À l'appel d'une intersyndicale, une petite centaine de pompiers ont manifesté autour de la préfecture hier, pour réclamer l'embauche de professionnels. Car même pour ceux qui ont réussi le concours, le recrutement n'est pas assuré.
Les forces de l'ordre étaient plus nombreuses que les manifestants. Car hier vendredi, ils n'étaient qu'une petite centaine de pompiers à s'être rassemblés aux abords de la préfecture, sans casque ni équipement, pour demander des embauches de sapeurs-pompiers professionnels, par le SDMIS (Service départemental-métropolitain d'incendie et de secours) du Rhône. "On est un peu déçus de la faible mobilisation dans nos rangs, reconnaît Brian Canale, de la CGT, au nom de l'intersyndicale. Elle s'explique d'abord par les réquisitions, car 250 des 900 actifs ont été réquisitionnés pour répondre aux urgences, ainsi que par de nombreux effectifs actuellement en formation. Mais aussi parce qu'il n'y avait pas de revendications salariales hier. Les manifestations qui voient plus loin que les situations individuelles peinent à mobiliser."
"La sécurité des pompiers est en jeu"
La première des revendications est en effet celle des embauches de jeunes sapeurs-pompiers professionnels. "On a perdu 150 emplois en cinq ans, alors que les interventions ont augmenté dans le même temps de 10 à 15%, poursuit Brian Canale. Les délais d'intervention augmentent, la moyenne d'âge des professionnels aussi, c'est inadmissible! Car c'est la sécurité des effectifs, parfois obligés d'intervenir à trois plutôt qu'à six, qui est en jeu. Et celle des citoyens également." Le syndicaliste déplore aussi le recrutement accru de pompiers volontaires, aux dépens des professionnels, dans une logique de restriction budgétaire.
Par ailleurs, l'intersyndicale dit être attentive à la révision prochaine du Schéma d'analyse et de couverture des risques, qui définit les moyens mis en oeuvre en fonction de l'urbanisation et du développement du territoire. Car elle craint qu'elle soit l'occasion de nouvelles baisses des effectifs. "On protège la vie des gens, mais on ne se sent pas écoutés. Comme pour les personnels des hôpitaux, les politiques comptent sur notre vocation et notre sens des responsabilités pour toujours tirer sur la corde."
Reçus par le président du conseil d'administration du SDMIS et l'adjoint à la sécurité à la Ville de Lyon Jean-Yves Sécheresse, les pompiers n'ont rien obtenu.
450 lauréats du concours toujours sans boulot
La question du recrutement est aussi révélée par une situation individuelle grave et pour le moins surprenante. Parmi les manifestants hier, Antoine*. Pompier volontaire depuis ses 16 ans, engagé dans la Marine nationale pendant 13 ans comme marin pompier dans le Var et à Marseille, il a été reçu au concours de sapeurs-pompiers professionnels, ouvert en 2013 dans la zone Sud-Est. Et vit depuis de petits boulots, en attendant de trouver un poste. "450 lauréats sur 750 sont toujours sans poste depuis trois ans", regrette Brian Canale. Quant à Antoine, la situation semblait enfin s'être éclaircie, jusqu'à un étonnant raté de l'administration.
"J'ai passé des entretiens en Côte-d'Or et j'allais signer mon contrat pour travailler à Beaune. Mais quand mon futur service a voulu vérifier auprès de Lyon mon habilitation obtenue par concours, j'avais disparu des listes. Donc pour eux, je n'ai pas le concours! Or j'ai des attestations!"
"Je n'ai plus ni emploi ni logement"
Antoine reprend. "Malgré mes demandes et la fourniture des attestations, le SDMIS 69 refuse de reconnaître son erreur. Et même de me recevoir. Le plus gros problème, c'est que j'avais donné mon préavis pour mon travail dans le Var, et pour mon appartement. J'ai une épouse et deux filles en bas âge. Et aujourd'hui, je n'ai ni emploi ni logement."
Le pompier s'engage désormais dans une procédure judiciaire. "Je demande réparation au SDMIS, je demande un poste et un logement." Mais au-delà de cette action, doublée d'une pétition en ligne, le pompier semble amer. "C'est dur de voir que ceux qui ont réussi un concours ne sont pas recrutés, et qu'on embauche des pompiers de 2e classe sans concours... C'était mon rêve de devenir pompier professionnel. Mais si mes recours n'aboutissent pas, je pense à me réorienter. Voire à tout simplement cesser mon engagement chez les pompiers."
* Le prénom a été modifié
On note quand même que les syndicat comme la [url=www.cgt.fr]CGT[/url] soutiennent les pompiers qui ne sont pas nécessairement syndiqués eux-mêmes. On oublie parfois que l'on est fort que groupé.
je voulais mettre le lien vers le site de la cgt désolé je me suis raté! cgt