Mardi 22 février, en fin de journée, un rassemblement se déroulait devant le consulat de Russie dans le 9e arrondissement de Lyon. Plusieurs dizaines de personnes, parmi lesquelles des expatriés ukrainiens, des élus EELV et des militants écologistes, sont venues soutenir le peuple ukrainien après les récentes annonces de Vladimir Poutine.
En fin d'après-midi, une cinquantaine de personnes se réunissent dans le calme devant le consulat de Russie à Gorge de Loup dans le 9e arrondissement de Lyon. Au milieu de drapeaux de l'Ukraine et de l'Union Européenne qui flottent au vent, on peut lire "Stop war, stop Poutine" sur les affiches brandies par certaines des personnes qui participent à cette mobilisation. À quelques mètres de là, devant l'entrée de la station du métro D, un parterre d'élus EELV de la Métropole de Lyon et de la région Auvergne-Rhône-Alpes discute avec des militants écologistes et des ressortissants ukrainiens. Durant cette soirée du mardi 22 février, sur cette petite place qui fait face au consulat de Russie, habituellement fréquentée par les passants pressés de rentrer chez eux, les gens s'arrêtent et forment un cercle aux allures de rassemblement pacifique.
"Une situation inacceptable, une agression qui bafoue le droit international et met en danger toute une population", Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon.
"Ça nous fait franchement du bien de vous voir en ces temps troubles", glisse, d'un ton grave, Mykola Cuzin, président de l'association Comité Ukraine 33, aux dizaines de personnes réunies devant lui. Seulement quelques heures auparavant, le président russe Vladimir Poutine a reconnu la souveraineté et l'indépendance des deux Républiques autoproclamées de Donestk et de Lougansk, dans l'est de l'Ukraine.
Les écologistes mobilisés pour l'Ukraine
Partout en France, des rassemblements similaires se sont formés devant les institutions diplomatiques à la suite de l'appel lancé par le candidat écologiste à l'élection présidentielle de 2022, Yannick Jadot. À Lyon, Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon, Hélène Dromain et Émeline Baume, ses vices-présidentes, ont fait le déplacement "pour montrer leur soutien au peuple ukrainien dans une situation inacceptable, une agression qui bafoue le droit international et met en danger toute une population. Pour que la France se mobilise et réagisse avec des sanctions lourdes auprès de la Russie et ses oligarchies", explique le chef de la majorité écologiste du Grand Lyon. Également au rendez-vous, Axel Marin, conseiller écologiste à la Région Auvergne-Rhône-Alpes en compagnie d'autres élus du conseil régional.
"Si je suis là, en France, je sais qu'il ne m'arrivera rien. Mais pour eux c'est différent. Je préfère mourir en Ukraine avec eux plutôt que de rester en France toute seule", Olena Novikova-Versanne, native d'Ukraine et arrivée en France il y a 15 ans
Une fois n'est pas coutume, les élus ne prendront pas la parole. Ce soir-là, ils sont venus pour écouter les parcours de ces ressortissants ukrainiens inquiets pour leur patrie. "C'est mon pays. Je l'aime de tout mon coeur et j'ai peur pour lui. Ma famille habite toujours là-bas et ça fait huit ans qu'on a peur. Au 21e siècle c'est difficile de concevoir qu'il peut encore y avoir des guerres et des morts", estime Olena Novikova-Versanne, native d'Ukraine et arrivée en France il y a 15 ans. Originaire de Kharkiv, deuxième ville du pays, située à proximité de la frontière russe et où le spectre d'une offensive grandit, cette femme de 49 ans vit mal la situation. "Ma mère, mon frère, mon fils... Ils sont tous là-bas. Je pense sérieusement à prendre un billet d'avion dès demain pour rentrer les voir", explique-t-elle, craignant de ne bientôt plus pouvoir retourner dans son pays. "Si je suis là, en France, je sais qu'il ne m'arrivera rien. Mais pour eux c'est différent. Je préfère mourir en Ukraine avec eux plutôt que de rester en France toute seule", lâche-t-elle, émue aux larmes.
Se mobiliser pour se faire entendre
L'ambiance est à la solidarité et à l'écoute. Un immense drapeau ukrainien est déployé par les membres des associations Lyon Ukraine et Comité Ukraine 33. Vadym Makhanko, âgé d'une vingtaine d'années, tient fermement la bannière de son pays d'origine, qu'il a quitté en 2013 pour poursuivre ses études en hôtellerie. "À nous seuls, on ne pourra pas changer les choses. Mais 40 personnes ici, dix personnes dans une autre ville, 20 dans une autre, et ainsi de suite... L'ampleur sera plus importante donc c'est vraiment primordial de se rassembler", relate le jeune homme, dont la famille est originaire de la région du Donbass, une zone contrôlée en partie par les séparatistes pro-russes. Contrairement à certains, Vadym préfère prendre un peu de recul : " Tout le monde est fatigué de cette guerre là-bas. Ça fait des années qu'on vit avec. La guerre était déjà bien installée et elle n'a pas débuté aujourd'hui. Je pense qu'on est encore loin de l'invasion, car Poutine, même s'il en est capable, n'attaquera pas maintenant. Il a peur des représailles".
" Tout le monde est fatigué de cette guerre là-bas. Ça fait des années qu'on vit avec", Vadym Makhanko
D'autres participants se bardent des couleurs du pays de leurs origines au nom de l'union face à la menace Poutine. "Il faut rester très vigilant", alerte Mykola Cuzin, président de l'association Comité Ukraine 33. " Le front du Donbass s'est animé ces dernières semaines. Tout a été entrepris par le pouvoir russe pour organiser des provocations. Poutine a décidé d'accélérer le mouvement, qui est finalement la logique de ce qui se passe depuis huit ans : la reconstitution de l'Union Soviétique. Huit ans que l'Ukraine tire la sonnette d'alarme. Malheureusement peu écoutée", se désole-t-il, la voix serrée. Des applaudissements se font entendre à chaque prise de parole. Soudain, Francois Turcas, consul honoraire de la Russie, descend les marches de l'ambassade pour aller au-devant des manifestants. "Je ne suis pas là pour parler politique, mais pour aider les ressortissants russes vis-à-vis des autorités françaises" , se contente-il de commenter avant d'échanger avec quelques personnes.
Lire aussi : Crise ukrainienne : "On mène une diplomatie populaire", explique le vice-président de l'association Lyon-Ukraine
Sur les coups de 19 heures, les participants quittent tour à tour les lieux. Certains plient leurs drapeaux pour les ranger dans leurs sacs, mais prévoient de les sortir à nouveau dans les jours qui viennent. "Ça n'est pas totalement validé, mais il y aura probablement un autre rassemblement ce dimanche à 15 heures sur la place Bellecour ", confie Markiian Peretiatko, président de l'association Lyon Ukraine. Désormais, sur la petite place, les passants ne s'arrêtent plus et préfèrent filer en direction du métro.
La géopolitique parle d'elle même. Le Donbass ukrainien longe la Russie menant aux mers d'Azov et Noire via la Crimée. Les seules mers chaudes accessibles à la fédération vers le Bosphore et la Méditerrané.
Or, en 1954, d'un simple décret, Khrouchtchev, 1° secrétaire du parti, fit don de la Crimée à l'Ukraine. Alors qu'elle avait été russe depuis la fin du XVIIIe siècle. Les raisons de la cession de la péninsule à l'Ukraine par Nikita Khrouchtchev font toujours débat.
Vous avez vraiment été un "bon petit soldat" au service de propagande de Poutine et de l'extrême droite !
Vous n'avez pas loupé un seul article avec tous vos copier-coller ! 😀