Après le pavillon N, qui abrite les urgences psychiatriques et médicales et a tenu le piquet de grève pendant huit semaines à Noël dernier, c'est au tour du pavillon A de protester contre les coupes de budget. La direction vient d'annoncer la suppression de quatre postes d'infirmier pour le service des urgences traumatologiques. L'accueil chirurgical de nuit ne sera donc plus assuré en semaine que par trois infirmiers au lieu de quatre actuellement. Un poste d'infirmier avait déjà été supprimé il y a un an, et un autre doit être supprimé d'ici le 1er octobre en suites de soin, réduisant pour cette mission les effectifs à un seul infirmier non remplacé pendant les périodes de congé. 110 patients sont accueillis chaque jour aux urgences chirurgicales du pavillon A. " Les temps d'attente pour les blessures les moins vitales sont désormais de 24 à 48h, déplore Geneviève Houzé, déléguée CFDT à l'hôpital Edouard Herriot. Contrairement à la vocation du service d'accueil, les patients ne font pas que passer : ils attendent là leur mutation vers d'autres services, pendant quelques fois plusieurs jours. Ce sont autant de patients à soigner qui s'ajoutent au flux quotidien ".
Madeleine Delrieu, directrice de l'hôpital, justifie ces restrictions par le transfert des urgences pédiatriques et gynécologiques à l'hôpital Femme Mère Enfant de Bron au mois de février 2008. Ces 2% de baisse de la masse salariale s'expliqueraient par une baisse d'activité de 20% depuis qu'Edouard Herriot n'accueille plus les enfants. Un chiffre contesté par le personnel, qui reconnaît tout de même que les conditions de travail s'étaient améliorées depuis l'ouverture du nouvel hôpital. " Nous étions parvenu à une prise en charge décente des patients. Mais avec ces six postes en moins, c'est le retour à une application à la chaîne des gestes techniques, l'accompagnement humain passera à la trappe ". Cette inadaptation des effectifs à la charge de travail est loin d'être propre au secteur public, et les salariés de la Clinique du Parc ont déposé un préavis de grève pour jeudi 25 juin, mobilisant derrière eux l'ensemble des syndicats. Agressivité, menaces et exaspération des patients pourrissent l'atmosphère de travail du milieu hospitalier. L'obstination, en décembre et janvier dernier, du personnel du pavillon N semble pourtant avoir payé. Les grévistes mobilisés avaient alors salué l'effort de la direction pour recréer le poste de préparateur en pharmacie supprimé quelques mois plus tôt, remplacer les congés maternité et renforcer le nombre de brancardiers en journée. Le déficit de l'hôpital Edouard Herriot est de 80 millions d'euros et pour le retour à l'équilibre, ce sont plus de 200 postes chaque année qui doivent disparaître jusqu'en 2013.
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