Blog de Sami Ben Abdallah

Les réflexes "benalistes" de la Tunisie post-révolutionnaire : un blogueur arrêté

Alors qu’il devait embarquer pour un vol à destination de Paris, un blogueur tunisien vivant en France a été interdit de quitter la Tunisie hier, mardi 6 septembre. Son nom : Sami Ben Abdallah. Sans explications sur les motivations de cette décision, la police de l’aéroport lui a remis une simple convocation pour un interrogatoire qui a débuté ce matin, mercredi 7 septembre, dans les locaux administratifs de la police judiciaire à Tunis.

Joint au téléphone, son avocat, Karim Jouailhia, ne connaît toujours pas les reproches faits à son client. Son entourage craint néanmoins que le contenu de son blog, extrêmement critique à l’égard de hauts responsables politiques, soit la raison de cette réaction des autorités tunisiennes.

C’est d’ailleurs sur ce même blog que Sami Ben Abdallah a annoncé cette interdiction de quitter le territoire. "Au contrôle de la police à l’intérieur de l’Aéroport, l’ordinateur de l’agent clignote. Il m’informe qu’il y a un problème et qu’il doit informer ses supérieurs (…) Officiellement, on m’informe que la direction des frontières et des étrangers a fait un signalement sur mon nom sans instruction précise (interdiction de voyager ou autorisation de voyager) (…)."Ce sont les instructions" m’ont-ils dit en me présentant une convocation pour se présenter dans les brefs délais pour un interrogatoire".

Depuis plusieurs mois, Sami Ben Abdallah a entrepris de publier une série "d’enquêtes" sur Kamel El Taief, un homme d’affaires intime de Ben Ali avant de tomber en disgrâce par la faute de Leïla Trabelsi, l’épouse du dictateur déchu. Mais Kamel El Taïef est suspecté de jouer le rôle du conseiller de l’ombre dans la transition démocratique afin de conserver le pouvoir pour les hommes de son clan.

Fin août, alors qu’il est en vacances en Tunisie, Sami Ben Abdallah a rencontré Kamel El Taief durant deux heures. Deux autres rencontres ont eu lieu selon des proches du blogueur à Tunis, dont une hier matin, le jour du départ de Sami Ben Abdallah pour Paris. "Sans doute que ce monsieur [Kamel El Taief] attendait des engagements de sa part et qu’il ne les a pas obtenus", explique cette proche de Sami Ben Abdallah.

Le 30 août, celui-ci relatait avec cynisme sa rencontre avec Kamel El Taief : "Je le remercie pour le café offert. Il semble que le café servi au bureau de Kamel El Taief est tellement bon au point que toute la classe politique tunisienne court en "cachette" à son bureau pour gouter ce café délicieux…Et noter "les instructions" pour apprendre à le cuisiner" avant de conclure : "Je compte continuer à écrire sur lui en bien et en mal. C’est fait". Karim Jouaihi, son avocat, n’a pas pu entrer en contact avec son client lors de cette journée d'interrogatoire. Il espérait cependant une libération en début de soirée.

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