Le Parlement a adopté définitivement la loi sur l’immigration mardi 19 décembre, non sans que l’on assiste à une fracture de la majorité. Dans le Rhône, cinq députés ont voté contre le texte, dont une parlementaire Renaissance.
Après 18 mois d’échanges houleux, de revirements et de rebondissements, le très critiqué et très sensible projet de loi sur l’immigration a été approuvé de manière définitive par le Parlement mardi 19 décembre. Au terme des tractations de la Commission mixte paritaire (CMP), qui réunissait sept sénateurs et sept députés, le Sénat, dominé par la droite et le centre, a adopté le texte porté par Gérald Darmanin par 214 voix pour et 114 contre. Dans la foulée, l’Assemblée nationale a également adopté le texte par 349 voix pour et 186 voix contre, sur les 573 votants, les groupes LR et RN ayant apporté leurs voix à celles de la majorité.
Anne Brugnera vote contre
Une adoption aux forceps donc, qui a ouvert une fracture au sein de la majorité présidentielle, celle-ci ayant perdu 59 voix sur 251 députés, entre les votes contre et les abstentions. 20 députés du groupe Renaissance, à l’instar de l’élue de la 4e circonscription du Rhône Anne Brugnera, ont ainsi voté contre le texte jugé trop à droite et 17 autres se sont abstenus, parmi lesquels on retrouve le nom de Sarah Tanzilli, députée de la 13e circonscription du Rhône. Les deux élues ont ainsi rompu avec leur famille politique, s’éloignant sur ce dossier des trois autres députés Renaissance du Rhône Jean-Luc Fugit (11e circonscription), Thomas Gassilloud (10e circonscription) et Thomas Rudigoz (1ère circonscription), qui ont eux voté pour le texte.
Les votes des 14 députés du Rhône
Pour : Jean-Luc Fugit, Thomas Gassilloud, Thomas Rudigoz Renaissance) ; Blandine Brocard, Cyrille Isaac-Sibille (Modem) ; Alexandre Vincendet, Alexandre Portier, Nathalie Serre.
Contre : Anne Brugnera (Renaissance) ; Idir Boumertit, Gabriel Amar (LFI) ; Marie-Charlotte Garin, Hubert Julien-Laferrière (EELV).
Abstention : Sarah Tanzilli (Renaissance).
Dans le Rhône, les deux autres députés présents dans le groupe de la majorité présidentielle au sein du Modem, Blandine Brocard (5e circonscription) et Cyrille Isaac-Sibille (12e circonscription), ont eux aussi voté pour le texte. Au sein de leur parti, sur les 51 membres recensés, cinq élus ont voté contre le texte et 15 se sont abstenus.
Huit pour, cinq contre, une abstention
Sans grande surprise, les députés LR du Rhône, Alexandre Vincendet (7e circonscription), Alexandre Portier (9e circonscription) et Nathalie Serre (8e circonscription) ont eux aussi voté pour ce texte, sur lequel leur parti à largement pesé. Mardi soir, le président de leur parti Éric Ciotti a salué "une victoire historique de la droite", allant jusqu’à présenter sur X (ex-Twitter) le texte comme une "loi des Républicains pour lutter contre l'immigration de masse".
Le Rhône comptant 14 circonscriptions, pour trouver trace des quatre autres votés déposés par vos députés, il faut se pencher du côté de la Nupes. Vivement opposés à la loi sur l’immigration portée par la majorité, les députés Idir Boumertit ( LFI - 14e circonscription), Gabriel Amar (LFI - 6e circonscription), Marie-Charlotte Garin (EELV - 3e circonscription) et Hubert Julien-Laferrière (EELV - 2e circonscription) ont voté contre.
L'inquiétude de la gauche
Après le vote, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin se félicitait sur X d’avoir mené au bout "un long combat pour mieux intégrer les étrangers et expulser ceux qui commettent des actes de délinquance". Sur le fond, le texte adopté ne comporte plus de mesure de suppression de l'Aide médicale d'Etat, réservée aux sans-papiers et qui sera étudiée en 2024, et devrait permettre, selon Gérald Darmanin "des mesures de régularisations". Plus tôt dans la soirée, le locataire de la place Beauvau avait ainsi promis de doubler le nombre de régularisations de sans-papiers au titre du travail dès 2024.
Retrouvez mon discours ce soir à l’Assemblée nationale ⤵️ pic.twitter.com/RHRUvFIHQy
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) December 19, 2023
De son côté, la gauche, qui regroupe les Insoumis, les socialistes, les écologistes et les communistes, s’indigne d’un texte qui a franchi plusieurs lignes rouges. Très remonté, le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, dénonçait hier une loi qui "défigure l'image de la France". L’ancien candidat à la présidentielle estime ni plus ni moins que "ce qui est dans cette loi, c'est ce que réclame depuis cinquante ans le Front National".
Nous nous souviendrons de ce jour où, non contents de se faire tourner en ridicule par la droite extrême, la majorité présidentielle aura décidé d’abandonner les valeurs qui font de la #France ce qu’elle est. Les #Lumieres sont éteintes.#CMP #DirectAN #LoiImmigration https://t.co/cBvEZlAa1x
— Hubert Julien-Laferrière (@hub_laferriere) December 19, 2023
"La préférence nationale, ce sera l'héritage et la responsabilité de ce gouvernement tâché de boue", déplorait de son côté Marie-Charlotte Garin (EELV) au cours de la soirée. Un temps élu LREM, Hubert Julien-Laferrière (EELV) y voyait quant à lui, une majorité présidentielle qui "aura décidé d’abandonner les valeurs qui font de la France ce qu’elle est". Un sentiment visiblement partagé par Anne Brugnera (Renaissance) qui avait annoncé en début de soirée la couleur de son vote en expliquant "j’ai toujours combattu les idées du Rassemblement national, je déplore qu’elles soient aujourd’hui reprises à leur compte par les "Républicains"".
Lire aussi : La députée Anne Brugnera ne votera pas la loi immigration
Parmi les différentes lignes rouges franchies selon la gauche, on retrouve peler mêle : la demande d’ne caution à un étudiant étranger pour pouvoir venir étudier en France, le conditionnement des APL à cinq ans de résidence pour les étrangers (trois mois pour ceux qui travaillent), des quotas d'immigration définis au Parlement ou encore le durcissement du regroupement familial et la régularisation des sans-papiers.
Macron n'a t il pas enfin trouvé ce qu'il cherche depuis 18 mois, une majorité avec la droite ? au prix d'une fragmentation de l'aile gauche de sa majorité. La fin du 'en même temps'
Depuis le début (et grâce à la complicité des médias importants du pays), LREM a fait croire qu'elle avait la majorité au parlement.
Mais c'est faux.
Une association est donc systématiquement nécessaire.
Mais cet état de fait n'est pas du tout expliqué et utilisé par leurs opposants, ayant trop peur d'une dissolution, ou n'osant pas communiquer clairement sur cet état de fait.
LREM (renaissance) et LR sont au gouvernement, depuis le début de ce nouveau mandat. Et comme dans toutes ces associations politiques, ce sont les plus minoritaires qui font "la majorité" (sinon il manque des voix), donc avec la droite, c'est l'extrême droite qui dirige.
Le "premier de cordée", prototype de la Start Up Nation, croit que tout lui est du, puisque rien n'existait de viable avant et qu'il/elle doit tout réinventer. Comme les moutons de Panurge, elle va d'illusion en désillusion !