Ce week-end, de nombreuses victimes ont mis en cause la Ligue du Lol, une communauté d’internautes essentiellement composée d’hommes journalistes, spécialistes du cyberharcèlement. Florence Porcel, youtubeuse scientifique, raconte sa douloureuse expérience.
Depuis vendredi soir, les témoignages affluent. Des victimes, hommes et femmes, mettent en cause la Ligue du Lol, une communauté d’internautes composée de journalistes, blogueurs, qui au cours des années 2000 menait de virulentes campagnes de cyberharcèlement. Montages pornographiques, harcèlement sexiste et même intimidation physique pour certaines des victimes. Florence Porcel, youtubeuse de vulgarisation scientifique résidant à Lyon, a fait les frais de cette communauté malveillante. Elle raconte en plusieurs messages sur son compte Twitter le harcèlement dont elle a été victime à plusieurs reprises. “C’est très douloureux de voir cette histoire ressurgir, parce que je ne m’y attendais pas. Je n’ai pas pu me préparer”, confie-t-elle à Lyon Capitale.
Un mal pour un bien
“Tout a commencé en 2010. (…) Ils ont décidé de s’en prendre à moi, je ne sais pas trop pourquoi. J’ai eu le droit à un photomontage pornographique très dégradant. C’était leur méthode”, a raconté Florence Porcel à France Info. La scientifique, qui vit à Lyon depuis plus de deux ans, a même été la victime d’un canular téléphonique. Elle a reçu l’appel d’un soi-disant rédacteur en chef d’une émission de télévision. Mis en ligne, l’appel a dévasté la jeune femme, qui explique sur son compte Twitter : “J’ai pleuré pendant trois jours, de honte, d’humiliation et de peur.” Supprimé ce week-end, l’enregistrement n’est plus en ligne. L'auteur du canular a publié ce dimanche un message d’excuse sur son compte Twitter, dans lequel il reconnaît être à l’origine de cet appel. “J’ai pu échanger avec lui, et même si c’était très éprouvant, c’est un mal pour un bien. Je suis contente qu’il ait pu expliquer le contexte. Le dialogue et les excuses sont toujours bons à prendre. C’est un premier pas, mais ça n’excuse pas les faits. Je ne suis pas prête à pardonner”, explique Florence Porcel à Lyon Capitale.
— Florence Porcel (@FlorencePorcel) 9 février 2019
Aujourd’hui, Florence Porcel est en discussion avec un avocat. Si les faits ne sont pas prescrits, elle envisage de porter plainte, bien qu’elle ne l’ait pas fait à l’époque. “Ça me rend folle quand j’entends que j’aurais dû porter plainte. Aller en justice, c’est une violence supplémentaire. Chacun réagit comme il peut, avec les moyens financiers, émotionnels qu’il possède. Et la prescription est quelque chose d’insupportable, elle protège les agresseurs, c’est un moyen de les laisser impunis.”
Des journalistes mis à pied
Plusieurs journalistes ont été identifiés comme les auteurs des messages de cyberharcèlement. Entre autres, Alexandre Hervaud et Vincent Glad, journalistes à Libération, qui ont été mis à pied à titre conservatoire. “Cela ne préjuge en rien d’une culpabilité quelconque et nous lançons donc une enquête interne pour savoir ce qu’il s’est passé. Nous n’avons rien à cacher. C’est nous qui sortons l’information. Nous réagissons tout de suite”, explique le directeur de la publication, Laurent Joffrin, à ses confrères du Monde.
Ils auraient dû harceler Le Pen, Soral ou Dieudonné... là ca aurait été bien vu...