Le tarissement des financements publics pousse les chercheurs à trouver des fonds privés, avec le risque de favoriser les conflits d’intérêts. Mais le lobbying concerne aussi les questions sociétales, à propos desquelles les députés sont soumis aux assauts de groupes de pression, des vegans aux religieux (avec un régime de faveur pour les derniers).
Cécité sur les sources de financement de la recherche
“Le scandale du Mediator a mis en lumière un certain nombre de dysfonctionnements au sein du système d’expertise français. Pourtant, ceux-ci ne représentent que la partie émergée d’un problème bien plus important et autrement plus grave, largement ignoré ou nié par la communauté scientifique ou les agences sanitaires : la non-prise en compte de la source de financement des études.” Pierre Meneton sait de quoi il parle. Ce chercheur de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a été poursuivi en diffamation, il y a quelques années, pour avoir déclaré à un mensuel généraliste que “le lobby des producteurs de sel et du secteur agro-alimentaire [était] très puissant” et qu’il “[désinformait] les professionnels de la santé et les médias”. La justice l’a au final relaxé, estimant que le propos incriminé, à savoir “l’appréciation critique formée par un scientifique”, n’était “pas diffamatoire”. Selon le chercheur, “le jugement [avait reconnu] l’existence d’un lobbying actif autour du problème de l’excès de sel et (…) surtout le lien entre lobbying et désinformation”.Il vous reste 79 % de l'article à lire.
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