La Fondation Abbé Pierre a rendu, le 20 avril, son 16e rapport annuel sur le mal-logement en Rhône-Alpes. Il a mis en avant le décrochage entre la demande et l'offre de logements sociaux. Olivier Brachet, vice-président chargé de l'habitat et du logement social au Grand-Lyon réagit.
Le rapport 2011 de la fondation Abbé Pierre commence par une bonne nouvelle. Après trois ans de crise immobilière dans la région, la production de logements HLM est repartie à la hausse en 2010. "La part de logements très sociaux augmente en Rhône-Alpes, le rééquilibrage des communes en retard sur leurs objectifs SRU s’améliore", précise Marc Uhry, représentant local de la Fondation.
En revanche -mauvaise nouvelle-, "la demande augmente plus vite que l’offre, portant le délai théorique d’attente d'un logement social à 42 mois à Lyon". Quatre ans en moyenne pour que sa demande de l'un des 140 000 logement sociaux du Grand-Lyon soit traitée. 50 000 demandes sont en souffrance dans l'agglomération. Le nouveau "fichier unique de la demande locative", mis en place par le Grand-Lyon au printemps, "une révolution" selon Olivier Brachet, devrait permettre selon le vice-président d'améliorer au moins le traitement de la demande, en le rendant plus efficace. Notamment pour les 30% de demandeurs qui vivent déjà en logement social mais qui veulent en changer.
Recul de la mixité sociale
"Les logements très sociaux (PLA-I*) représentent 20% de la production de logements neufs [en Rhône-Alpes] alors que les ménages éligibles forment 80% de la demande", regrette aussi la Fondation Abbé Pierre. Olivier Brachet rappelle que 62% des Lyonnais sont éligibles au logement social. Mais que seul un tiers du parc de logements du Grand-Lyon est conventionné. "Nous n'avons pas les moyens de nationaliser le logement", précise le vice-président.
Le Grand Lyon vient néanmoins d'adopter, lundi 18 avril, un mécanisme incitatif qui propose une nouvelle prime de 500 euros aux bailleurs privés qui acceptent de conventionner leurs loyers. Couplé à une aide de l 'Etat de 1600 euros ce mécanisme incitatif qui ouvre le droit à des exonérations fiscales, devrait permettre de rééquilibrer un peu la balance selon Olivier Brachet qui croit plutôt au parc privé pour loger les plus pauvres, plutôt qu'au parc public déjà saturé.
La fondation Abbé Pierre note enfin un nouveau recul de "la mixité sociale" en région cette année. "C'est dans les villes au taux de pauvreté le plus élevé, que la part des ménages modestes a le plus augmenté. Les outils des politiques publiques ne suffisent plus à corriger les effets du marché", déplore Marc Uhry.
La solution passe par une gouvernance centralisée
La gouvernance en matière de politique du logement pose en particulier problème estime la Fondation Abbé Pierre. Les politiques locales de l’habitat ayant été "abimées par la loi de décentralisation, il n’y a désormais plus d’instance (...) qui permette d’organiser l’action, d’articuler les acteurs et les dispositifs". Il y a urgence "à retrouver un pilotage commun entre institutions publiques", conclue-t-elle.
A Lyon, la Maison de la veille sociale ouverte en 2009 règle en partie ce problème, estime Olivier Brachet. Un groupement d'intérêt public, financé par l'Etat, le conseil général, la mairie de Lyon notamment, sorte de "guichet unique qui coordonne l'expression de la demande d'hébergement et son imputation", explique le vice-président.
Olivier Brachet rappelle par ailleurs l'existence des aides à la pierre du Grand Lyon, dispositif d'aides de l'Etat dont le Grand Lyon a pris la gestion, il y a trois ans (les aides pour les propriétaires privés qui achètent ou rénovent des logements neufs ou anciens). Celles-ci ont permis à la collectivité selon lui de se doter d'une force de frappe supplémentaire en matière d’inflexion sur le logement.
Ceci étant, "le système du logement en France demeure encore très compliqué, admet Olivier Brachet, car tout le monde s'en occupe un peu : le conseil général est responsable du programme d'aides au logement des familles démunies, la Région s'occupe des aides énergétiques, etc". Le vice-président reconnait qu'en matière de gouvernance il y a encore des progrès à faire.
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