Une grève inédite depuis 2014 : 95% des officines sont fermées ce jeudi 30 mai à Lyon en raison d'une mobilisation des pharmaciens.
La manifestation a commencé à 9h30 ce matin à Grange-Blanche, sur la place d’Arsonval, dans le 3e arrondissement de Lyon. Pharmaciens et soignants étaient présents pour exprimer leurs revendications, en particulier les problèmes de "pénurie de médicaments" et "le risque de déserts pharmaceutiques".
Catherine Labbe, pharmacienne, explique son désarroi : "Aujourd'hui on fait la grève toute la journée et ça n'est pas du tout dans notre philosophie, mais à un moment donné on n'a plus d'autre choix". La pharmacienne pointe un problème de recrutement, mais aussi un manque de vocation.
“Nous étions en grève en 2014, qui était le ministre des économies ? Emmanuel Macron. Nous sommes en grève en 2024, qui est le président de la République ? Emmanuel Macron”.
Véronique Nouri, docteur en pharmacie et présidente du FSPF (Syndicat des pharmaciens du Rhône), était également présente ce matin. Elle déplore "un vrai problème de pénurie de médicaments", affectant en particulier les officines de campagnes, les plus isolées. Selon elle, "les français devront se déplacer de plus en plus loin pour trouver une pharmacie ouverte." Les soignants appellent l'Etat à réagir. "Les pouvoirs publics restent sourds et aveugles à nos alertes et jouent avec la santé de nos patients", s'insurge la présidente.
“Mettre le gouvernement face à ses responsabilités”
Ce fléau inquiète par la même occasion les étudiants, qui étaient nombreux à manifester ce matin. Coraline Perez, étudiante, dénonce "l'inaction du gouvernement", et Chhay Lydie, préparatrice en pharmacie s'inquiète de la perte de confiance des patients envers les pharmaciens : "Il ne faut pas qu’ils perdent confiance en nous, ils sont souvent énervés, et on comprend leur frustration, nous aussi ça peut nous concerner, on peut être malades aussi”.
La présidente du syndicat appelle à une réaction des institutions, elle ajoute : “Monsieur le président de la République, Monsieur le ministre de la santé, Monsieur le dire leur de la CNAM, messieurs les dirigeants politiques, ouvrez les yeux, réagissez, la bonne santé des français meurt et vous ne faites qu’aggraver la situation”.
Depuis le début de l'année 2024, on décompte quarante officines forcées à fermer, faute de moyens et de personnel, et presque trois cent en 2023. Face à ce constat, Véronique Nouri juge que "l’Etat, par son inaction, est coupable de l’érosion du réseau officinal”. La manifestation n'a duré que le temps de la matinée, et s'est concentrée uniquement sur cette place du 3e arrondissement, aucun itinéraire de parcours n'avait été demandé.