Près de 350 pompiers professionnels du Rhône sont en arrêt maladie et reprochent à leur direction de ne pas entendre leur souffrance depuis des mois, voire des années, face au manque d'effectif dans les casernes.
La discorde entre les pompiers et la direction du SDMIS ne s'apaise pas à Lyon. "De nombreux pompiers ont préféré se mettre en arrêt maladie parce qu'ils sont au bord de l'épuisement et ne veulent pas péter un plomb. Depuis des mois, la plupart des agents prenaient des gardes supplémentaires, mais ils en ont ras le bol. Ils veulent pouvoir souffler, ou simplement faire les formations qui sautent pour les besoins de service", explique Franck Chenal, pompier et représentant du syndicat SUD. Ils seraient 350 à être en arrêt maladie dans le Rhône "suite à des pressions pour prendre des gardes supplémentaires, encore et encore…" Le 6 décembre dernier, juste avant la fête des Lumières, l'intersyndicale indiquait qu'au courant du mois de novembre, "plus d'une centaine d'alertes de sapeurs pompiers ont été adressées à l'unité psychologique du SDMIS".
La justice saisie par la crise
Un malaise qui ne serait pas entendu par la direction du SDMIS, qui cherchait selon les syndicats à temporiser pour la fête des Lumières. "Des pompiers en arrêt maladie et en congés sont réquisitionnés d'office pour le service courant. D'autres pompiers - certains seuls avec des enfants - sont maintenus jusqu'à 36 heures dans les casernes pour assurer les services. Pour la direction, il est inconcevable qu'un pompier soit mal au travail. On a de belles casernes, des camions neufs - il n'y a pas assez de pompiers pour les mettre dedans, mais ce n'est pas grave, on les essore dans tous les sens", poursuit Franck Chenal. Ce lundi à 16 heures, le tribunal administratif se penche en séance publique sur le référé déposé par les pompiers pour déterminer si les maintiens en garde sont "abusifs" et si l'ordre de désignation de professionnels en congés ou en arrêt maladie est bien légal. Les pompiers n'excluent pas par la suite de porter plainte contre X pour "mise en danger de la population et du personnel".
Toujours plus d'interventions
Pour sortir de la crise, Jean-Yves Sécheresse, l'adjoint à la Sécurité, a proposé de faire voter le 20 décembre le recrutement de 50 sapeurs pompiers sur cinq ans. Un geste insuffisant pour l'intersyndicale. "Cela permettra de remplacer les départs à la retraite, mais pas les 150 pompiers que les casernes ont perdus depuis 2009 alors que le nombre d'interventions augmente". En 2017, le SDMIS du Rhône a procédé à 107 000 interventions. En 2018, alors que l'année n'est pas terminée, les pompiers du Rhône en comptent déjà 140 000.
"Les casernes de Lyon se vident face à l'augmentation des interventions due aux carences de moyens dans les services complémentaires aux pompiers, comme SOS Médecins ou le SAMU. Les gens nous appellent de plus en plus pour du secours". Pour faire face à l'augmentation des interventions, l'intersyndicale demande le recrutement de 200 pompiers sur trois ans."Histoire de remettre aussi des jeunes dans les camions, puisque la moyenne d'âge des effectifs est passée de 39 à 43 ans. Aujourd'hui nous sommes déjà à l'agonie. Si le nombre d'interventions continue d'augmenter, on ne voit pas comment nous pourrons faire", indique Franck Chenal. Pour sortir du conflit, les pompiers demandent au préfet de se poser en médiateur.