Braquage de Global Cash, le 24 septembre 2010 @AFP

Lyon : braquages, stups et voitures-béliers

Dans les années 90, les voyous des cités lyonnaises ont été pionniers en matière de casse à la voiture-bélier. Ils ont persévéré dans les années 2000 en mettant sur pied le go fast, technique née du côté de Vaulx-en-Velin.

À Lyon, dans les années 90, la tendance est aux casses à la voiture-bélier. L’idée est simple : on projette une voiture en reculant violemment sur la devanture d’une bijouterie ou d’un magasin pour la démolir. La préférence se porte plutôt sur les grosses cylindrées allemandes. Ne reste plus qu’à se servir et repartir à fond les manettes. Si Lyon a été pionnier en matière de voiture-bélier, c’est que le Rungis du quatre-roues se trouve à deux pas, en Suisse. 1 heure 30 à vitesse normale, une demi-heure pied au plancher dans une puissante berline. Les raids des délinquants lyonnais sont légion. Dans l’immense majorité, ce sont des commandes d’équipes spécialisées à destination des "go fasters" ou des braqueurs. Pour un casse-bélier, il faut compter entre 2 000 et 3 000 euros. Pour un go fast, ça peut monter jusqu’à 6 ou 7 000 euros étant donné le pedigree des voitures (Audi RS6, Porsche Cayenne, Mercedes E500 V8 ou 55 AMG). Des bolides de ce type, encore faut-il savoir les piloter. Une Audi S4, c’est 334 chevaux sous le capot, sa cousine AMG atteint les 100 km/h en 4,7 secondes. Une génération de pilotes expérimentés voit le jour.

Schengen et mat

En 1995, les accords de Schengen abolissent les frontières avec l’Allemagne et les Pays-Bas, les deux gros pourvoyeurs de drogue en Europe. Dans le même temps, les téléphones portables se démocratisent. Pour les trafiquants, c’est l’âge d’or du cannabis. Tout le monde peut s’y mettre. En parallèle, les gros braqueurs des années 80 sortent de prison. Tout ce petit monde part pour l’Espagne, sur la Costa del Sol, où se croisent milliardaires de tous horizons, boîtes, yachts et bordels.

@LC

Milieu des années 90 : le go fast est né. Le principe : trois voitures, l’une d’entre elles est chargée de 300 à 700 kilos, une ouvreuse, quelques kilomètres plus haut, pour signaler la présence de la police et une suiveuse, qui ferme le banc, pour prévenir de ce qui arrive derrière et récupérer la porteuse en cas de coup dur.

Le go fast écume à la vitesse de l’éclair dans toutes les cités de France. On est alors au début des années 2000. Le cannabis coule à flots dans les banlieues qui, répondant à la demande de plus en plus forte, la crée par la même occasion.

Les Lyonnais se distinguent rapidement. Ex-amateurs de rodéos sauvages, chauffeurs de braquage et casseurs à la voiture-bélier s’y recyclent à merveille. Un observateur averti de la lutte anti-drogue estime qu’un go fast remonte chaque nuit d’Espagne en direction de Lyon et des grandes villes françaises.

"À Lyon, on braque"

Si, aujourd’hui, les stups sont incontestablement n° 1 du point de vue risque/bénéfices, reste que les braquages demeurent considérés comme la Ligue des Champions du banditisme. Particulièrement à Lyon, où ils ont toujours été une composante du milieu lyonnais. "À Lyon et en Rhône-Alpes, explique le commissaire Yann Sourisseau, patron de l’Office central de lutte contre le crime organisé, s’est développée historiquement une culture du vol à main armée qui est persistante. Il y a peu d’endroits sur le territoire national où cette culture est aussi présente." * Explication ? "Lyon est l’une des rares villes où il y a autant d’ateliers d’or et de métaux précieux”, résume à Lyon Capitale un fin connaisseur du grand banditisme. "À Lyon, on braque", confirme un policier.

Les braquages de fourgons blindés qui montaient, à l’échelon national, jusqu’à 20 par an dans les années 1990, pour se tasser à 1 ou 2 aujourd’hui, font leur grand retour à Lyon.

*AFP, 4 septembre 2020.
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