Ils ont manifesté tout l'été pour ne pas tomber sous la coupe de l'ennemi. En vain. Depuis le 1er août, les 580 salariés de la plateforme d'appel SFR Lyon sont passés chez le sous-traitant Infomobile, filiale à 100% du groupe Téléperformance. Cela s'appelle l'externalisation. Une façon de se débarrasser de salariés considérés comme trop chers. "90% des salariés vont partir, affirme Marc Jaluzot, délégué syndical CFDT. C'est le but recherché". Un guichet pour les départs volontaires a été mis en place : il suffit d'une promesse d'embauche ou d'une inscription à une formation pour se faire licencier avec un chèque (à titre d'exemple, 20 mois de salaire pour 8 ans d'ancienneté). Déjà 140 personnes ont choisi de partir. Les autres sont en arrêt maladie. Les "conseillers clientèles" viennent trois jours et sont de nouveau arrêtés pour dépression. Le taux d'absentéisme atteint donc des sommets : 70% selon les syndicats. "On dénonçait la mauvaise qualité des services rendus par la sous-traitance. Maintenant on en fait partie, poursuit Marc Jaluzot. On a été trahi". "On a contribué à la richesse de SFR qui annonce 1,7 milliards d'euros de bénéfice en 2006, poursuit une employée. Et on se fait jeter !" Plus que la trahison ce sont les nouvelles conditions de travail qui incitent les gens à quitter la plateforme de la Cité Internationale. "Une perte de 30 à 40 % de revenu", précise Nadine déléguée centrale de l'Unsa.
Du lundi au dimanche pour le Smic
Finis l'intéressement, la participation (environ 5 000 euros), les primes de performance (1000 euros), les forfaits téléphoniques de 4 heures pour 7 euros, le 13e mois... Désormais, les salariés Infomobiles sont payés au SMIC, avec des amplitudes de travail de 7 heures à 22 heures du lundi au dimanche et un planning connu une semaine à l'avance. "Nous devenons une usine à cols blancs, lâche une manager. Les objectifs sont revus à la hausse. L'ambiance est détestable". Des pratiques managériales jamais connues auparavant se développent : "le temps entre deux clients est passé d'une minute à 40 secondes, précise Marc Jaluzot de la CFDT. Et s'il n'est pas respecté, le téléopérateur se retrouve mis à pied immédiatement". Mission accomplie pour la direction de SFR : tous leurs anciens salariés cherchent du travail. "C'est peut-être cela le pire, conclut un manager. Après avoir été solidaires, on se retrouve en concurrence sur les mêmes postes". En mesure de rétorsion, la plupart des ex-SRF envisage de prendre un forfait chez Bouygues et Orange. Il ne leur reste plus que ça...