Ce samedi 29 septembre, l’ONG Handicap International s’est installée sur la place Bellecour pour la 24e édition de la pyramide de chaussures. Plus qu’une pyramide, de nombreux ateliers sont mis en place pour sensibiliser et mobiliser les citoyens contre les bombardements de civils dans les conflits armés.
Lancer une paire de chaussure en soutien aux victimes de guerre. C’est la mobilisation citoyenne qu’organise l’ONG lyonnaise Handicap International depuis 24 ans. Stand de réalité virtuelle, reconstitution de zone bombardée, démonstration des nouvelles techniques de déminage… Handicap International transforme la place Bellecour en une zone de conflit, le temps d’une journée. À peine arrivé sur la place, l’immersion commence. Des tas de pierres, des résidus de métal et une voiture carbonisée sont entourés d’un grillage avec une mise en garde : “danger, mines”. Quelques mètres plus loin, sont entreposées des installations pour filtrer l’eau dans les zones de guerre, ainsi que des tentes munies de matériel de secours et d’hygiène pour les personnes en détresse.
Certains Lyonnais découvrent l’évènement et sont émus : “Je n’étais jamais venue, et je suis très touchée, raconte Louise, étudiante en droit. On a la chance de vivre à Lyon et on ne se rend pas compte de ce qu’il se passe ailleurs. On voit souvent des photos de conflits, certaines sont très émouvantes mais avoir une reconstruction en face de soi, ça ne fait pas le même effet”, poursuit la jeune femme, sac de chaussures à la main. Derrière les différents ateliers, on distingue la pyramide, déjà très haute ce samedi en début d’après-midi. Les Lyonnais, nombreux à s’être déplacés en famille, s’agglutinent autour d’elle. Un élastique pour accrocher les chaussures, et les enfant s’amusent à les envoyer le plus haut possible. Derrière ce lancer, un message ferme : dire “non” aux bombardements de civils.
“À Lyon, la pyramide est une tradition”
Muriel est venue avec sa fille Gaïa, âgée de 12 ans. Depuis plusieurs années, cette mère de famille vient lancer ses chaussures, et il s’agit maintenant d’une habitude. “On entrepose nos chaussures quasiment toute l’année pour le jour J. C’est notre manière de participer et de faire un geste pour les personnes dans le besoin. Même si ça ne se passe pas chez nous, on se sent concernées”, explique la jeune femme. De l’autre côté de la pyramide, Elisabeth regarde ses deux fils faire un “concours de lancer”. Fidèle au rendez-vous depuis 5 ans, elle pense aussi à cette journée tout au long de l’année : “Maintenant, on sait qu’on garde toujours les chaussures pour cet événement. C’est un bon moyen de sensibiliser nos enfants à ces causes d’une manière symbolique. C’est amusant pour eux de lancer leurs chaussures, et c’est aussi une façon de leur expliquer en douceur la violence qu’il peut se passer dans le monde. À Lyon, la pyramide est une tradition”, confie-t-elle, sourire aux lèvres.
Une pétition pour dire “non”
Si la cause de cette mobilisation reste la même depuis 24 ans, les conflits, eux, évoluent. “Les centres des villes et les victimes civiles sont les cibles d’aujourd’hui. Dans les conflits actuels, quand les bombardements ont lieu en zone peuplée, ce sont 92% de civils qui sont touchés”, rappelle Sophie, porte-parole de l’organisation, qui déplore un “droit humanitaire international bafoué”. Pour cette journée de mobilisation, Handicap International invite le public à soutenir les victimes de guerre par le biais d’une pétition, à signer sur la place Bellecour à l’occasion du lancer de chaussures ou en ligne. L’organisation lyonnaise espère récolter un million de signatures, notamment pour que la France s’engage à mettre fin à l’utilisation d’armes explosives en zones peuplées, et à aider les victimes de bombardements.