore parler de vague, c'est qu'il arrive en pleine fermeture estivale. Nos capacités d'accueil sont diminuées car il y a des soignants en vacances. Le service dispose de 15 lits de réanimation et de 6 lits de surveillance continue. Lors de troisième vague de l'épidémie en avril dernier, le service était monté à 30 lits de réanimation et 10 lits de surveillance continue. C'est une capacité que l'on ne pourrait pas atteindre actuellement.

Comment vont les soignants ?

On espère pouvoir préserver les vacances de tout le monde. Une partie des soignants a déjà pu prendre des congés, ce qui n'avait pas été possible depuis l'été dernier. J'aimerai préserver les congés de toute l'équipe. On a tous besoin d'un peu de repos.

Nous sommes confrontés au Covid avec des situations dramatiques, nous avons perdu des patients jeunes, nous avons accompagné des enfants qui ont perdu un parent. Nos seules armes contre l'épidémie ce sont la vaccination et les mesures barrières.

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