Une fois de plus, Lyon a été le théâtre d’une manifestation mouvementée. Mené par un dispositif policier important, le XVIIe acte des Gilets jaunes a plus été un face-à-face permanent qu’une manifestation. Sous tension, le mouvement s’organise face à la police et nombreux sont ceux à percevoir une radicalisation.
Partis de la place Bellecour à 14h30, les quelques centaines de Gilets jaunes rassemblés pour l’acte XVII n’ont pas eu la liberté de choisir leur itinéraire. Peu après le départ, alors qu’ils tentent d’emprunter le pont de la Guillotière, les manifestants sont bloqués par de nombreux CRS qui font rapidement usage de leurs grenades lacrymogènes. En quelques minutes, c’est tout le quai Gailleton qui est enfumé. La manœuvre déclenche immédiatement une réaction violente d’un petit groupe de manifestants radicaux, qui jettent des bouteilles en verre sur les forces de l’ordre. "C’est inadmissible, scande une Gilet jaune, on a à peine fait trois mètres qu’on est déjà encerclés", tandis qu’un autre renchérit : "Ça n’est plus une manifestation, c’est juste de la répression." Derrière la barrière policière, les badauds semblent circonspects, ils sont plusieurs à filmer la scène tandis que d'autres soupirent : "Et c'est reparti..." Cet après-midi, la police semblait effectivement avoir un objectif clair : éloigner le plus possible le cortège de la Presqu’île et l’empêcher de s’enraciner. Les nombreux CRS présents ont encadré et maîtrisé la foule tout au long de l’événement, de la place Bellecour à l’avenue Jean-Jaurès en passant par Jean-Macé.
Des manifestants passés pro
A l’issue de la manifestation, qui s’est éteinte là où elle avait démarré, ils sont nombreux à être déçus et à estimer ne pas avoir pu manifester correctement. Si certains assument un essoufflement du mouvement, beaucoup sont persuadés qu’il est en voie de radicalisation. "La violence appelle la violence, on ne peut pas contenir les gens indéfiniment ! Au final, il y a moins de monde, mais ceux qui restent sont ceux qui iront jusqu’au bout", explique un manifestant se disant proche de l’extrême gauche. Le nombre impressionnant de Gilets jaunes équipés de masques et de lunettes de protection témoigne effectivement d’une détermination à mener coûte que coûte le mouvement à son terme. La vingtaine de street medics vêtus de blanc et grimés de croix rouges montre également que les manifestations s’organisent de plus en plus. Plus surprenant, un tract distribué en début d’après-midi à la foule donne des "conseils pour avant et pendant la manif". On peut par exemple y lire : "Attention aux contrôles préventifs […] Avoir écrit sur son bras le nom d’un avocat en cas d’arrestation […] les lacrymos collent au tissu et à la peau, éviter de se toucher les lèvres et les yeux […] Rester attentif aux autres manifestants, l’entraide est essentielle", ou encore "On peut s’opposer à une arrestation en agrippant la personne et en interpellant les gens autour".
Des revendications toujours très diverses
Comme d’habitude, il est impossible de circonscrire les revendications des Gilets jaunes à une seule thématique. Un manifestant d’une cinquantaine d’années témoigne : "Ça n’est pas que la faute de Macron. Ça fait quarante ans que rien ne va, il a juste été la goutte d’eau. C’est tout le système qu’il faut changer." À ses côtés, un autre insiste quant à lui sur l’augmentation des taxes, notamment sur les cigarettes et les carburants, tandis qu’un troisième dénonce les inégalités et l’injustice sociale. Cependant, les mots qui reviennent le plus restent ceux qui fustigent une "caste de riches", "d’élite" ou "d’aristocrates" privilégiés face à une population de plus en plus en difficulté. Enfin, tous affirment qu’ils seront présents si une nouvelle manifestation est prévue samedi prochain.
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— Thom (@TFreneat) 9 mars 2019