Un centre d’hébergement et de réinsertion sociale a ouvert ses portes en septembre à Gerland (Lyon 7e). Inauguré début février, il s’agit d’un lieu de passage “pour réapprendre aux personnes de la rue à vivre en société”.
Le centre d'hébergement et de réinsertion sociale de Carteret est dit de "haute tolérance". Depuis septembre 2016, ce lieu d'hébergement temporaire accueille des personnes en grande précarité, issues de la rue et pour la majorité dépendantes à l'alcool, pour une durée de six mois renouvelable.
Le centre dispose de 35 habitations en bois avec une salle de bains privative et des parties communes : une cuisine, une salle à manger, une salle de réunion et des bureaux. Gérée par l'association Alynéa (Association lyonnaise d'accompagnement et d’écoute), qui a pour vocation l'accompagnement des personnes en situation d'exclusion sociale, le CHRS de Carteret héberge actuellement 34 personnes, dont 8 couples.
Un accompagnement à travers une “entrée humaine”
Dirigés vers la structure par la Maison de la veille sociale, les pensionnaires du centre sont reçus "sans jugement", explique Jérôme Colrat, le directeur d'Alynéa. "Ce sont des personnes de la rue, qui ont le droit d'amener leur animal et de consommer de l'alcool." L'association pratique un accompagnement à la personne à travers une "entrée humaine et sociale", affirme son directeur.
Sur place est présente 24 heures sur 24 une équipe sociale – sept travailleurs sociaux, un veilleur de nuit, un chargé d'insertion professionnelle et un agent d'entretien – aidée plusieurs fois par semaine par une équipe médicale composée d'un psychologue et de médecins en addictologie. Souvent, les pensionnaires n'ont pas conscience de leur addiction : "Les personnes de l'Est ne se rendent pas compte que la bière c'est de l'alcool", souligne notamment le chef de service du centre, Imed Jenboudi. Le but est alors de les faire prendre conscience de ce problème et de les "accompagner dans la réduction de leur consommation", précise Jérôme Colrat.
“Penser à la sortie”
L'accompagnement passe par une "socialisation dans l'habitat", explique Imed Jendoubi. "Il faut penser à la sortie, donc on leur apprend les règles sociales, les règles d'hygiène, à vivre avec les autres en société, les gestes du quotidien comme manger avec des couverts, aller aux toilettes", ajoute-t-il. En effet, le site est un centre d'hébergement temporaire, les occupants restent en moyenne 18 à 24 mois pour ensuite rejoindre des pensions de famille, un logement ou une prise en charge médicale adaptée.
L'association travaille aussi sur la réinsertion au travers de l'emploi et par l'apprentissage de la langue française pour certains. Huit pensionnaires travaillent, bien que cela soit "de façon marginale", selon Jérôme Colrat, qui précise qu'il s'agit de "boulots d'insertion".
Le centre accueille aussi bien des personnes isolées que des couples, dont l'accompagnement "porte plutôt sur la gestion du budget", explique Imed Jenboudi. Il s'agit donc d'un accompagnement personnalisé, basé sur "les potentialités des personnes et le développement de leur capacité", raconte le chef de service.
Un projet construit par Lyon Métropole Habitat
Le bailleur social Lyon Métropole Habitat réalise aussi des missions dans les résidences spécialisées, ce pourquoi elle a souhaité s'investir dans le projet. Le site existait déjà depuis 2009, composé de préfabriqués insalubres. "En 2015, Alynéa est venue nous voir avec ce projet, le but a été de comprendre les problèmes des résidents et de les transposer au concret. Ce sont des personnes qui viennent de la rue, il a donc fallu adapter la gestion de l'espace", explique Yann Bouysson, de LMH.
Le chantier a débuté en février 2016, avec l'aide d'Emmaüs Gironde, qui emploie des travailleurs handicapés. Le projet, qui a coûté 1,5 million d'euros, est cofinancé par la préfecture et le conseil régional. Le terrain a été gracieusement loué par la Ville de Lyon pour vingt ans.
"À travers ce projet, Lyon Métropole Habitat et Alynéa ne se contentent pas d’accueillir des personnes en situation de grande difficulté sociale, mais leur offre une écoute sans jugement et un accompagnement réel. Car c’est l’aspect humain qui importe. En s’engageant auprès d’eux, Lyon Métropole Habitat et Alynéa donnent chaque jour la preuve de leur attachement concret aux valeurs de liberté, de solidarité et de respect qui fondent l’idéal républicain", a déclaré le préfet Michel Delpuech lors de l'inauguration du centre, le 7 février, pendant qu'au même moment il faisait fermer le gymnase Clemenceau, entraînant de nouveau plusieurs familles à la rue.
Quant aux pensionnaires, leur situation reste difficile à accepter. S'ils sont satisfaits du centre, ils souhaitent tout de même s'en aller. Franck*, 50 ans, hébergé sur le centre depuis septembre avec sa compagne, raconte "avoir eu une galère et essayer de remonter la pente". "Mon projet, c'est de partir, je vais chercher du travail et retrouver un logement pour recevoir mes enfants", explique-t-il. Paul*, 67 ans, est heureux de pouvoir quitter le centre : "L'environnement n'est pas plaisant, ça ne se passe pas forcément bien avec les autres habitants, mais l'accompagnement est bon." En mars, une fois son genou opéré, il vivra en maison de retraite.
'son genoux ' ? Vraiment ? Merci pour mes yeux !
Merci, c'est corrigé.