Un avion sur le tarmac de l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry lors des Journées de l’Europe connectée 2022.

Lyon : à l'aéroport Saint-Exupéry, les petits pas de l'aviation pour des vols plus propres

Dans le cadre du sommet européen des Journées de l'Europe connectée qui se tient à Lyon jusqu'au 30 juin, une conférence autour de la transition écologique dans le secteur de l'aviation s'est tenue à l'aéroport Saint-Exupéry. Derrière les effets d'annonces, le transport aérien peut-il vraiment devenir plus vert ?

Au terminal 2 de l'aéroport Saint-Exupéry de Lyon, même les emballages des bouteilles d'eau minérale distribuées aux participants des Journées de l'Europe connectée, un événement organisé par la Commission européenne, vantent leur bilan carbone neutre grâce à un programme de reforestation en Amazonie.

Pour l'ouverture de ce sommet européen consacré au futur des mobilités en Europe dans la perspective d'un "Green Deal européen" dans le secteur des transports, une série de conférences sur la transition écologique du secteur aérien était organisée dans le terminal 2 de l'aéroport Saint-Exupéry en pleine éco-rénovation. Avec une question en toile de fond : comment rendre l'aviation européenne, très polluante, neutre en carbone à l'horizon 2050 pour remplir les objectifs des accords de Paris ?

Les vols pèsent 95% de l'empreinte carbone du transport aérien

À l'aéroport Saint-Exupéry, exploité par Vinci, Nicolas Notebaert est chez lui. Le président de Vinci Airports a participé aux débats sur la transition écologique de l'aviation. Il a vanté le fait que l'aéroport de Lyon serait neutre en émissions carbone dès 2026. C'est dans ce cadre que le terminal 2 est fermé pour travaux jusqu'en 2024, le temps de refaire les systèmes de chauffage et d'éco-rénover les bâtiments. Entre autres, des panneaux photovoltaïques seront aussi posés sur le site de l'aéroport pour rendre le site autonome en énergie verte.

Mais si l'aéroport de Lyon parvient à son objectif de zéro carbone en 2026, cela ne veut pas dire que les activités de ce hub international seront propres pour autant. L'aéroport stricto sensu représente environ 5% des émissions de carbone de son activité comme nous l'a confié Nicolas Notebaert en tête-à-tête. C'est-à-dire que les avions qui décollent et se posent sur le tarmac pèsent pour 95% du bilan carbone de Saint-Exupéry. Et les vols aériens ne seront pas décarbonés dans un futur proche.


"Je pense qu'il y a un chemin pour que le secteur aérien atteigne le zéro carbone en 2050"

Adina-Iona Valean, commissaire européenne des transports


"Le secteur aérien est très difficile à décarboner, mais il est engagé pour cette transformation. Je pense qu'il y a un chemin pour que le secteur aérien atteigne le zéro carbone en 2050. Il y a des choses à viser : des carburants plus durables et une plus grande optimisation des vols", estime Adina-Iona Valean, la commissaire européenne des transports qui était présente à l'aéroport de Lyon mardi après-midi.

Les biocarburants sont aujourd'hui privilégiés par les acteurs du secteur pour décarboner les vols. Certains parient sur une baisse des émissions autour de 60-70% des avions grâce à l'ajout d'huiles végétales et de biocarburants issus de la biomasse au kérosène. Mais, il existe de nombreux obstacles. L'ajout de quantités plus importantes de biocarburants dans le plein des avions doit être validé par les organismes chargés de la sécurité du transport aérien. Et puis, l'empreinte écologique des biocarburants peut-être mauvaise selon leur nature et leur provenance. "Pour les biocarburants, nous sommes très vigilants au fait qu'ils ne provoquent pas de déforestation", alerte Fatima da Gloria, vice-présidente développement durable chez Air-France KLM.

Concernant les biocarburants, une autre voie est explorée : celle de l'hydrogène liquide. Lyon Saint-Exupéry est un site pilote pour tester le ravitaillement d'avions en hydrogène. Airbus, Air Liquide et Vinci Airports ont noué un partenariat pour accélérer l'usage de l'hydrogène. L'aéroport ambitionne un ravitaillement d'avion avec cette énergie à partir de 2035.

La sobriété reste à quai

L'autre piste sur laquelle planche le secteur, c'est l'optimisation des vols. Comme lorsqu'un particulier conduit de manière plus économique sur la route, les pilotes peuvent emprunter une trajectoire de vol plus linéaire pour brûler moins de kérosène.

Dans la salle de contrôle de l'aéroport de Lyon, des cadres de Vinci ont donc présenté le programme Albatross qui vise à une coordination des aéroports, des contrôleurs aériens et des compagnies pour programmer des vols plus directs. L'idée principale est d'éviter aux avions de tourner autour d'une piste avant d'atterrir - une phase très gourmande en carburant. Cette optimisation pourrait permettre une réduction de 3 à 5% des émissions sur un vol.


"Nous, on dit que la mobilité, y compris la mobilité aérienne, elle est nécessaire à la planète"

Nicolas Notebaert, président de Vinci Airports


La notion que les experts présents n'ont pas abordée, c'est la sobriété. La meilleure des solutions pour réduire l'empreinte du secteur aérien n'est-elle pas de prendre moins l'avion ? Joël Navaron, président aviation de Total Energies l'a évoqué très brièvement. "Le meilleur carburant en termes de carbone, c'est celui que vous ne brûlez pas. Il faut aussi travailler sur ça". Un chemin que ne veut pas prendre Nicolas Notebaert pour qui le transport aérien est indispensable. "Nous, on dit que la mobilité, y compris la mobilité aérienne, elle est nécessaire à la planète. Ce n'est pas le charbon parce que ça permet aux gens de retrouver leur famille, leurs amis, de vivre. Il ne faut pas qu'elle soit abusive, mais par contre il faut beaucoup d’ingénierie pour trouver des solutions".

 

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