Manifestation du 24 juillet contre le pass sanitaire place Bellecour. @Marie Allenou

Lyon : 900 manifestants contre le pass sanitaire place Bellecour finissent sous les lacrymos

Une nouvelle manifestation contre le pass sanitaire s'est tenue samedi 24 juillet à Lyon. Environ 900 manifestants se sont réunis, alors qu'une partie de la place était interdite aux rassemblements et manifestations. Après un début sans heurts, la manifestation a fini par se tendre et 5 personnes ont été interpellées. Reportage et témoignages.

Le rendez-vous était donné à 15 heures place Bellecour. Ou plutôt, l'un des rendez-vous. Car un autre rassemblement, déclaré et autorisé par la préfecture était organisé sur le parvis Renée Richard dans le 3ème arrondissement, appelé par le parti d'extrême-droite Les Patriotes et par plusieurs collectifs citoyens.

Sur la place Bellecour, ce sont 900 personnes qui se sont réunies contre le pass sanitaire, et pour une partie d'entres eux contre la vaccination. D'abord calme mais revendicatif, le rassemblement s'est tendu vers 15h30. Avant d'être arrosé par une forte pluie, qui a causé le départ d'une partie des manifestants. Environ 200 à 300 personnes étaient encore présentes autour de 16h30.

"Une privation de liberté"

"Liberté ! Liberté !", "le pass sanitaire on en veut pas", voici les principaux mots d'ordre de la manifestation, régulièrement scandés par les manifestants. "On souhaite que le gouvernement retire le pass sanitaire et qu'on laisse la liberté à chacun de se vacciner ou non, et de ne pas diviser la société, entre les vaccinés et les non-vaccinés", soutient Caroline, enseignante venue de Bourg-en-Bresse pour la manifestation.

Plusieurs points du projet de loi sanitaire lui pose soucis. "Je suis mère célibataire de quatre enfants. Ils viennent d'accepter que seul un parent donne son autorisation pour faire vacciner un enfant mineur. Pourtant on a tous les deux l'autorité parentale", s'insurge-t-elle. C'est bien une des dispositions prévues dans le projet de loi. Elle s'oppose aussi au licenciement des salariés de lieux accueillant le public qui ne pourraient pas présenter de pass sanitaire après le 30 août. Pas anti-vaccin, elle ne souhaite pas se faire vacciner pour l'instant, incertaine quant aux effets du vaccin contre le covid19. Voir les informations de l'Organisation mondiale de la santé sur le vaccin ici.


"On souhaite que le gouvernement retire le pass sanitaire et qu'on laisse la liberté à chacun de se vacciner ou non, et de ne pas diviser la société, entre les vaccinés et les non-vaccinés", Caroline, enseignante. 


"Je suis là par rapport aux libertés, pas contre le vaccin", soutient Cédric, manifestant habitué à Lyon puisqu'il était médic' durant les manifestations des gilets jaunes. "Ils disent que le vaccin ne sera pas obligatoire mais au bout d'un moment avec ces restrictions ça le devient", se désole-t-il. "J'ai vu beaucoup de nouvelles personnes que je n'ai jamais vu en manifestation, beaucoup de jeunes", analyse-t-il. Difficile en effet de dresser un profil type des manifestants présents, gilets jaunes, jeunes et moins jeunes, familles, couple et personnes au visage dissimulé se mêlent.

Caroline est venue avec bonnet phrygien. Cette soignante dans le médico-social s'oppose au projet de loi, qu'elle qualifie de "privation de liberté". C'est sa deuxième manifestation contre le pass sanitaire. Elle n'a pas l'habitude de manifester et ne faisait pas partie des gilets jaunes. Elle est particulièrement remontée contre l'obligation vaccinale pour les soignants. Elle affirme être malade et que le vaccin pourrait lui causer une sclérose en plaque. Le projet de loi spécifie que les personnels de santé "doivent être vaccinés, sauf contre‑indication médicale reconnue, contre la covid‑19". Il n'y aura pas d'obligation vaccinale chez les soignants pour qui la vaccination serait contre-indiquée.

"Je connais les différentes études sur la balance bénéfice/risque du vaccin. J'y suis favorable pour les personnes à risque et les personnes âgées mais pas pour toute la population", poursuit-elle. La Haute autorité de santé, autorité publique indépendante à caractère scientifique en France, estime que "la vaccination constitue l’arme la plus efficace pour prévenir hospitalisations et décès". L'objectif des autorités sanitaires est d'atteindre 85% de la population vaccinée pour atteindre l'immunité collective et freiner grandement la propagation du virus.

Bellecour sous les gazs lacrymogènes

La manifestation devait débuter à 15 heures. Mais dès 14h30, la place commençait à se remplir. Selon la préfecture, au plus fort de la manifestation, 900 personnes étaient présentes sur la place. Les manifestants ont commencé par défiler en faisant le tour de la place. Une partie de la place, plusieurs axes la rejoignant et une grande partie au nord de la Presqu'île étaient sous le coup d'une interdiction de rassemblement et de manifestation par la préfecture.

Après avoir tourné pendant une trentaine de minutes, des premières tensions apparaissent entre manifestants et forces de l'ordre. Sur place, difficile de dire comment ont commencé les échauffourées. La préfecture fait état de "jets de projectiles sur les forces de l'ordre qui ont répliqué par des gazs lacrymogènes". Moment de confusion. Une partie du cortège quitte la place, avant de finalement revenir.

La situation revient au calme et les manifestants se remettent à défiler. Trente minutes plus tard, peu avant 16 heures, la place est de nouveau remplie de gaz lacrymogènes. Les manifestants font face aux CRS, aux croisements de la place avec les rues Émile Zola et Gasparin. Une averse, et les trombes d'eau qui l'accompagne, ne suffisent pas à détendre l'ambiance. Il faudra attendre une dizaine de minutes avant que les manifestants se dirigent vers la place Antonin Poncet.

Là, vers 16h30, les manifestants sont accueillis par le canon de la police et de nouveaux gazs lacrymogènes. Une partie reste proche des forces de l'ordre, cherchant à partir en cortège, mais la plupart restent en retrait, spectateurs. Repoussés vers la place Bellecour, ils finissent par se disperser. Au total, 5 manifestants ont été interpellés.

 

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