Près de 200 personnels d'université, dont une quarantaine de Lyon 2, ont publié une tribune ce vendredi sur le blog de Mediapart. Ils y expliquent les raisons de leur opposition à la loi ORE et au système Parcoursup avec quelques alternatives.
La protestation des personnels enseignants et encadrants des universités contre la loi ORE (orientation et réussite des étudiants) et le système Parcoursup s'intensifie. Près de 200 d'entre eux, dont 45 travaillant à Lyon 2, ont signé une tribune publiée ce vendredi sur le blog de Mediapart et intitulée “Pourquoi nous refusons le dispositif « Parcoursup », et ce que nous proposons”.
Depuis de nombreuses semaines et malgré les évacuations de plusieurs universités occupées en France (Lyon 2, Tolbiac, Nancy-Metz) le mouvement de protestation contre le projet de loi de la ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche Frédérique Vidal mobilise de nombreux étudiants et de plus en plus d'enseignants-chercheurs qui refusent d'appliquer en l'état la réforme. De nombreux responsables de département ont ainsi pris la décision de ne pas constituer les commissions d’examen de vœux pour les raisons suivantes :
“- Nous considérons qu’un « paramétrage » statistique dont nous ne maîtrisons ni les logiques ni les effets ne saurait en aucune manière répondre à une orientation « réussie » [...]
- Nous contestons le principe de quantification de données essentiellement qualitatives, [...] et refusons de déguiser l’arbitraire en mesures objectives ;
- Nous estimons que la préférence accordée par les lycéens à telle ou telle formation, le désir et/ ou la nécessité qu’ils et elles ont de s’inscrire dans tel ou tel établissement, est un élément primordial pour décider de leur accueil dans l’enseignement supérieur [...]”
Les signataires contestent également les arguments chiffrés donnés par la ministre, estimant que les 3000 candidats qui se sont retrouvés sans affectation dans l’enseignement supérieur à la rentrée 2017 ne représentent en réalité qu'une goutte d'eau parmi les 850 000 demandes d'accès.
“Ce qui veut dire que le gouvernement légitime et institutionnalise la sélection à l’université au nom des 0,35% de demandes restées non pourvues.”
Alternatives
Pour répondre au projet de loi, les signataires de la tribune proposent un certain nombre d'alternatives qui renvoient aux revendications du mouvement depuis ses débuts. Ils demandent ainsi “que soit immédiatement rétabli dans Parcoursup un principe de hiérarchisation des vœux”. Ils réaffirment au passage leur volonté de voir plus de moyens humains et financiers alloués à l'université française pour que cette dernière puisse adapter ses conditions d’accueil face à un flux d'étudiants qui ne risque pas de se tarir dans les années à venir. Enfin les signataires appellent le gouvernement à ouvrir les négociations :
“Nous appelons le gouvernement à organiser une consultation des représentants de toutes les universités et de toutes les disciplines, afin d’évaluer et de réfléchir ensemble aux missions, aux besoins et aux réformes structurelles de l’enseignement supérieur."
L'université Lyon 2 est bloquée depuis tout juste une semaine. Une Assemblée générale a lieu en ce moment même sur le campus des Berges du Rhône et doit décider de la reconduction du blocus.