Malgré une production d’électricité colossale entre les centrales nucléaires et les barrages, la région Auvergne-Rhône-Alpes pourrait connaître des pannes de courant au plus fort de l’hiver. Et les solutions à court terme manquent.
Auvergne-Rhône-Alpes est la région française qui produit le plus d’électricité et de loin, bien davantage que les besoins de la population et de l’activité économique du territoire. Les centrales nucléaires et les barrages alpins font d’Auvergne-Rhône-Alpes un grenier à électricité. Mais alors que l’hiver approche avec son cortège de menaces de coupures, cette capacité de production ne nous met pas à l’abri d’hypothétiques, à ce stade, privations. L’électricité produite localement est versée à un pot commun national qui garantit à chaque région un égal accès à l’énergie. Quelques départements, dits en bout de réseau, en Bretagne ou sur le littoral méditerranéen, pourraient toutefois connaître des avanies avant notre territoire. Malgré les quatre centrales nucléaires de la région et la dizaine de barrages alpins, Auvergne-Rhône-Alpes pourrait donc subir des coupures temporaires, autour de deux heures, pour soulager le réseau lors des pics de consommation. Le gouvernement et Emmanuel Macron préparent les esprits depuis quelques semaines en ce sens. RTE, le gestionnaire du réseau, se montre légèrement moins alarmiste sans évacuer le recours à des coupures “tournantes”. “Pour les particuliers, le risque est moins élevé. Les grands sites industriels qui consomment beaucoup d’énergie seront impactés en premier”, tente de rassurer Philippe Guelpa-Bonaro, vice-président de la Métropole en charge de l’énergie et du climat.
Obsolescence programmée
La question de la facture a été plutôt neutralisée par la prolongation du bouclier tarifaire jusqu’en 2023. Reste désormais celle de la capacité du réseau à fournir l’électricité demandée en attendant la réouverture des 32 réacteurs nucléaires actuellement à l’arrêt, promise par EDF en février 2023. “Jusqu’à aujourd’hui, nous ne nous étions jamais trop posé de questions. Quand on appuyait sur le bouton, l’électricité arrivait”, rappelle Thierry Caillon, responsable de la Sfen (Société française d’énergie nucléaire), un lobby pronucléaire. De la guerre en Ukraine à la corrosion de composants des réacteurs nucléaires, tous les rouages du mix énergétique français se sont grippés en même temps. “Le gaz est la variable d’ajustement de l’Europe. Dès que l’on a un problème sur le réseau électrique, on le compense en faisant tourner une centrale à gaz. Comme toutes nos centrales ont été construites à la même période, le problème de corrosion les affecte toutes au même moment. Elles ont quarante ans et montrent des signes de fatigue. Ce n’est pas faute d’avoir alerté sur le sujet. Si vous rajoutez la sécheresse qui limite la production hydraulique, notre autre électricité de base, vous arrivez à cette puissance exceptionnellement basse”, énumère Sylvain Godinot, adjoint à la Ville de Lyon en charge de l’énergie.
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