Sylvain Godinot, adjoint délégué à la transition écologique et au patrimoine revient sur les enjeux de la lumière à lyon.
La mairie de Lyon vient de voter à l'unanimité son troisième plan Lumière, dans la continuité des deux premiers sous Michel Noir et Gérard Collomb.
Après avoir passé les deux premières années du mandat à faire le bilan des deux précédents plans Lumière, l'exécutif écologiste a construit ce troisième plan Lumière sur trois piliers : qualité lumineuse, sobriété et citoyenneté.
"Le premier axe c'est la qualité lumineuse. Il s'agit de toujours améliorer la beauté de la ville la nuit. Cela reste l'objectif principal du plan Lumière. Le deuxième, c'est la sobriété. Aujourd'hui les choses ont changé. Il faut qu'on tienne mieux compte de la pollution lumineuse, pour la biodiversité et pour la santé des Lyonnais et des Lyonnais. Et puis le troisième axe, c'est la citoyenneté. La lumière est devenue un bien commun. Tous les Lyonnais et les Lyonnais sont attachés au paysage nocturne de Lyon. Et donc il y a un enjeu à mieux intégrer les parties prenantes dans la discussion autour de la lumière."
Règlement local de publicité, une affaire très politique
La Ville compte bien persuader les commerçants à éteindre leur vitrine après 1 h du matin, conformément aux différentes règlements actuellement en vigueur.
Il y a aussi le volet Règlement local de publicité intercommunal (RLPi) "qui va aussi amener des règles locales spécifiques".
Un volet qui risque d'être compliqué à mettre en oeuvre, tant il a déchaîné les passions des associations luttant pour la réduction de la publicité et des professionnels du secteur qui tentent d’en limiter l’impact sur leur profession.
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Retranscription textuelle et intégrale de l'entretien avec Sylvain Godinot, adjoint délégué à la transition écologique et au patrimoine de Lyon
Guillaume Lamy : Bonjour à tous et bienvenue dans 6 minutes chrono, le rendez vous quotidien de Lyon Capitale. Nous recevons aujourd'hui Sylvain Godinot, adjoint délégué à la transition écologique et au patrimoine de la Ville de Lyon.
Sylvain Godinot : Bonjour
Guillaume Lamy : bonjour ! Merci d'avoir accepté notre invitation. Alors vous êtes un peu le Monsieur Lumière de la ville de Lyon. La ville de Lyon vient de présenter son nouveau plan Lumière. C'est le troisième plan Lumière. Petit rappel le premier plan lumière, qui a été le premier de France, date de 89 avec Michel Noir et son adjoint à l'urbanisme Henry Chabert. Il y a eu un deuxième plan Lumière en 2004 sous l'ère Collomb et donc c'est le troisième plan lumière de la ville Lyon. Quels sont les grands enjeux aujourd'hui de la lumière ?
Sylvain Godinot : Alors ce Plan Lumière, comme vous le dites, c'est le troisième. Donc ça veut dire qu'il y a déjà une habitude de la ville, qu'on appelle la ville lumière, quia un vrai savoir faire sur le sujet. Donc on a passé les deux premières années du mandat à faire le bilan des deux précédents plans Lumière et on a choisi de retenir trois axes majeurs pour ce plan lumière. Le premier, c'est la qualité lumineuse. Bien sûr, il s'agit de toujours améliorer la beauté de la ville la nuit, ça reste l'objectif principal du plan lumière. Le deuxième, c'est la sobriété. C'est-à-dire qu'aujourd'hui les choses ont changé. Il faut qu'on tienne mieux compte de la pollution lumineuse pour la biodiversité et pour la santé des Lyonnais et des Lyonnais. Et puis le troisième, c'est la citoyenneté. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, la lumière, c'est devenu un bien commun. Tous les Lyonnaises et les Lyonnais sont attachés au paysage nocturne de Lyon. Et donc il y a un enjeu à mieux intégrer les parties prenantes dans la discussion autour de la lumière. Parce qu'on a constaté, on a fait une photo aérienne, on a constaté que la moitié de la pollution lumineuse vient du privé. C'est des hôtels, des commerçants qui éclairent leurs vitrines, leurs immeubles. Et pour qu'on ait une harmonie dans le paysage nocturne, c'est important qu'on associe tout le monde et qu'on joue la même partition.
Guillaume Lamy : J'avais reçu, il y a quelque temps, Thierry Marsick qui est le directeur du service de l'éclairage urbain de la ville de Lyon, qui disait effectivement ce que vous dites, c'est qu' aujourd'hui la lumière doit se construire entre ces deux volets, entre éclairage privé et gratuit. Autant le public on arrive à comprendre le privé, c'est plus compliqué... Comment ça fonctionne ?
Sylvain Godinot : Cela dire qu'il y a une évolution des métiers de la ville. Historiquement, le métier de la direction de l'éclairage urbain, c'est les lampadaires et à partir du premier plan lumière, la mise en valeur des bâtiments historiques, des places, des ponts, etc. Donc ce sont ces deux compétences là qu'ils ont fortement développées. C'est vrai que là on arrive sur une troisième compétence qui va plus être une compétence de médiation. Il va falloir qu'on aille vers les acteurs locaux. D'ailleurs, ce n'est pas que la direction de l'éclairage urbain, c'est aussi la direction économie, commerce, artisanat pour expliquer la réglementation. Puisque maintenant on a des lois qui nous disent il faut éteindre les vitrines la nuit.
Guillaume Lamy : C'est un décret 2018 de mémoire.
Sylvain Godinot : Voilà, il y a eu le décret 2018, il y a eu plusieurs réglementations qui se sont succédés. La dernière réglementation en date, c'est celle qui prévoit qu'on éteigne les publicités des abribus. Elles vont être éteintes à partir de fin juin 2023. Donc voilà, il y a une réglementation qui pousse à l'extinction et globalement à l'extinction de la publicité la nuit, ce qui est très attendu par les habitants. Et donc nous, il va falloir qu'on explique cette réglementation aux acteurs privés et puis qu'on les aide à choisir aussi les bonnes solutions d'éclairage. C'est à dire que mettre en valeur sa façade, ça demande des compétences de concepteur lumière. Donc on va faire aussi de la mise en relation.
Guillaume Lamy : Et les vitrines, je parlais du décret de 2018 parce qu'il me semble que c'est qui fixé à 1 h, c'est à dire qu'après 1 h il fallait que les commerçants éteignent...
Sylvain Godinot : 1 h du matin, c'est leur limite d'extinction.
Guillaume Lamy : Et aujourd'hui j'imagine que ça passe par la médiation, mais j'imagine que aussi il peut y avoir le côté un peu sanction derrière.
Sylvain Godinot : Alors nous, aujourd'hui, on est vraiment dans cette étape d'accompagnement et d'information. C'est à dire que là, quand on a sorti le plan de sobriété à l'automne 2022, face à la très forte augmentation des coûts de l'électricité, qui est quand même un des enjeux du plan Lumière aussi, on a mis en place cette ce plan sobriété des commerçants avec l'adjoint de Camille Augey (adjointe à l'emploi-, NdlR) et on a poussé les commerçants à couper la lumière dès qu'ils ferment le magasin puisque finalement il n'y a pas forcément nécessité d'illuminer les vitrines. Donc on a plusieurs centaines de commerçants qui ont suivi ce pas là. Et puis ensuite, il y a tout ce qui va passer aussi par le nouveau règlement pour la publicité locale, le RLPI que pilote la Métropole qui va aussi amener des règles locales spécifiques.
Guillaume Lamy : Vous parliez de sobriété. C'est quoi aujourd'hui la facture d'électricité de la ville de Lyon sur la lumière ?
Sylvain Godinot : Alors, la facture sur la lumière éclairage, éclairage public. Un, 2022, c'est 3 millions d'euros, et le prévisionnel 2023, c'est 5,6 millions d'euros. On a quasiment un doublement de la facture en indirect. C'est l'explosion des coûts de l'électricité pour les communes.
Guillaume Lamy : Et sur le plan lumière, volet sites emblématiques, ça revient à combien ? J'avais le chiffre de ça coûte à peu près 1 € par an par habitant.
Sylvain Godinot : Oui, alors ça c'est juste la facture d'électricité. Donc il faudrait ajouter la maintenance des équipements et puis le temps de travail des agents qui n'est pas inclus. Donc c'est un peu plus que ça.
Guillaume Lamy :Les nouveautés, c'est quoi les grandes nouveautés de ce plan lumière.
Sylvain Godinot : On va dire que la grande nouveauté est autour de la prise en compte de la sobriété plus fortement qu'avant. Avant, on avait un objectif que Gilles Buna, adjoint au maire Gérard Collomb à l'époque, avait introduit dans la lignée du protocole de Kyoto. Il avait dit il faut qu'on accélère l'économie d'énergie. Donc c'était déjà dedans. Mais là, l'objectif, c'est vraiment de prendre en compte la biodiversité. Donc on fait beaucoup plus attention à la pollution lumineuse. En début de mandat, on a révisé tous les tous les horaires d'extinction des parcs et jardins par exemple, pour que la biodiversité puisse dormir la nuit on va dire. On fait aussi plus attention à la pollution lumineuse pour les habitants. Donc on travaille aussi sur les luminaires pour réduire les effets de réverbération de lumière. Ça, c'est un premier axe. Le deuxième axe, il est dans la volonté de travailler plus collectivement, avec les conseils de quartier, avec les associations de commerçants, etc. Et ce qu'on peut dire aussi, c'est que ce troisième plan Lumière, c'est le temps de la maturité, donc on est sur mieux éclairé et pas plus éclairé. On sort d'une époque de croissance du nombre d'installations pour aller vers une époque où on va être dans la réécriture de sites emblématiques. On va réilluminer différemment avec les nouvelles technologies de l'éclairage pour faire encore plus beau en consommant moins et et sans éclairer plus.
Guillaume Lamy : Et alors, il faut quand même le souligner, c'est, ce sera le mot de la fin, que ce plan Lumière a été voté à l'unanimité au conseil municipal. Ce qui veut dire qu'effectivement il y a eu une continuité entre le premier plan, le deuxième plan et ce troisième plan Lumière
Sylvain Godinot : Il y a un large consensus sur ces orientations,. Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation. Sylvain Godinot. A très bientôt. Bonne journée. Au revoir.
Pendant ce temps les élites politiques de ce même parti, inaugurent des entrées d'un centre commercial gigantesque (appartenant à ?) en faisant du greenwashing (peintures avec des fleurs ! 😀 )
vous êtes "top crédible" au niveau écologie... 😉