Jeudi 1er juillet, pendant une heure et demi, elles étaient une trentaine à se rassembler devant l’Hôtel de ville pour tenter de se faire entendre des élus lyonnais. Avec toujours le même objectif : en finir avec les arrêtés municipaux anti-prostitution.
Les prostituées de Gerland s’opposent toujours à la politique municipale consistant à interdire le stationnement de leur camionnette. Jusque-là sans succès. Après l’application d’un sixième arrêté municipal daté du 17 mai qui étend la zone d’exclusion (lire notre article), un collectif regroupant une vingtaine de femmes a été créé. Elles ont d’abord envoyé une lettre ouverte à l’ensemble des élus du conseil municipal (lire la lettre du 3 juin), leur demandant d’en finir avec ces arrêtés et pour “trouver des solutions”. Pour médiatiser leur démarche, elles ont organisé une conférence de presse quelques jours après. Un mois plus tard, les prostituées de Gerland n’ont toujours pas reçu de réponses des élus. La mobilisation a franchi un palier supplémentaire avec le rassemblement, devant l’hôtel de ville, d’une trentaine de prostituées, toujours soutenues par l’association Cabiria et par une vingtaine d’individus.
“Vous couchez avec nous, vous votez contre nous”
A 15 heures, les slogans fleurissent sur les grilles de l’Hôtel de ville. Des banderoles annoncent clairement l’objectif : “halte aux arrêtés anti-prostitution. Les femmes sont, pour la plupart, masquées et tiennent des pancartes dénonçant la politique actuelle de la municipalité. Sur le panneau d’Elvire, on peut lire : “A Gerland, la police nationale verbalise 1 à 2 fois par jour, presque tous les jours”. Selon elle, depuis le sixième arrêté, les passages de la police se seraient intensifiés.
A raison de 35 euros le PV et 136 euros la mise en fourrière, elle se demande si elle ne va pas finir par “travailler pour la fourrière”. Deux prostituées, visages à découvert, enchaînent les interviews. Porte-parole, Maria, 57 ans prend également le micro pour crier sa colère dans la sono : “ça fait quarante ans que je fais ce travail, on est toujours aussi mal traitées. On est pourtant des citoyens comme les autres. On paye nos taxes”.
Le premier adjoint reçoit les portes-paroles
Jean-Louis Touraine, 1er adjoint (PS) à la sécurité, chargé de mettre en oeuvre cette politique anti-prostitution a reçu dans la matinée de jeudi une délégation composée de deux membres de Cabiria et des deux porte-paroles, Karen et Maria. Lui qui s’est clairement exprimé contre cette politique (alors qu’il est chargé de sa mise en oeuvre...) dans le mensuel Lyon Capitale de juillet-août, s’est engagé à ne pas prendre de nouvel arrêté, comme le rapporte 20 Minutes. Mais dans le même temps il a également promis que si la municipalité en prend un nouveau, il préviendrait l’association Cabiria et les prostituées. Bref, difficile de comprendre la logique municipale.
Karen résume l’état d’esprit des prostituées en camionnette : “Si Touraine n’a rien contre nous, qu’il vienne manifester avec nous ! On a tout fait pour essayer de discuter avec les élus. Ils ne veulent pas nous entendre”. Prochaine étape de la mobilisation : la justice administrative. Karen, qui avait déjà fait un recours, il y a deux ans (lire notre article), contre le premier arrêté de Gerland attaque également ce nouvel arrêté.
Heureusement la mairie veille et sort sans honte son éternel argument 'c'est la faute de l'Etat' : http://romainblachier.typepad.fr Vous pouvez faire confiance à Jean-Louis Touraine et à ses troupes.
Jérôme, merci de me faire de la publicité. Mais ce n'est pas le sens unique de mon billet: Je dis que l'Etat mais aussi la ville de Lyon doivent changer d'approche. Bon week-end et à bientôt.
@Romain. Certains savent lire 🙂
Ici a St. Tropez la fête bat son plein et la prostitution manifestement se porte très bien.
Quelle approche ? C'est cela qu'il est intéressant de débattre... vous attendez quoi !S'il faut compter sur Jean-Louis Touraine pour débattre à l'Assemblée, faudra qu'il commence par améliorer sa présence. Pour l'instant il est beaucoup plus présent dans DES affaires judiciaires PERSONNELLES qu'à l'Assemblée. Affaires judiciaires dont il use de sa fonction d'officier de police judiciaire pour orienter les enquêtes ou influencer des citoyens, pense-t-il ? Tout cela aux frais de la collectivité. Ah le beau démocrate que voilà !
Vous parliez bien cher @Grand Lyonnais de St Tropez sur Saône avec sa départementale prénommé 'la trouée Charlemagne'.