Les départements d'enseignement de plusieurs universités en France réclament le retrait de la loi ORE et de la plateforme parcoursup qui l'accompagne. À Lyon 2 une assemblée générale des personnels s'est tenue ce mardi pour décider des suites d'un mouvement qui peine à monter.
Un peu moins d'une centaine de personnes se sont réunies à l'AG des personnels de Lyon 2 ce midi dans l'amphi A du campus de Bron. Ils dénoncent le projet de loi ORE (orientation et réussite des étudiants) du gouvernement ainsi que le système d'admission parcoursup qui l'accompagne. Une plateforme que l'on qualifie ici de "véritable usine à gaz". Les départements de sociologie et sciences politiques ont ainsi d'ores et déjà décidé de ne pas appliquer la réforme en refusant de siéger dans les commissions qui en aurait la charge. Ils ont depuis été rejoins par les départements d'art et d'archéologie, des lettres et des sciences du langage et d'arts de la scène de l'image et de l'écran. Soit 7 des 14 portails disponibles pour l'université Lyon 2 sur la plateforme de vœux des lycéens.
Dans une tribune publiée sur franceinfo.fr, un collectif national d'enseignants a déclaré son "rejet de toute forme de sélection à l'entrée de l'université. Or, la nouvelle loi instaure une sélection hypocrite. D'un côté, les responsables gouvernementaux refusent catégoriquement d'utiliser ce mot. Mais, de l'autre, on nous demande de classer les candidatures de sorte qu'un couperet tombera une fois les capacités d'accueil des filières saturées."
“Classer est un premier pas avant la sélection”
"Cette loi remet en cause l'idée selon laquelle le diplôme du bac permet de rentrer automatiquement à l'université, explique David Garibay, directeur de l'UFR d'anthropologie, de sociologie et de science politique à Lyon. En réalité jusqu'ici la sélection pour l'entrée à l'université c'était le baccalauréat ! À l'université nous défendons un certain nombre de valeurs. Le principe de l'université ouverte à tous est remis en cause, nos valeurs fondamentales sont attaquées les unes après les autres", dénonce-t-il.
“Certains disent que faire un classement ne veut rien dire parce que tout le monde sera pris au final. Mais c'est faux. Classer implique d'entrer dans une logique qui n'est jamais anodine. C'est un premier pas avant la sélection qui sera assurément la prochaine étape”, craint Anne Roger (syndicat SNESUP-FSU), maître de conférences en Staps à Lyon 1.
Un mouvement en phase ascendante à Lyon ?
"La sélection c'est un sparadrap sur une jambe de bois qui peut même mener à un risque de surinfection, abonde Bastien Pereira Besteiro, militant syndical SUD éducation et élu au conseil académique de l'Université Lyon 2. Depuis la fin des années 90 il y a une rationalisation a marché forcée de l'enseignement supérieur et de la recherche alors qu'elle fait face à un flux toujours plus gros d'étudiants. Cette réforme du gouvernement est dans la continuité de ça. Ce qu'il faut c'est améliorer les conditions d'études en première année, et pour ça il faut augmenter les moyens."
Pourtant, la mouvement semble avoir du mal à décoller à Lyon de l'aveu même des militants. "les étudiants actuels ne se sentent pas facilement concernés par parcoursup qui va en réalité s'appliquer à la prochaine génération" explique David Garibay. "Le mouvement peine à se lancer, reconnaît Bastien Pereira Besteiro, mais ces derniers jours on remarque que ça monte. Pour l'instant il y a des solidarités mutuelles entre les étudiants et les enseignants, du dialogue. Il n'y a pas encore de convergence mais c'est en train de se faire."
Les examens menacés ?
Le blocage de Lyon 2 est en cours ce mercredi et les “frémissements” d’un blocage à Lyon 1 se font sentir selon Anne Roger. Pour cette dernière, l’attitude très “figée” du gouvernement va en réalité solidifier le mouvement. “Ce gouvernement va presque nous faire regretter Sarkozy qui n'a pas été aussi loin”, ironise la maître de conférences pour qui “le comportement de la majorité va crisper les choses surtout s'ils décident d'évacuer les facs par la force”. Quant aux examens, s’ils ne sont pas encore menacés, la question va vite se poser. “On n’en est pas encore là, mais comme le gouvernement ne semble pas avoir fait de la jeunesse une priorité, il va vite devoir prendre ses responsabilités”, conclut Anne Roger.