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Lyon 2, le ton monte d'un cran

Après les échauffourées de mardi matin à l'université Lyon 2 - le président André Tiran s'est fait "violemment bousculer" par deux étudiants -, le ton semble être monté d'un cran entre le noyau dur des grévistes (notamment la FSE) et la présidence de l'université. Aujourd'hui, les réactions de soutien au président de Lyon 2 se sont multipliées.

Tout est parti d'un mail envoyé par la présidence. Mardi matin, André Tiran à la tête de l'Université Lyon 2, commence par se rendre dans un amphithéâtre du campus de Bron pour constater par lui-même l'occupation d'une salle de cours magistral par les étudiants qui sont toujours mobilisés contre la réforme des retraites. A l'entrée, il se prend "quelques coups de poing dans les côtes et quelques coups de coudes", selon la police. Le noyau dur des étudiants grévistes ne veut pas le laisser prendre des photos.

Le président repart et quelques heures plus tard un mail arrive dans toutes les boites des journalistes de la ville et des salariés de Lyon 2. Un communiqué incendiaire dans lequel la présidence parle d'une violente agression envers André Tiran par des individus munis de "pioches", des étudiants minoritaires aux méthodes "fascistes".

Le syndicat d'étudiants de gauche, l'Unef, dont quelques représentants étaient sur place au moment des faits, réagit immédiatement. Son représentant lyonnais Yannis Burgat dénonce "la stratégie de tension de la présidence au sein du campus de la Porte des Alpes". Pourquoi vouloir "criminaliser les étudiants qui bloquent l’université en les prenant en photo ou en les traitant de 'fanatiques ' de ' totalitaires ' ou encore de ' fascistes ?", s'interroge-t-il. Une démarche jugée "totalement irresponsable de la part de la présidence", selon l'Unef.

Réactions en chaîne

Le Mouvements des étudiants (MET), syndicat d'étudiants de droite (anciennement UNI) réclame quant à lui des sanctions envers les étudiants dont "la dernière trouvaille a été d'agresser le Président de l'université Lyon 2 à l'aide notamment de pioches". Amalgame grossier puisque la police a confirmé que seul "un individu muni d'une batte de baseball était présent" et qu'il serait "resté en retrait".

Enfin, les institutions débrayent. Le recteur Roland Debbasch, à la tête de l'Académie de Lyon parle mercredi d' "un acte de violence tout à fait inadmissible". Lui aussi a reçu le mail inquiétant du service de presse d'André Tiran. Il poursuit en dénonçant "le blocage de bâtiments d'enseignement, décidé par quelques dizaines de personnes au mépris des modalités d'expression démocratique existant dans l'université". La Ville de Lyon le suit de près, envoyant un communiqué de Jean-François Arrue, délégué à l'Enseignement supérieur et à la recherche qui juge avec "stupeur et désolation […] l'agression dont a été victime [...] André Tiran dans l'exercice de ses fonctions".

Les étudiants rencontrés mardi soir sur le campus et présents au moment des faits expliquent que "la tension est montée d’un cran lorsque les étudiants ont vu André Tiran accompagné de gardes du corps, prendre des photos pour identifier les bloqueurs". Cette "manœuvre totalement illégale" selon un étudiant interrogé, aurait amené certains à se recouvrir le visage de leurs écharpes ou de leurs capuches, pour ne pas être identifiés. Il contredit la version de la présidence qui parlait d’individus cagoulés, extérieurs à l’université.

Les étudiants présents mardi démentent

A propos des coups reçus par le Président, une étudiante a vu André Tiran "entouré de cinq vigiles" entrer dans l'amphithéâtre. Elle voit mal "comment il aurait pu être touché !". Les étudiants critiquent également les qualificatifs employés par la présidence qui a parlé d'un groupuscule "d’inspiration anarchiste". Ils dénoncent une véritable campagne de désinformation menée par la direction de l'université.

Enfin mercredi matin, le sujet de l'agression d'André Tiran est largement abordé et critiqué lors de l'assemblée générale qui réunit plus de 300 étudiants sur le campus de Bron. Après deux heures et demie de débat, une majorité vote à main levée l'occupation de l'amphithéâtre D afin de poursuivre la contestation contre les réformes du gouvernement et de bénéficier d'un lieu de parole pour mener leur action et recevoir éventuellement des travailleurs en lutte.

Le noyau dur des grévistes, notamment une quinzaine de membres de la Fédération syndicale étudiante (FSE dont les militants se présentent comme un "syndicat de classe"), laisse un groupe d'étudiants "sans étiquette politique, ni syndicale" diriger les débats. Et même si ceux-ci sont malmenés à plusieurs reprises, tout est fait pour calmer les esprits. La FSE prend seulement à partie plusieurs fois les étudiants affiliés au Parti communiste, une dizaine, jugés trop divisés. Le principe d'un appel au blocage économique est voté.

Lire aussi : Lyon 2 : l'assemblée générale vote la poursuite du blocage

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