En séance publique du conseil métropolitain, lundi 22, les élus étaient appelés à voter pour autoriser le président de la Métropole, à signer un contrat d’étude sur le projet de l’Anneau des Sciences. Le budget oscillera entre 2 millions d’euros et 6 millions, un écart qui n’a pas manqué de faire tiquer les membres du conseil. Les opposants au chantier dénoncent un acharnement de la Métropole, qui préfère plutôt parler d’un prolongement des efforts déjà amorcés.
L’Anneau des sciences, c’est ce projet de contournement ouest que la Métropole de Lyon traîne depuis un moment. Initialement nommé Top, le dossier est à l’étude depuis 2012, ne cesse d’évoluer et d’être remis à plus tard. Nous détaillions les plans du Grand Lyon dans un article précèdent. Actuellement, les travaux sont prévus pour 2022, et devraient être achevés en 2027, 2028 ou 2030, selon Jean-Luc Da Passano, vice-président de la Métropole, en charge de la Coordination du pôle Mobilités, des déplacements, des grandes infrastructures et de la voirie.
En séance publique du conseil métropolitain, lundi 22, les élus étaient appelés à voter pour autoriser David Kimelfeld, président de la Métropole, à signer un contrat d’étude avec une société choisie le 1er décembre 2017, suite à un appel d’offres. Le budget des recherches à venir n’est pas fixé, et oscillera entre 2 millions d’euros et 6 millions.
Pour l’opposition, "assez d’études ont déjà été menées"
L’opposition n’a pas hésité à faire entendre son agacement. Les élus du Groupe de Réflexion et d’Action Métropolitaine (GRAM) ont exprimé leurs inquiétudes sur la fourchette budgétaire, allant du simple au triple. Cependant, leur opposition est plus globale, car pour eux l’Anneau des Sciences "va à contresens d’une métropole durable et multipolaire", les deux arguments phares du projet. "Construire plus d’autoroutes ne fonctionnera pas sur le long terme. De nouvelles lignes de métro seraient plus efficaces et attractives pour les commerces et les entreprises, ce qui entraînerait une structuration des quartiers", a ajouté Nathalie Perrin-Gilbert, maire du 1er arrondissement, dans son intervention.
De son côté, le groupe Communiste, Parti de gauche et républicain, a décidé de s’abstenir et de souligner qu’ "assez d’études ont déjà été menées" sur l’Anneau des Sciences. Ses élus s’inquiètent également de la souplesse financière accordée au président de la Métropole. Pour Europe Ecologie Les Verts (EELV), ce projet est une "fausse réponse à une vraie question, la mobilité". Les élus écologistes déplorent également le manque de discussions autour du dossier. "L’Anneau des Sciences est dépassé, il ne répond plus aux enjeux. On doit pouvoir faire mieux moins cher. Nous voterons donc contre", ont-ils conclu.
Le problème du financement reste à régler
Autour de l’hémicycle, il est bien difficile de trouver des soutiens inconditionnels au projet. Même les élus en faveur du chantier ont voté "avec réserves" ce plan d’études. Dans son intervention, l’Union des démocrates et indépendants (UDI) et apparentés, s’est inquiétée de l’état du planning des travaux, qui "ne sera pas tenu à cause de l’absence de financement. L’État n’est pas au rendez-vous, la Métropole seule n’est pas suffisante, et un emprunt serait trop lourd. La sagesse aurait voulu qu’on provisionne. Le projet ne correspond pas au cahier des charges de base. Au lieu des plannings [des travaux, NdlR], nous voulons avoir un plan de financement. Si vous n’en communiquez pas, nous en tirerons des conclusions et nous penserons que vous faites des promesses de Gascon".
Le groupe les Républicains (LR) et apparentés a lui aussi regretté l’"absence de débat et de consultation des communes" autour du dossier : "Il y a un problème de temporalité. Et quid du financement ?". Une position partagée par La Métropole autrement, qui souligne que l’Anneau des Sciences était "censé être à la base du déclassement de l’A6/A7", mais qu’il y a eu une inversion au fil du temps. "Il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir, a ajouté Jean-Paul Bret, président du groupe et maire de Villeurbanne. Nous avons une position favorable, mais vigilante. Il faut multiplier les échelles et les études". Pour le groupe Synergie et avenir enfin, "il est urgent que ce projet voit le jour. On assiste à une thrombose sur le secteur ouest". Max Vincent, membre du groupe et maire de Limonest, a regretté que "l’Europe ne participe pas au financement de cet équipement de première importance".
Da Passano : "On ne s’entête pas, on poursuit le projet"
Jean-Luc Da Passano a tenté d’apaiser les inquiétudes. "[Ce projet] on fait des démarches pour le mettre en œuvre, c’est forcément très long. Ce qui n’apparaît pas dans certaines interventions, c’est que l’Anneau des Sciences est aussi un outil multimodal, les transports en commun auront une voie réservée, aussi accessible au covoiturage. Chacune des sept portes devrait comporter des pôles d’échanges multimodaux. Sur le plan du financement, on est aujourd’hui pas tout à fait calé même si on commence à voir des idées. L’étude du financement et du montage du financement font partie des études en cours. Je vous rappelle que le but de ce projet est l’élimination du trafic de transit pour soulager toutes les communes, et que le tracé est le résultat d’un débat public", a-t-il déclaré. David Kimelfeld, président de la Métropole, a ensuite précisé que les études à venir allaient s’inscrire dans un "travail de proximité" pour donner des "réponses précises nécessaires".