Lyon 2 repart en guerre

En décembre, le conseil d’administration de Lyon 2 votera pour un nouveau président. L’université entre en période électorale à l’approche du départ d’Olivier Christin, pour Neuchâtel, en Suisse, au mois de janvier. Cette élection présidentielle et la publication d’un audit sur la gestion de l’université ouvrent une nouvelle période de turbulences à Lyon 2.

Au printemps, l’université de lettres et sciences humaines s’est embrasée dans un long mouvement social contre la loi sur l’autonomie des universités (dite “LRU”) qui s’est finalement soldé par un échec. Ces blocages et grèves n’ont pas été digérés, alors que d’autres lignes de fractures vont être ravivées. Elles se cristallisent autour d’un scrutin qui s’annonce aussi âpre que le précédent puisque le conseil d’administration n’a pas changé et que c’est à lui qu’il revient d’élire le président d’une université de 26 000 étudiants. Face à face, deux listes ont obtenu le même nombre d’élus. Six membres de l’actuelle présidence (liste RED) s’opposent à six autres, représentant les deux précédentes présidences (liste PERSPECTIVES). C’est une troisième liste intitulée “Pour une Autre Université” qui risque fort de faire basculer une nouvelle fois le vote comme elle l’avait déjà fait en 2008 (lire encadré).

Audit incendiaire

Dans ce contexte, la publication d’un rapport d’audit sur la gestion des deux précédentes équipes présidentielles va encore renforcer un peu plus les clivages. Commandé par la direction actuelle de Lyon 2, cet audit aborde trois thématiques : les ressources humaines, la gouvernance et l’informatique. Il soulève de vraies questions comme le nombre “gigantesque” de vacataires ou l’importance des dépenses informatiques. Problème, ce rapport ne va pas plus loin dans l’analyse stratégique et ne pose donc pas la question de la finalité de ces dépenses : pourquoi un nombre si important de vacataires ? Les dépenses informatiques sont-elles justifiées ?

Pourtant, la présidence, après la publication d’un article du Progrès titré “le rapport qui accuse”, n’a pas fait dans la demi-mesure. Elle a annoncé dans un communiqué que “plusieurs mesures d’urgence ont été mises en place” : “révision complète de la politique des marchés publics, modification radicale de la politique d’achat de matériels informatiques”.

Pas plus qu’il ne fait d’analyse stratégique, le rapport n’apporte pas d’éléments permettant de justifier une telle urgence. En matière de marché public, il est seulement “espéré” que “la Division des affaires juridiques, institutionnelles et des marchés a été consultée pour la passation de ces marchés de matériels informatiques”.

Certaines conclusions interrogent. L’audit “préconise” notamment la suppression de départements sans avoir entendu les explications des personnes concernées. La composition des membres de l’audit pose aussi question. Parmi eux, Pierre Couronne, professeur en sciences de gestion à Lille 3, a fait partie de février 2007 à fin 2008 du bureau de la Conférence des doyens de sciences économiques et de gestion présidé par André Tiran, l’actuel premier vice-président de Lyon 2. C’est le même André Tiran qui est fortement pressenti pour être candidat à la succession d’Olivier Christin.
Au service communication on affirme que “le rapport d’audit a été préparé, en toute liberté et en toute indépendance, par deux secrétaires généraux d’université en plus de Monsieur Couronne”.

Colères et écoeurements

Il n’en fallait pas plus pour soulever une très vive émotion particulièrement au sein des services informatiques qui ont déjà subi des restructurations car vus comme trop proches de l’ancienne équipe. Dans des réunions, des lettres ouvertes, des personnels considèrent que la présidence de l’université les prend pour des “voyous”.
L’opposition dénonce un rapport “à charge” pour attaquer la politique informatique qui était au coeur du projet des deux précédentes présidences. “J’assume mes choix”, explique Gilbert Puech, président de 2001 à 2006 et membre du CA (PERSPECTIVES), “je trouve particulièrement minable et odieux de suggérer qu’il y a eu des détournements”. Contactés par Lyon Capitale, André Tiran et Olivier Christin n’ont pas souhaité répondre à nos questions.

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