Les bloqueurs semblent donner paradoxalement un nouveau souffle au mouvement.
Il est 11 heures lorsqu'un groupe d'une centaine d'étudiants grévistes bloqueurs investit l'amphithéâtre Lucie Aubrac. A cet instant, l'essoufflement du mouvement contre les réformes Pécresse et Darcos semble se confirmer. Hier, seule une quarantaine de grévistes avaient répondu présents à l'appel de l'AG de la semaine dernière de bloquer les entrées des principaux bâtiments du campus Berges du Rhône. L'AG avait voté (lire notre article) l' " illégitimité " du vote à bulletin secret qui a eu pour résultat 80% en faveur de la levée du blocage. Les étudiants bloqueurs étaient toutefois en nombre suffisant au vu d'une université désertée.
Pourtant, en l'espace d'une heure, des dizaines d'étudiants entrent à l'intérieur d'un amphi de plus en plus bondé. 250 lors de la dernière AG, le nombre d'étudiants présents s'avoisine à 350 lors du vote ultime. A 15 heures, après un " léger litige " qui nécessite un second vote, l'AG approuve le blocage du campus avec une cinquantaine de voix d'écart devant les anti-bloqueurs. Aussi remontés qu'aux premiers jours du mouvement il y a maintenant trois mois, les principaux leaders pro-blocage ont réaffirmé leur volonté de voir la loi LRU abrogée.
Conscient du " pourrissement de la situation ", le syndicaliste FSE Alexandre Maupin a invité les étudiants à " rester mobilisés et à continuer cette lutte " qui n'a pas pour but " de se faire plaisir " mais bien de " défendre des convictions " pour l'intérêt collectif des étudiants de Lyon 2.
Présent à l'AG, le vice-président de Lyon 2 Jacques Bonniel a été convié de participer aux débats. Il a répondu aux nombreuses questions portant sur le mouvement, la loi LRU, le blocage et la question des examens. Par ailleurs, le vice-président de Lyon 2 a tenu à rappeler que " la présidence est opposée aux réformes sur la loi de l'autonomie des universités depuis le début " précisant par ailleurs que " la validation automatique des diplômes ne pourra pas être appliqué à Lyon 2 " dans l'objectif simple de délivrer des diplômes de qualité.
Les quatre heures de débats ont donné lieu à des pluies d'insultes et de chahuts entre bloqueurs et étudiants " anti blocage ". Bruyants lors de l'assemblée générale, les étudiants favorables à la reprise des cours sont repartis, têtes basses et l'air résigné, à l'issue du vote.
De leurs côtés, les enseignants chercheurs se sont réunis en AG et ont voté la poursuite de la grève sans évoquer le blocage de l'université. La semaine prochaine, ils devraient se prononcer sur la modalité des examens.
A la suite du vote, des étudiants " anti blocage " ont envoyé une lettre ouverte à la présidence de Lyon 2 dans laquelle ils demandent à Olivier Christin " de faire preuve de courage dans la gestion de cette situation au sein de notre université afin de faire cesser au plus vite cette prise en otage des étudiants " et par conséquent " d'imposer la reprise des cours au sein de l'université ", quitte à " faire appel à la force publique ". Jusque là, Olivier Christin s'est toujours refusé de faire intervenir la police à l'intérieur des campus.
Emeric Merlin
Lire aussi notre article : Agression à Lyon 2 : les étudiants accusent l'extrême-droite
Les commentaires sont fermés