Balance justice

Lyon : accusé d’inceste, un homme poursuit ses fils en diffamation

En janvier dernier, deux hommes d’une cinquantaine d’années accusaient sur Facebook  leur père d’agressions sexuelles incestueuses présumées durant leur enfance. Réfutant leurs propos, le septuagénaire avait décidé de les poursuivre en diffamation. Mardi 16 novembre, le jugement a été mis en délibéré au 18 janvier après examen de l’affaire par le tribunal. 

Le début de l’affaire remonte au mois de janvier 2021. Après la lecture du livre de Camille Kouchner, La familia grande, traitant dans sa famille d'agressions sexuelles présumées par un proche, un homme d’une cinquantaine d’années avait publié sur son compte Facebook un texte précédé du hashtag #mettooincest, en affirmant qu’il avait été victime de faits incestueux de la part de son père dans les années 80. Son frère aîné avait ensuite posté un commentaire accompagné du même hashtag et accusant lui aussi son père. 

Une plainte pour agression classée sans suite

L’accusé, un homme de 77 ans, avait alors décidé de poursuivre en "diffamation" ses deux fils. Le plus jeune des enfants, aujourd’hui âgé de 50 ans, avait alors décidé de déposer plainte pour agression sexuelle, mais le dossier avait été classé sans suite en raison de la prescription.

À l’époque, lors de son audition, il avait détaillé les attouchements présumés qu’il aurait subis dans le lit parental, et les longues thérapies qu’il avait suivies pour sortir de son mal-être. Son frère aîné avait pour sa part attesté de l’emprise du père dans un contexte familial conflictuel, rapporte l’AFP. 

Le procureur demande l’indulgence 

L’affaire étudiée mardi 16 novembre par le tribunal de Lyon portait, elle, sur la procédure en diffamation entamée par le père, qui "réfute totalement ces faits, car ils n’étaient pas possibles". En réclamant la condamnation de ses fils à la barre, il a expliqué ne pas pouvoir "subir à partir du moment où tout cela est public et quand le nom de mes parents est sali". Son avocat reprochant aux deux enfants d’avoir utilisé les réseaux sociaux "pour régler [leurs] comptes à la face du monde" et la défense du fils cadet de rétorquer "Depuis quarante ans il porte ce fardeau (...) Il avait besoin de lever un tabou".

Le jugement a été mis en délibéré au 18 janvier, mais le procureur de la République, Alain Grellet, a suggéré au tribunal de se montrer indulgent à l’égard d'enfants "en souffrance". "La bonne foi doit s’appliquer avec plus de tolérance pour les particuliers, par rapport aux professionnels de la presse", a dit le magistrat, ouvrant la voie à une relaxe, précise l’AFP.

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