Dévoilé sous la précédente municipalité, le projet de rénovation de la salle Rameau devait initialement aboutir à une réouverture en 2021 de ce lieu emblématique du 1er arrondissement. Entre temps, la crise du Covid-19 est passée par là et une nouvelle majorité a été élue à la tête de Lyon. Deux facteurs qui ont poussé les différents partenaires du projet à revoir leur copie pour présenter un projet moins commercial, plus social et solidaire.
Ces dernières années la réouverture de la salle Rameau, ce lieu emblématique du 1er arrondissement situé à deux pas de la place Sathonay était un peu devenu une sorte d'arlésienne pour les habitants du quartier. Dévoilé en 2019, le projet de renouveau de ce lieu culturel était depuis entouré d’un grand flou. Entre les critiques du projet initialement présenté sous la mandature de Gérard Collomb, le changement de majorité à la mairie avec l’arrivée des écologistes et l’apparition du Covid-19 un grand point d’interrogation flottait au-dessus de l’avenir de la salle Rameau.
Le projet comme il avait été pensé en 2019 : Lyon : découvrez la future salle Rameau qui rouvrira en 2021
Devant l’ampleur de la crise sanitaire et économique, "la question d’abandonner le projet" se serait même posée ces dernières années à en croire Philippe Journo, le président de la compagnie de Phalsbourg, qui a remporté le marché public pour gérer ce lieu culturel. Néanmoins, convaincu de la nécessité de faire rayonner de nouveau ce "joyau de l’art nouveau à Lyon", comme aime à le présenter Grégory Doucet le maire de Lyon, les différents partenaires du projet ont donc serré les rangs pour présenter un projet remanié, plus en adéquation avec la vision des écologistes et l’air du temps.
"On s’est dit que ce lieu ne devait pas venir concurrencer ou affaiblir un secteur du 1er déjà riche", Nathalie Perrin-Gilbert, adjointe à la culture à la mairie de Lyon
Un projet plus intégré dans l'écosystème du 1er
"Ce que l'on a fait, c’est que l’on a gardé l’enveloppe du projet initial et nous nous sommes adaptés au souhait de la ville d’avoir un projet moins « mercantile » et beaucoup plus économie sociale et solidaire", résumait Philippe Journo ce vendredi 21 janvier lors de la présentation du nouveau-nouveau projet de la salle Rameau. " On s’est dit que ce lieu ne devait pas venir concurrencer ou affaiblir un secteur du 1er déjà riche, mais au contraire s’inclure dans cet écosystème et le renforcer", fait valoir Nathalie Perrin-Gilbert, adjointe à la culture.
Un véritable "challenge" pour la compagnie de Phalsbourg, en raison notamment de la modification de l’équilibre financier du projet. En mettant à la porte l’idée d’enseignes commerciales au sous-sol et au rez-de-chaussée du bâtiment, dont la potentielle concurrence inquiétait les commerçants du quartier, et d’un restaurant à l’étage sous la verrière, la société privée a du s’adapter "un magasin rapportant plus qu’un tiers-lieux". "Ça n’est pas un projet où nous allons gagner de l’argent", admet aujourd’hui Philippe Journo dont le groupe a obtenu un bail emphytéotique de 60 ans de la Ville.
Un nouvel équilibre financier
Le budget alloué aux travaux par la compagnie Phalsbourg a été corrigé et amputé de 2 millions d’euros, passant de 14,3 à 12,5 millions d’euros et dans le même temps le loyer dont devra s’acquitter le groupe SOS, qui aura la charge des différents programmes du site, a été réduit de 200 000 euros. Le montant total de l'investissement dans ce projet sera de 17,3 millions d'euros Pour autant, pas question de "sacrifier à la qualité" du projet et Grégory Doucet l’assure, il ne s’agit pas d’une nouvelle salle Rameau au rabais, au contraire "on a tiré le projet vers le haut", précise l’édile écologiste.
"Avant on cassait tout, aujourd’hui on respecte beaucoup plus l’intérieur", Philippe Journo président de la compagnie de Phalsbourg
Pour parvenir à cela il y aura moins de travaux d’envergure à l’intérieur, "avant on cassait tout, aujourd’hui on respecte beaucoup plus l’intérieur", explique Philippe Journo. La scène de la salle de spectacle qui devait être réorientée pour des raisons d’acoustique ne le sera pas, en revanche elle sera avancée afin de permettre la création d’une arrive-scène faisant office de sas acoustique avec le mur d’immeuble mitoyen.
Un bâtiment enfin achevé
Sur le reste et notamment l’aspect extérieur le projet n’a pas vraiment changé, mais il a été affiné, "nous sommes parvenus à une maturité architecturale", confie Florent Richard du cabinet d’architecte Perrot & Richard. "Les façades seront restaurées, les éléments disparus restitués, les éléments modifiés restitués dans leur état d’origine et les éléments rajoutés, mais disgracieux seront retirés", poursuit son associée Cécile Remond. Surtout, le bâtiment construit en 1906 et jamais "achevé", selon Florent Richard, le sera avec la restitution de la coupole de la salle Rameau, comme dessinée par les architectes d’origine Clermont & Riboud avec une touche contemporaine. "Notre seule innovation sera de faire un dôme en verre pour que les Lyonnais puissent admirer Lyon", précise Philippe Journo.
"Ce lieu nous attendait depuis longtemps car il n’a jamais été achevé. Donc l’idée était de s’inscrire dans les pas de ses deux architectes pour le terminer avec ce dôme", Florent Richard du cabinet d’architecte Perrot & Richard
Cette fois, un an après la première réouverture prévue du lieu, il ne devrait plus y avoir de délai. Le permis de construire a été accepté et les travaux doivent débuter en 2022. Rendez-vous est également donné aux habitants et aux riverains le 1er mars 2022, par la maire du 1er arrondissement Yasmine Bouagga "pour leur présenter le projet et qu’ils puissent découvrir ce qu’il va se passer dans cette salle Rameau".
Un tiers-lieux culturel
Concrètement, à partir du 2e semestre de 2024, la salle Rameau ce sera d’abord une salle de spectacle d’une capacité de 450 à 900 places accueillant près de 130 dates par an de jazz, musique classique et musiques actuelles. Ensuite, ce sera un nouveau tiers-lieux avec une scène tremplin pour les groupes locaux, une cantine "conviviale", un incubateur autour du spectacle vivant, ou encore un lieu de restauration évolutif selon les heures de la journée, si vous vous aventurez sous les verrières qui recouvriront la salle. En espérant que cette fois la renaissance annoncée de la salle Rameau soit la bonne.
"On s’est dit que ce lieu ne devait pas venir concurrencer ou affaiblir un secteur du 1er déjà riche", Nathalie Perrin-Gilbert mets à disposition les fonds municipaux pour ses "adoubés culturels"