Lyon Capitale fête son anniversaire !

Pour ses 30 ans, Lyon Capitale a choisi 30 couvertures qui ont marqué ces trois décennies. Où l'histoire du petit hebdo de copains devenu le grand magazine de Lyon.

En 1994, naissait un petit hebdomadaire sur les pentes de la Croix-Rousse qui fit le pari que notre agglomération pouvait jouer dans la cour des grands. Barcelone, Milan, Londres, Berlin… Qui aurait pu imaginer, il y a 30 ans, que Lyon pouvait rivaliser avec les grandes métropoles européennes ? Pour ce numéro anniversaire, nous jetons un œil dans le rétroviseur en évoquant, à travers 30 couvertures de notre journal, les événements ayant marqué ces trois dernières décennies et qui ont participé à la mutation de notre ville.

1994

“Une place au Solaar”. L’accroche sur la couverture du premier numéro – à l’occasion de la venue de la star du rap français à Lyon en octobre 1994 – résonne rétrospectivement comme une ambition. Celle de cette jeune équipe à l’origine de la création de Lyon Capitale, qui rêvait de se faire une place dans le paysage médiatique en France, face à l’hégémonie parisienne.

“Nous avons participé à la Movida de Lyon”, se rappelle Jean-Olivier Arfeuillère [lire entretien page 38], qui, avec une poignée de copains(1), décide de lancer un hebdomadaire d’actualité, pour sonder “l’état d’âme d’une ville”. Forts de leur expérience dans le magazine culturel Côté Scène, ils rassemblent 100 000 francs (15 000 euros) pour se lancer dans cette aventure improbable, alors que Lyon ressemble au “triangle des Bermudes” de la presse. Lyon Libé, Lyon Figaro, Le Monde Rhône-Alpes, Lyon Matin… autant de titres adossés à d’importants groupes de presse, qui disparaissent petit à petit.

Ville froide

En 1994, Lyon ne ressemble en rien à la métropole d’aujourd’hui. Moins cosmopolite, moins étudiante, plus conservatrice. La ville souffre d’une réputation de froideur et est plutôt associée à ses bouchons autoroutiers qu’à ceux de sa gastronomie. Les notables lyonnais ont leur place réservée à vie au théâtre des Célestins(2). L’OL est un club qui végète dans le ventre mou du championnat et Lyon renonce à la candidature pour l’organisation des Jeux olympiques de 2004. La dynamique impulsée par le jeune quadra Michel Noir, élu en 1989, a néanmoins fait bouger des lignes – jusqu’à sa mise en examen suite à l’affaire Botton.

En 1994, Gérard Collomb n’est alors que député d’une ville qui n’a jamais vraiment penché à gauche. Mais, pressentiment ou désir inconscient mal contenu, c’est sur un entretien du candidat PS déclaré aux municipales – qui avait alors du mal à s’imposer et qui sera battu par Raymond Barre – que s’ouvre ce premier numéro du 19 octobre 1994 de Lyon Capitale. On connaît la suite…

Récession

Cette année-là, la place des Terreaux est aménagée par Daniel Buren, préfigurant l’urbanisme très minéral de Lyon et la piétonnisation future du centre-ville. Le cardinal Decourtray, primat des Gaules, disparaît. On dynamite les tours Démocratie aux Minguettes à Vénissieux, pour tenter de fermer la parenthèse des “événements” des banlieues, doux euphémisme pour évoquer l’échec de la politique de la ville. Le chômage en Rhône-Alpes atteint alors un taux jamais connu. La récession qui a débuté en France dans les années 1992-1993 se fait durement ressentir.

Enthousiasme débordant

C’est dans ce contexte de crise que Lyon Capitale se lance, avec l’idée de pointer le curseur sur les initiatives qui font bouger Lyon. Changer le visage de la ville… un vœu un peu naïf assurément, mais qui rencontre une adhésion inattendue. Des personnalités lyonnaises soutiennent l’initiative et créent une association de lecteurs pour aider financièrement le journal. Des débats politiques et sociétaux sont organisés dans des bars le jour de sortie de l’hebdomadaire. Lyon Capitale imagine les K de la culture – un prix pour récompenser les artistes émergents dans les différentes disciplines –, produit et encarte un CD musical de groupes lyonnais (Impuls’Lyon) sélectionnés par ses lecteurs. En 1995, la première édition des Nuits Capitale(s) voit le jour. Des milliers de personnes font la queue devant le parking flambant neuf des Terreaux où notre journal organise une fête incroyablement décalée, où se mélangent hommes politiques, acteurs du monde culturel, associatif et économique, étudiants… et oiseaux de nuit. Ces soirées improbables, renouvelées aux friches de Vaise et à celles de la Sucrière, ont inspiré les Nuits sonores, de l’aveu même de Vincent Carry, créateur du festival techno devenu un modèle en Europe. Cette même année, Lyon Capitale développe son site internet et devient l’un des premiers sites d’information en France sur le Web avec Libé et les Dernières Nouvelles d’Alsace, grâce notamment au flair d’un jeune universitaire, Ivan Beczkowski. Un pari technologique qui nous permet encore aujourd’hui d’être en tête dans les audiences.

Toute cette effervescence du début n’a pas été exempte de péchés de jeunesse. Comme ces quelques couvertures farfelues, ces combats éditoriaux parfois un peu trop exaltés… mais qui ont donné à ces premières années une couleur inédite. Celle d’une ambition pour notre ville, dont la démesure était proportionnelle aux rêves que de nombreux Lyonnais – dont vous, nos lecteurs – avaient pour elle. La suite de cette aventure, nous vous laissons la redécouvrir à travers 30 couvertures de notre journal qui, depuis 

30 ans, prend le pouls de cette ville… si capitale à nos yeux.

(1) Anne-Caroline Jambaud, Philippe Chaslot, Agnès Vézirian, Pascale Laplace, Jean-Olivier Arfeuillère, Mathieu Thai…
(2) Claudia Stavisky, successeure de Jean-Paul Lucet, mit fin à cette pratique.

Michel Noir, mis en examen dans l'affaire Botton, ne se représentera pas aux élections municipales de 1995 © Thierry CHASSEPOUX / KR IMAGES PRESSE
11/11/1994 - LYON
Michel NOIR
Les berges du Rhône, immense parking urbain
La place des Terreaux. On en faisait encore le tour en voiture.
Destruction des tours Démocratie aux Minguettes à Vénissieux en octobre 1994
L'équipe de Lyon Capitale à ses débuts dans les locaux de la rue Puits-Gaillot

1995

Noir carbonisé

Le 20 avril, Michel Noir est reconnu coupable “de recel d’abus de biens sociaux” par le tribunal correctionnel de Lyon. Une ville dont il est encore maire. Il fait d’ailleurs appel pour se présenter aux municipales deux mois plus tard mais sera battu par Raymond Barre. Ce procès puis l’appel marqueront la fin de sa carrière politique. Le fantasme de son retour hantera la droite lyonnaise pendant 20 ans. Mais ses procès et les cicatrices familiales qu’ils ont ouvertes, ses filles soutenant Pierre Botton, l’homme qui l’a torpillé, le dissuaderont de replonger.

Coup de Barre. La tête de liste UDF/UDR Raymond Barre est élu maire de Lyon avec 47,5 % des voix face au maire sortant Michel Noir.

Macaron. Le Neuvième Art, ouvert quelques mois plus tôt dans le 6e arrondissement, se voit décerner une deuxième étoile Michelin. Il rejoint La Mère Brazier.

‘ Internet. Ouverture du premier cybercafé de Lyon, le Connectik Café, quai Saint-Antoine. “Se brancher sur Internet est compliqué et nécessite un apprentissage”, dixit le responsable service com de l’IEP de Lyon. Lyon Capitale est le premier média, avec Libération et les Dernières Nouvelles d’Alsace, à avoir son site internet (www/dtr/fr/lyoncap/).

‘ Art. Inauguration du musée d’Art contemporain de Lyon, conçu par Renzo Piano.

‘ Terrorisme. Le djihadiste algérien Khaled Kelkal, originaire de Vaulx-en-Velin, le premier made in France, est tué par la police à Vaugneray, près de Lyon, un revolver à la main. Dans la foulée, la banlieue lyonnaise est le théâtre d’incidents.

1996

Scandale

Après la découverte du déficit du théâtre des Célestins sous la direction de Jean-Paul Lucet, la gestion de l’Opéra, tout fraîchement baptisé Opéra national, est très sévèrement critiquée par la chambre régionale des comptes. Dans un rapport accablant sur les dysfonctionnements de l’institution, le gendarme des finances publiques dévoile que ses principaux directeurs ont profité de la souplesse du statut associatif pour s’octroyer un certain nombre d’avantages. Une enquête est ouverte. La mairie semble vouloir jouer la transparence dans cette affaire. Elle portera plainte un an plus tard.

‘ Rock star. David Bowie joue à la halle Tony-Garnier (avec, en première partie, Placebo).

‘ Inédit. Pour la première fois en France, une secte se retrouve face à la justice pour un procès d’envergure. Une vingtaine de membres de l’Église de scientologie de Lyon et de Paris comparaissent dans le box des accusés du tribunal correctionnel de Lyon pour “escroquerie et homicide involontaire”.

‘ Show. La Biennale de la danse lance son défilé dans les rues de Lyon.

‘ Centre du monde. Jacques Chirac organise le G7 à Lyon.

‘ Bandits manchots. La mairie succombe à l’argent facile et autorise l’installation d’un casino en plein cœur de la ville, à la Cité internationale. 20 millions de francs sont attendus chaque année.

‘ Anniversaire. Célébration des 100 ans de Fourvière, dans une discrétion quasi monacale, malgré le lifting à 25 millions de francs que s’est offert la basilique.

‘ “Fini les paillettes !” Raymond Barre martèle la rigueur. Gérard Collomb et ses amis votent contre le budget.

1997

Lyon, merveille du monde ?

Sur proposition de Régis Neyret, “monsieur Patrimoine lyonnais”, et de Denis Trouxe, adjoint à la culture, le projet d’inscription du site historique de Lyon au patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco est mentionné dans le plan de mandat de Raymond Barre. Avec l’accueil du G7 et en dépit du ratage de la candidature aux JO de 2004, Lyon ne cache plus ses ambitions internationales. Dernière en date : sous l’impulsion de la Ville, le ministre de la Culture a proposé d’inscrire le site historique de Lyon au patrimoine mondial de l’humanité. Un dossier complet sera remis à l’Unesco en juin.

‘ Occulte. Le PS face à la justice lyonnaise : Henri Emmanuelli comparaît, en tant qu’ancien trésorier du PS, devant le tribunal correctionnel de Lyon, où est jugé, par la grâce d’un dépaysement, le volet marseillais de l’affaire Urba. À ses côtés, un autre trésorier, quelques caciques socialistes des Bouches-du-Rhône et plusieurs dizaines d’entreprises.

‘ Péage. Mise en service de dix kilomètres du nouveau périph Téo construits par Bouygues.

‘ Auto. Lyon est la première ville de France à se doter d’un plan de déplacements urbains.

‘ Scandale immobilier de la SACVL : la justice est saisie d’un dossier concernant la gestion douteuse de cette institution chargée de faire du logement social. De 1990 à 1995, les dirigeants ont mis à sac les finances. Ce sont les locataires qui trinquent.

1998

“Millon, démission”

Les affres du tripartisme, épisode 1. Aux régionales, Charles Millon et la droite virent en tête mais n’ont pas la majorité absolue dans ce scrutin à la proportionnelle. Le président sortant du conseil régional scelle alors un accord avec le frontiste Bruno Gollnisch. Le cordon sanitaire autour du FN saute pour la première fois. Une partie de la droite lâche Millon. La gauche demande sa démission. Le pointilleux écologiste Étienne Tête déniche un vice de forme. Fin 1998, Anne-Marie Comparini devient présidente du conseil régional avec les voix de la gauche.

‘ Détournements de fonds à l’Opac du Grand Lyon. Absences de mises en concurrence, détournements de fonds, disparition de mobilier, opérations hasardeuses ou illégales : les conclusions des inspecteurs du logement social, rendues publiques, sont explosives.

‘ Médecine. Première allogreffe mondiale de la main réalisée à Lyon par le professeur Jean-Michel Dubernard, à l’hôpital Édouard-Herriot, avec sept autres chirurgiens internationaux. Il s’agit de la première greffe de membre dans l’histoire de l’humanité.

‘ Mise en examen du premier fonctionnaire de la Ville de Lyon, Xavier de la Gorce, pour “faux et usage de faux” dans une histoire d’employés payés par l’ex-président du conseil général d’Île-de-France, auprès duquel il occupait les fonctions de directeur adjoint de cabinet.

‘ Patrimoine. Inscription de 478 hectares du site historique de Lyon au patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco.

‘ Faux. Le Modigliani de la donation Jacqueline Delubac au musée des Beaux-Arts de Lyon se révèle être un faux.

1999

La traboule des droits de l’homme

Lyon Capitale rend hommage au dissident chinois Wei Jingsheng en apposant une plaque commémorative symbolique devant la traboule du n° 7 de la rue Puits-Gaillot. La bête noire du régime de Zemin avait emprunté ce passage pour tromper la vigilance des forces de l’ordre afin d’atteindre les locaux de Lyon Capitale qui l’avait invité. Deux ans plus tard, les journalistes de Lyon Capitale réussissent à faire entendre au vice-président chinois Hu Jintao, accueilli par le maire, le message de Wei Jingsheng. Trois semaines de préparation pour onze secondes de démocratie.

‘ P comme… Pathogène et 4 comme risque maximal. Inauguration par le président de la République, Jacques Chirac, du P4, à Gerland, chargé d’étudier les virus les plus dangereux.

‘ Symbole. L’office du tourisme de Lyon se dote d’une nouvelle identité visuelle.

‘ Musique. L’ONL (Orchestre national de Lyon) fête ses 30 ans.

‘ Cendres. 350 000 ouvrages partent en fumée lors de l’incendie qui a lieu dans la bibliothèque de l’université Lyon 2.

‘ Tourisme. Lyon fait son entrée dans le guide du Routard.

‘ Avion. Le département des transports américains donne son feu vert pour une liaison aérienne entre Lyon et New York. Premier embarquement prévu au printemps 2000.

‘ Foot. Sonny Anderson (FC Barcelone) est engagé à l’OL pour 116 millions de francs, à l’époque il s’agit du plus gros transfert du foot français de tous les temps.

‘ Impur. Lyon est, selon l’Ademe, la ville la plus polluée de France.

Utopie. Le Swissmetro, capable de circuler à 700 km/h sous terre, envisage de relier Lyon à Genève en 25 minutes : “Il sera plus rapide d’aller acheter des cigares à Genève que du shit à Vénissieux”, écrit Lyon Capitale.

2000

Discrimination nocturne

Dans ses jeunes années, Lyon Capitale fréquentait le monde de la nuit. Et à l’époque, il n’était guère inclusif. La rédaction avait donc procédé, sous contrôle d’huissier, à un testing. Un couple “de type maghrébin”, disait-on alors, et un couple de “type européen” se présentaient à l’entrée de boîtes de nuit. Un tiers des établissements testés recalait le premier duo pour des raisons bidons “vous n’avez pas de cravates” ou “ce n’est que pour les habitués”. Des prétextes qui disparaissaient au passage de la seconde équipe de testeurs.

‘ Médecine (bis). Encore une première médicale mondiale avec la double allogreffe des mains et des avant-bras. L’équipe internationale de 1998, gonflée de docteurs XXL et d’une cinquantaine de personnes, réitère la prouesse médicale.

‘ Justice. Le juge Marc Laleix met au clair un système de financement occulte du mouvement gaulliste depuis Lyon.

‘ Barreaux. La ministre de la Justice Elisabeth Guigou annonce la construction d’une nouvelle prison à Lyon (Saint-Paul et Saint-Joseph étant trop vétustes et insalubres).

‘ Cash. Ouverture du casino Le Pharaon, à la Cité internationale : 3 000 invités, dont le tout politique, 2 700 bouteilles de champagne, 100 000 petits fours, des feux d’artifice.

‘ Ciel. Un Boeing 767-300 de Delta Air Lines à destination de New York atterrit à Lyon, dix ans après une fermeture de ligne.

‘ Rame. Le métro relie Gerland et accompagne le quartier en plein essor.

‘ Controverse. La 5e Biennale d’art contemporain suscite une vive polémique pour ses œuvres réalisées à partir de chairs humaines et animales.

‘ Terrorisme. Deux islamistes du réseau lyonnais, un ami de Khaled Kelkal et l’“émir” supposé du GIA sont jugés à Paris pour des faits commis durant l’été meurtrier de 1995.

2001

Enfin maire !

La cinquième tentative est la bonne. Le 25 mars 2001, Gérard Collomb concrétise le “rêve” de sa vie en devenant maire de Lyon

Fini les défaites. Gérard Collomb est élu maire de Lyon après trois mandats dans l’opposition. Profitant des divisions de la droite et de l’union de la gauche, il est minoritaire en voix mais majoritaire au jeu des arrondissements. Le bastion est tombé et la ville s’est depuis solidement ancrée à gauche. Les premiers mois sont compliqués avant que Gérard Collomb ne traverse un état de grâce : berges du Rhône, Vélo’v, etc.

‘ Tram. Il arrive à Lyon, avec la mise en service des lignes T1 et T2. Le tramway avait disparu de la circulation lyonnaise en 1956 (T3 en 2006, T4 en 2009, T5 en 2012, T6 en 2019, T7 en 2021).

‘ Respect. Le “docteur de l’humanité” s’éteint. Décès de Charles Mérieux, à 94 ans, pionnier de la virologie industrielle et grand entrepreneur.

‘ Burné. Après cinq ans de procédure, Daniel Buren est débouté de sa demande de dommages et intérêts adressée à quatre sociétés éditrices de cartes postales.

‘ Avant-garde. Inauguration des Subsistances, lieu phare en matière artistique.

‘ World Trade Center. Le Lyonnais Bruno Dellinger, chef de l’antenne de l’Aderly à New York, au 47e étage de la tour nord, sort indemne des attentats du 11 septembre.

2002

Année historique pour l’OL

Fini les défaites. L’OL est sacré champion de France pour la première fois de son histoire lors de la dernière journée face à Lens. Le titre est dignement fêté place des Terreaux. Un an plus tôt, l’équipe avait remporté la Coupe de la Ligue. Six autres titres et quelques nuits d’ivresse européennes suivront. Porté par la patte magique de Juninho et les arrêts de Coupet, l’OL devient le premier vecteur de notoriété de Lyon.

‘ Or. Gwendal Peizerat est sacré champion olympique de danse sur glace aux JO de Salt Lake City. En 2010, il sera élu conseiller régional Auvergne-Rhône-Alpes sur la liste du PS.

‘ Polémique. À la surprise générale, Gilles Guyot, le président de Lyon 3, a obtenu la Légion d’honneur. C’est devenu une “affaire” dans la cohabitation puisque Chirac et Lang se renvoient la responsabilité de cette décoration très contestée.

‘ Média. Le groupe de presse Lyon Poche annonce la fin de Métro Lyon, la concurrence avec le gratuit homonyme distribué à la sortie des bouches de métro s’accélérant et coûtant cher au tabloïd lyonnais.

‘ Justice. Jugé pour la troisième fois devant la cour d’assises des mineurs du Rhône pour le meurtre de deux enfants à Montigny-lès-Metz, Patrick Dils est acquitté. Il est sorti libre de la prison Saint-Paul après quinze années passées derrière les barreaux.

‘ Disparition. Antoine Riboud, fondateur lyonnais du groupe Danone, leader mondial des produits laitiers frais, meurt à 83 ans.

2003

Symbole du “nouveau Lyon”


En 2003, pour sa première édition, le festival Nuits sonores investit la Sucrière à la Confluence, la piscine du Rhône, les Subsistances ou encore l’Elac, accueillant 15 000 festivaliers 
© Fred Dufour
AFP PHOTO / FRED DUFOUR

Lyon s’électronise. La première édition des Nuits sonores réunit 15 000 personnes, 7 ans après l’annulation de la soirée Polaris à la halle Tony-Garnier par la préfecture. “Il fallait un peu de courage pour accepter de soutenir un festival de musiques électroniques en plein centre-ville”, explique Vincent Carry, tête pensante du festival. “Ils étaient un peu gonflés, car personne ne les connaissait, ajoutait Gérard Collomb. Mais on était en rupture, c’était cela qui était l’avenir de la ville.” Plus qu’un événement, le festival a été un marqueur culturel, le symbole d’une dynamique, de la visibilité et du rayonnement international de Lyon.

‘ Peinture. L’expo la plus importante jamais accueillie à Lyon : pour sa première présentation en Europe, la collection Winthrop (Ingres, Delacroix, Moreau, Manet, Whistler…) s’expose au musée des Beaux-Arts de Lyon, avant la National Gallery de Londres et le Metropolitan Museum de New York.

‘ Maillot jaune ! Le Tour de France passe par Lyon, après 12 ans d’absence.

‘ La canicule provoque un record de décès dans le Grand Lyon, où l’on dénombre 1 000 décès en août, dont 445 à Lyon.

‘ Souriez, vous êtes flashés. Cinq radars automatiques sont installés sur les routes du Grand Lyon.

‘ Habemus papam. Paul Bocuse demande au pape d’absoudre le péché de gourmandise.

‘ Horreur. À hauteur de Dardilly, sur l’autoroute A7, un accident de car de tourisme allemand de deux étages fait 28 morts et 46 blessés. Le drame mobilise des moyens de secours spectaculaires. Les personnes âgées avaient gagné leurs vacances lors d’une loterie.

2004

Le sens de la fête

Lancée par Michel Noir en 1989 dans sa version manifestation culturelle, la Fête des lumières s’étend rapidement à de nombreux lieux emblématiques de Lyon. En 2004, la nouvelle municipalité de gauche tente un virage plus “intello”. Le verdict du public est sans appel. Gérard Collomb décide alors de reprendre la main et débarque son adjointe écologiste. Dès l’année suivante, la Fête des lumières refait dans le spectaculaire. Une recette qui n’a plus bougé et que les nouveaux écologistes ne touchent qu’avec des pincettes.

‘ Grève. Les TCL, champions de France en la matière. Selon une étude comparative de Lyon Capitale, les transports en commun lyonnais ont détenu le record national avec 65 jours de grève entre 2001 et 2003.

‘ Université. Sortie du tout premier classement de Shanghai des meilleures universités du monde : l’ENS de Lyon est 309e (301-400 en 2024) et Lyon 1 est 310e (201-300 en 2024).

‘ Ça pue. Lyon, 74e ville la plus polluée du monde selon le journal de recherche scientifique Science of the Total Environment.

‘ JO. La nageuse lyonnaise Laure Manaudou, 17 ans, rafle trois médailles d’or aux JO d’Athènes.

‘ Lyon prend des allures de Barcelone. Pendant quatre mois, 60 sculptures de lions, taille réelle, chacune signée par un artiste français ou étranger, envahissent des places lyonnaises, comme autant de représentations diplomatiques présentes dans Lyon. Elles seront ensuite mises en vente aux enchères.

‘ Élu. Jean-Jack Queyranne remporte les élections régionales. Le conseil régional, historiquement à droite, bascule pour la première fois à gauche.

2005

Quand Collomb veut faire taire Lyon Capitale

Patrick Bertrand, vice-président chargé des marchés publics au Grand Lyon, dénonce dans un entretien exclusif accordé à Lyon Capitale des appels d’offres “pipés” au sein du marché du chauffage urbain. Mis en cause, Gérard Collomb rentre dans une colère noire. La journaliste au Monde Sophie Landrin relate une rencontre à l’hôtel de ville entre Bruno Rousset (April), tout nouvel actionnaire de notre journal, et le maire de Lyon, qui demande la tête des dirigeants de Lyon Capitale. Jean-Olivier Arfeuillère et Philippe Chaslot sont brutalement évincés. Les salariés se mettent en grève, malgré les menaces de l’actionnaire. Bruno Rousset décide de fermer l’entreprise mais le tribunal de commerce lui donne tort en s’opposant à la liquidation. Xavier Ellie (ancien P.-D.G. du Progrès) devient alors propriétaire de l’hebdo et réintègre les deux fondateurs.

‘ Warhol à Lyon. C’est l’expo événement de l’année. Le musée d’Art contemporain expose plus de 200 œuvres, dont une grande partie est exceptionnellement prêtée par The Andy Warhol Museum de Pittsburgh (États-Unis). Consécration pour le MAC : l’expo attire 149 000 visiteurs.

‘ Première. Lancement du premier self-service du savoir. La bibliothèque municipale de Lyon répond en 72 heures aux questions qu’on lui pose. Le Guichet du Savoir est alors unique en France.

‘ Inauguration des Vélo’v, réseau de location de vélos en libre-service le plus vaste d’Europe (4 000 bicyclettes).

‘ Recto verso. Lyon Capitale publie le journal du “Oui”, les raisons de voter pour la Constitution européenne et du “Non”, les raisons de voter contre. Lyon votera “oui” (61,35 %) lors du référendum du 29 mai, à contre-courant de la France (non à 54,87 %).

‘ Réouverture du théâtre des Célestins, après deux ans d’un chantier complexe. Il devient le théâtre à l’italienne le plus moderne d’Europe.

Lyon lance Vélo’v, réseau de location de vélos en libre-service le plus vaste d’Europe

2006

Bijoux de famille

La Ville vend en bloc un bout du quartier Grôlée à Cargill, un fonds de pension américain. Soit 45 000 m2 de locaux commerciaux et de logements pour 87 millions d’euros (une transaction qui permet à l’exécutif de boucler son budget municipal). Quelques mois plus tard, Cargill revend aux Docks lyonnais un tiers de la surface pour 97 millions d’euros. Les Lyonnais comprennent que leur patrimoine a été bradé. L’opposition évalue le manque à gagner à 200 millions d’euros.

‘ Banqueroute. Le Sytral, chargé des transports en commun, est au bord de la faillite : 1,3 milliard d’euros de dettes en début d’année. Il a dû renoncer à 200 millions d’euros de travaux prévus, avec des frais de fonctionnement qui explosent.

‘ Chaos. Thierry Ehrmann transforme sa maison de Saint-Romain-en-Mont-d’Or en “Demeure du Chaos”, qui deviendra aussi un musée, L’Organe. Une bataille judiciaire s’ensuivra pendant des années. The Wall Street Journal s’en fera l’écho. En 2022, la Ville de Saint-Romain-au-Mont-d’Or a décidé de suspendre ses procédures judiciaires.

‘ Reprise. Le tribunal de commerce, avec l’appui du parquet, et malgré de nombreuses pressions, redonne les clés du journal à Lyon Capitale et à Xavier Ellie (lire année 2005).

‘ Révélations de Lyon Capitale. Gilles Guyot, ex-président de Lyon 3, est condamné à quatre mois de prison avec sursis et 10 000 euros d’amende pour prise illégale d’intérêts. Il avait fait recruter sa sœur.

‘ Inauguration de la Salle 3000, réussite architecturale de Renzo Piano, à 150 millions d’euros. Énorme soirée avec plus de 2 000 VIP.

‘ Al-Kindi. Le conseil économique de l’Éducation nationale confirme la décision du recteur de l’académie de Lyon de refuser l’ouverture d’un collège-lycée musulman à Décines.

‘ Goliath. Début des travaux titanesques du musée des Confluences.

2007

Carte jeune

Révélations et symboles d’une ville de Lyon qui part à la conquête de la France, Najat Vallaud-Belkacem et Karim Benzema sont élus Lyonnais de l’année par Lyon Cap. L’élue s’est révélée dans sa fonction de porte-parole de la campagne présidentielle de Ségolène Royal. Le footballeur de Bron vient, quant à lui, de s’imposer à la pointe de l’attaque de l’OL et s’invite en équipe de France. Najat Vallaud-Belkacem deviendra ministre cinq ans plus tard. Karim Benzema décrochera avec le Real Madrid plusieurs trophées de la Ligue des champions et même le Ballon d’or en 2022.

‘ Les berges rendues aux Lyonnais. Un an et demi après le début des travaux, une promenade de cinq kilomètres reliant Gerland à la Tête-d’Or est livrée en trois phases. L’inauguration a lieu en mai.

‘ Santé. Livraison de l’hôpital Femme-Mère-Enfant, à Bron, un mastodonte de 100 000 m2 et 106 millions d’euros qui fait partie des plus importants établissements de France en matière de pédiatrie, néonatalogie, gynécologie et obstétrique.

‘ Miam. Nicolas Le Bec, le trublion de la cuisine lyonnaise, décroche une deuxième étoile pour son restaurant de la rue Grôlée.

‘ Stars. David Lynch et Clint Eastwood sont à Lyon à l’institut Lumière, le premier pour une rétrospective qui lui est consacrée, le second pour la remise de son prix Lumière.

‘ Cash. Introduction en Bourse de l’OL, une première pour un club de foot en France. Levée de 100 millions d’euros pour la construction d’un stade.

‘ Départ. Jean-Olivier Arfeuillère et Philippe Chaslot, deux des fondateurs du journal, quittent Lyon Capitale pour une nouvelle aventure entrepreneuriale au Maroc.

2008

Le triomphe de Collomb

Dominique Perben n’a pas fait le poids. Gérard Collomb est réélu maire de Lyon dès le premier tour. Avec ce plébiscite, il ferme le bec de ceux qui lui reprochaient d’avoir conquis la ville sur un hold-up en 2001. Le maire réélu de Lyon savoure et décide de jouer un rôle dans la vie politique nationale. Il théorise son modèle lyonnais construit sur une collaboration étroite avec le privé et de grandes opérations urbaines : Confluence, Part-Dieu, Carré de Soie.

‘ Balles neuves. Lyon Capitale est racheté par Fiducial à la barre du tribunal de commerce et devient un mensuel.

‘ Trésor. Le musée des Beaux-Arts de Lyon acquiert La Fuite en Égypte (1657) de Poussin pour 17 millions d’euros (participation d’entreprises à hauteur de 15 millions d’euros), classé “trésor national”, participant notablement à son rayonnement.

‘ Raté. Lyon se fait coiffer au poteau par Marseille pour être capitale de la culture en 2013.

‘ Terrorisme. La DST interpelle quatre Brondillants dans une enquête sur le financement d’un réseau terroriste islamiste. Tous d’origine turque, ils appartiennent à la mouvance Kaplan.

‘ Éthique et choc. Refusée par la Villette, suite à l’avis négatif du Comité national d’éthique, l’exposition Our Body débarque à la Sucrière, avec la présentation de véritables corps humains écorchés.

‘ Pétrole. La Celtic Petroleum Limited fait une demande d’autorisation à l’État français pour forer dans l’Ain, dont les sous-sols regorgeraient d’or noir.

‘ Environnement. Présentation en préfecture à une centaine d’élus, de fonctionnaires de l’État et de défenseurs de l’environnement de l’A89 (Lyon-Bordeaux), présentée comme l’autoroute la plus écolo de France.

2009

Business club

Lyon Capitale lève le voile sur une face cachée du modèle lyonnais de Gérard Collomb : la collusion entre les grands patrons et les collectivités qu’il gère. Le monopole de GL Events sur l’évènementiel lyonnais offre au géant du secteur une solide base arrière : Cité internationale, Eurexpo ou encore Sucrière. À la Confluence, la réhabilitation du quartier fait la part belle à une poignée d’acteurs dont le sulfureux promoteur immobilier Cardinal. Les collectivités lyonnaises apportent aussi un soutien sans faille à Jean-Michel Aulas et à l’OL.

‘ Inauguration du Carré de Soie, ambitieuse opération urbaine sur des friches industrielles (pôle de loisirs et de commerces, équipements sportifs, bureaux et logements), à cheval sur Vaulx-en-Velin et Villeurbanne.

‘ Transports. Le premier tram (T4) fait son entrée à Vénissieux, permettant le désenclavement du plateau des Minguettes.

‘ Pfuit. Abandon de la ligne aérienne Lyon / New York pour “rentabilité insuffisante”. Un désaveu au goût de déjà-vu, cette ligne ayant aussi été stoppée en septembre 2001.

‘ Geôle. Ouverture de la maison d’arrêt de Corbas, en remplacement de Saint-Paul et Saint-Joseph, d’une superficie de 45 000 m2 et d’une capacité d’accueil de 690 places.

‘ Réouverture du musée Gadagne, qui retrace l’histoire de Lyon, après 10 ans de fouilles et de chantiers (31,4 millions d’euros) et 6 ans de fermeture au public.

‘ Décès de Roger Planchon, pilier du théâtre lyonnais et homme incontournable de la scène culturelle française.

‘ La main dans le sac. Bernard Rivalta, président controversé du Sytral – établissement public chargé des transports en commun –, est condamné par le tribunal administratif à rembourser l’intégralité des indemnités illégalement perçues (116 000 euros).

2010

Le nouveau visage de Lyon

La Confluence, sa darse, son cube orange symbolisent le nouveau visage de Lyon et des années de grâce des deux premiers mandats de Gérard Collomb, qui forge sur cette friche industrielle son image de bâtisseur. Les immeubles autour de la place nautique explosent tous les records de prix pendant cette décennie où l’immobilier décolle à Lyon. Le centre commercial ouvre l’année suivante mais peine toujours à s’imposer dans le paysage marchand lyonnais.

‘ Réélu. Candidat à sa propre succession, Jean-Jack Queyranne (PS) remporte les élections régionales et rempile pour un second mandat.

‘ Gratte-ciel. Inauguration de la tour Oxygène, 5e plus haute de Lyon (145 mètres pour 28 étages).

‘ Crack. Cédric Villani, 36 ans, devient lauréat de la médaille Fields, la plus haute distinction mondiale en mathématiques, équivalent du Nobel de maths.

‘ Commando. 18 braquages de bijouteries et d’ateliers de métaux précieux réalisés dans Lyon et son agglomération. Le plus spectaculaire : celui du bureau de change Global Cash, aux Terreaux, en pleine journée, par un commando muni d’armes de guerre.

‘ Amen. La réhabilitation de l’Hôtel-Dieu est confiée à Eiffage.

‘ Déménagement. La fac catho quitte Bellecour pour aller à Saint-Paul.

‘ Fourgon. Toni Musulin écope de 5 ans de prison pour avoir détourné un camion de transfert de fonds de 11,6 millions d’euros. 2 millions manquent à l’appel. On ne connaît toujours pas le fin mot de l’histoire.

‘ Émeutes. Lors de la déclinaison lycéenne contre la réforme des retraites, Bellecour est en feu : voitures incendiées, commerces saccagés et pillés.

2011

Chute du “meilleur flic de France”

Michel Neyret, ancien n° 2 de la police judiciaire de Lyon, est arrêté dans sa maison d’Estrablin, près de Vienne. Il est mis en examen dans la foulée avec douze chefs d’inculpation puis placé sous mandat de dépôt à la Santé, quartier VIP (aux côtés du terroriste Carlos et du général Noriega). Il sera condamné, en 2018, pour corruption à 4 ans de prison, dont 18 assortis de sursis et interdiction définitive d’exercer dans la police. La justice lui reproche ses liens avec le milieu lyonnais qui lui aurait fait bénéficier d’avantages en échange d’informations confidentielles. Une affaire médiatique et judiciaire hors du commun.

‘ Épidémie ! 2 000 cas de rougeole déclarés à Lyon et en Auvergne-Rhône-Alpes entre les mois de janvier et février.

‘ Première dans l’histoire : l’université Lyon 2 refuse près de 400 étudiants en sciences politiques/anthropologie, sciences économiques, droit et psychologie, les quatre filières étant surchargées.

‘ Identité. Début des travaux de requalification de la place des Jacobins, l’une des plus anciennes de la ville, rôle majeur d’articulation entre les quartiers environnants.

‘ Chaises musicales. Le Lou Rugby évolue désormais au Matmut Stadium, un stade de 8 000 places construit en seulement 83 jours sur la plaine des États-Unis, à Vénissieux. En 2017, le club déménagera au stade de Gerland (auquel sera accolé le nom Matmut Stadium).

‘ Littérature. Alexis Jenni, prof de biologie au lycée Saint-Marc de Lyon, décroche le Goncourt pour son premier roman L’Art français de la guerre (Gallimard).

2012

Les sans-dents de Dentexia

Lyon Capitale a été le premier média à enquêter sur ce qui allait devenir, au fil des révélations, le plus grand scandale sanitaire de France. Ou l’histoire effroyable des cabinets dentaires “low cost” Dentexia. Une “escroquerie en bande organisée” selon une information judiciaire ouverte en 2016, qui consistait à délivrer un soin payé par avance en contractant un emprunt auprès des centres dentaires eux-mêmes. Afin de rentabiliser au maximum l’opération dentaire, certains soins, comme la pose d’implants, ne respectaient pas les protocoles dentaires habituels. Résultat : des patients se sont retrouvés avec des dents mal soignées, et parfois une dette à rembourser, pour des sommes allant jusqu’à 30 000 euros.

‘ Argent public. Ouverture d’une enquête préliminaire du parquet de Lyon, confiée à la brigade financière, sur des faits présumés de corruption et malversations financières au Grand Lyon.

‘ Non-lieu prononcé par la justice pour la plainte déposée contre Jean-Olivier Arfeuillère, fondateur de Lyon Capitale, et Philippe Chaslot, ex-rédacteur en chef, par Bruno Rousset, ancien actionnaire du journal, pour abus de biens sociaux et escroquerie.

‘ Eaux. Lyon renoue avec les bateaux-mouches : un Vaporetto de 19,5 mètres, affrété par le centre commercial de Confluence, flotte sur la Saône jusqu’à Vaise.

‘ Enfin ! Le musée des Confluences sort de terre, treize ans après son lancement.

‘ Terrorisme. Trois membres du groupuscule islamiste radical Forsane Alizza, candidats au djihad, sont arrêtés dans la région lyonnaise.

‘ Back. Après la rénovation, à la fin des années 90, de l’opéra, l’architecte Jean Nouvel est de retour à Lyon pour un projet de tour à Confluence.

‘ Eaux (bis). Florent Manaudou est médaillé d’or en 50 mètres nage libre aux JO de Londres.

2013

Les affaires fumeuses d’Interpol

Lyon Capitale révèle les financements surprenants d’Interpol dont le siège est à la Cité internationale. L’organisme de coopération des polices du monde entier s’est ouvert discrètement à des partenariats avec le privé. Philip Morris finance ainsi la lutte contre la contrebande de cigarettes. La question du conflit d’intérêts se pose d’autant plus que les cigarettiers sont suspectés d’avoir un rôle non négligeable dans ce même trafic de contrebande.

‘ 24 colonnes. Inauguration, en présence du garde des Sceaux Christiane Taubira, du palais de justice du Vieux-Lyon, rénové, pour un budget global de plus de 60 millions d’euros.

‘ Réouverture de la basilique de Fourvière, après cinq ans et demi de travaux de restauration extérieur et intérieur, les plus importants réalisés depuis sa fondation en 1897.

‘ Inauguration des rives de Saône, un parcours artistique de 15 kilomètres entre Confluence et l’île Barbe.

‘ Toiles. Le musée des Beaux-Arts de Lyon acquiert deux Fragonard, classés “trésors nationaux”.

‘ Stars. Quentin Tarantino à Lyon pour recevoir son prix Lumière, aux côtés d’Uma Thurman, Tim Roth et Harvey Keitel.

‘ Truelle. Pose de la première pierre du futur Grand Stade de l’Olympique lyonnais par Gérard Collomb et Jean-Michel Aulas.

‘ 20 000. C’est le nombre de voyageurs qui sont attendus quotidiennement jusqu’au terminus du métro B à Oullins.

‘ Première mondiale. Ouverture à la circulation du nouveau tube modes doux du tunnel de la Croix-Rousse, long de 1,7 kilomètre. Coût : 22 millions d’euros.

2014

Projet maudit mais réussi

L’addition a totalement dérapé entre le projet originel du musée des Confluences et la version finale : passant de 60 à 300 millions d’euros. Sans compter les dégâts collatéraux. Pour financer l’opération, le Département du Rhône a eu recours à des emprunts toxiques. La faillite n’est évitée que grâce à la création de la Métropole qui hérite du musée. Un cadeau empoisonné pense-t-on alors. Mais la scénographie et la richesse des collections vont finalement rencontrer un succès populaire qui, dix ans plus tard, a fait oublier des années d’avanies.

‘ Et de trois. Réélection de Gérard Collomb pour un troisième mandat, avec 50,65 % des voix, face à l’UMP Michel Havard.

‘ Conseil d’État. Le juge administratif suprême déclare fondées les irrégularités soulevées dans la procédure d’attribution du marché de chauffage urbain du Grand Lyon à Dalkia (filiale de Veolia). Un contrat entre 1,5 et 2 milliards d’euros.

‘ GAV. Un journaliste de Lyon Capitale est entendu par la police pour avoir enquêté sur les déboires d’une enquête policière. Une belle atteinte aux sources des journalistes.

‘ Djihad. La DGSI procède à l’arrestation de six djihadistes présumés à Vaulx-en-Velin et Meyzieu. La fratrie Bekhaled, qui avait un projet d’attentat sur le sol français, échappe au coup de filet. Elle sera retrouvée et condamnée en 2019.

‘ Ainsi font… Trois nouveaux ponts sont inaugurés : le pont Schuman, 33e de Lyon et dernier à être construit (qui relie les quartiers de Vaise et de Serin), la passerelle de la Paix (entre Cité internationale et Caluire) et le pont Raymond-Barre (entre la Confluence et Gerland).

‘ Fin de règne. Michel Mercier quitte le conseil général, où il siégeait depuis 36 ans et qu’il avait présidé de 1990 à 2012.

2015

Soudés par l’effroi

Quelques heures à peine après l’attentat de Charlie Hebdo, les Lyonnais se réunissent presque spontanément place des Terreaux. La ville comme le pays sont en état de choc, sidérés par le retour brutal du terrorisme islamiste. Le 11 janvier, 300 000 personnes, du jamais-vu depuis la Libération, défilent dans les rues de Lyon en scandant “nous sommes tous Charlie”. La réalité est plus complexe. Dans les établissements scolaires, la minute de silence est contestée. La laïcité à la française vacille. L’année se terminera avec les attentats du Bataclan.

‘ CNN européen. Inauguration du siège d’Euronews dans le cube vert de Jakob+MacFarlane, à Confluence. La chaîne d’info en continu quittera Lyon en avril 2024.

‘ Noir de monde. 325 000 Lyonnais défilent dans les rues de Lyon pour la marche républicaine contre le terrorisme et pour la liberté d’expression, après les attentats islamistes de l’Hyper Cacher et de Charlie Hebdo. Elle restera dans l’histoire comme la plus grande manifestation de Lyon (même la Libération n’avait pas attiré autant de monde).

‘ Ramène ta fraise. L’Autorité européenne de sécurité des aliments réautorise la fraise de veau (interdite suite à la crise de la vache folle). C’est le retour de la seule et véritable andouillette à Lyon. “Il y a deux dates à retenir en août : le 4 août de 1792 avec l’abolition des privilèges et le 24 août de 2015 avec la libération de la fraise de veau !”, dixit l’ex-patron du Café des Fédérations.

2016

Petites combines et Grand Stade

Dix ans après le lancement du projet, le Grand Stade de l’OL est enfin inauguré, à quelques mois de l’Euro 2016. Un dossier que Lyon Capitale a abondamment chroniqué en révélant les dessous moins reluisants : nombreux financements publics pour un projet privé et un accord avantageux sur le prix de vente des terrains par le Grand Lyon. Ce nouvel outil devait permettre à l’OL de devenir un grand d’Europe. Mais il est arrivé un peu tard. L’OL est dépassé sportivement et financièrement par le PSG et une économie du football dopée par les pétrodollars.

‘ Shérif, fais-moi peur. La police municipale lyonnaise s’arme de revolvers Manurhin de calibre 38. Après y avoir été longtemps opposé, Gérard Collomb a changé d’avis suite aux attentats islamistes du Bataclan. Sur les 335 agents de la ville, 290 ont fait part de leur volonté d’en avoir un.

‘ Fan zone. L’Euro de football privatise la place Bellecour pour notamment retransmettre les six matches du Grand Stade.

‘ Lauréat. Lyon est élu meilleure destination européenne de week-end aux World Travel Awards, les oscars du tourisme.

‘ Trésor. Le musée des Beaux-Arts de Lyon acquiert La Mort de Chioné de Nicolas Poussin pour 3,75 millions d’euros, classé “trésor national”.

‘ Jurassic Park. Le squelette d’un allosaure est vendu plus d’un million d’euros aux enchères. C’est la deuxième fois seulement qu’un dinosaure carnivore est proposé à la vente en Europe.

‘ 425 millions d’euros. C’est la somme qu’ont déboursé la Métropole de Lyon et le Département du Rhône pour régler le scandale des emprunts toxiques.

2017

Enfin ministre

Ministre d’État et de l’Intérieur : Gérard Collomb fait une entrée triomphale dans la vie gouvernementale et évacue 25 ans de frustration. Il devient le sixième maire de Lyon à exercer des responsabilités nationales après Herriot, Barre, Augagneur, Godart et Noir. Le maire de Lyon est l’un des premiers à croire en la destinée présidentielle d’Emmanuel Macron dont il sera l’un des plus actifs soutiens. Lyon apparaît comme le berceau de la macronie pour sa capacité à travailler avec le privé et à dépasser les clivages politiques historiques. L’aventure prend brutalement fin 18 mois plus tard avec la démission de Gérard Collomb.

‘ Déclassées. Les élus de la Métropole de Lyon adoptent le déclassement des autoroutes A6/A7 dans le centre-ville de Lyon. La préfecture confirme un mois plus tard. Budget total pour cette rénovation : 38,7 millions d’euros.

‘ Déchu. David Gréa, curé rock’n’roll de Lyon, qui a fait de l’église Sainte-Blandine des JMJ permanentes, se marie. En conséquence, il est déchargé de ses fonctions sacerdotales et renvoyé à la vie civile.

‘ Promu. Georges Képénékian, alors premier adjoint, devient maire de Lyon, en remplacement de Gérard Collomb, nommé ministre de l’Intérieur. Il restera maire 476 jours, avant le retour de l’ex-locataire de la place Beauvau.

‘ Cartes. Les Lyonnais raflent sept médailles, dont trois en or, lors des championnats de bridge à Lyon.

‘ Étoffe. La CCI cède le musée des Tissus pour 1 euro symbolique à la Région, camouflet pour la Ville et la Métropole de Lyon.

‘ Low cost. Inauguration du nouveau terminal 1 de l’aéroport Saint-Exupéry.

2018

Grandiose

Souvent présenté comme la plus grande opération privée de reconversion d’un monument historique en France jamais réalisée, le Grand Hôtel-Dieu ouvre après trois ans de travaux hors du commun. Enveloppé dans un écrin historique et emblématique de la ville, cette galerie marchande hors norme à ciel ouvert suscite à la fois la convoitise des grandes enseignes et de véritables inquiétudes commerciales. Avec le Carré de Soie, à cheval entre Villeurbanne et Vaulx-en-Velin, et Confluence, à la pointe de Lyon, le Grand Hôtel-Dieu est le troisième projet de centre commercial lancé par Gérard Collomb.

‘ Hommage. Décès de Paul Bocuse, pan du roman national français, à l’âge de 92 ans, figure emblématique de la gastronomie mondiale. Plus de 1 500 chefs du monde entier, et plusieurs milliers de Lyonnais, lui rendent un dernier hommage dans la cathédrale Saint-Jean.

‘ Étoile bis. Takao Takano (Lyon 6e) est récompensé d’une deuxième étoile au guide Michelin. Ils sont désormais trois à Lyon intra-muros.

Condamnation de la Métropole de Lyon pour avoir appliqué un mauvais taux de sa taxe d’enlèvement des ordures ménagères.

‘ Fragrances. Keolis, l’exploitant du ré́seau de mé́tro lyonnais, dé́cide de parfumer les neuf stations les plus fré́quentées de la ville pour “augmenter le confort et la sensation de propreté́”.

‘ Oscarisé. Christophe Archinet, professeur de modélisation, lighting, matte painting et VFX (effets spéciaux) à l’école Émile-Cohl a reçu avec son équipe l’oscar des meilleurs effets spéciaux pour le film Blade Runner 2049.

2019

Crise de croissance

Les coutures du modèle lyonnais commencent à céder. La politique d’attractivité portée par Gérard Collomb a fait venir 10 000 habitants par an pendant plus de dix ans dans la métropole de Lyon. Le revers de cette médaille finit par apparaître : les mobilités virent au casse-tête. Le réseau TCL, fierté lyonnaise, sature. L’automatisation du métro n’a pas tout réglé et a longtemps “buggé”. Le plan métro a été gelé par les écologistes qui privilégient le tramway et le développement du vélo.

‘ Tableau. Le musée des Beaux-Arts acquiert Katia à la chemise jaune (1951) de Matisse pour 4,8 millions d’euros. C’est, à ce jour, le quatrième et dernier tableau classé “trésor national” de Lyon.

‘ Trophée. Lyon fait son entrée dans le top 40 des lieux à visiter du New York Times.

‘ Médiatique. Condamnation de Jean-Claude Anaf, à la tête du plus grand hôtel de ventes hors Paris, à 15 mois de prison avec sursis et 250 000 euros d’amende pour avoir financé des dépenses personnelles sur le compte de sa société.

‘ Condamnation du cardinal Barbarin à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs. Il sera relaxé en appel en 2020, le délit de non-dénonciation étant prescrit.

‘ “Monsieur Patrimoine”. Décès de Régis Neyret qui empêcha en 1959 Louis Pradel de raser une partie de Saint-Jean afin de faire passer l’autoroute. Il contribua à l’inscription de Lyon au patrimoine mondial de l’Unesco.

‘ Ouverture de la Cité internationale de la gastronomie dans le Grand Hôtel-Dieu. En 2024, elle semble encore courir après son destin.

‘ Transaction record. Le fonds souverain d’Abou Dhabi cède pour 700 millions d’actifs immobiliers en Presqu’île, record absolu pour Lyon et 6e plus grosse transaction financière signée sur le marché français cette année.

2020

Année suspendue

Chacun se souviendra de ce printemps 2020 hors du temps et empli d’inquiétudes. Le virus de la Covid-19 paralyse le monde. Les urgences sont saturées. Le télétravail devient ponctuellement une norme. L’économie tousse mais survit sous perfusion. Les rues lyonnaises sont désertes pendant trois mois de mars à juin. La campagne municipale est mise entre parenthèses. La chute de Gérard Collomb et la victoire des écologistes sont reléguées au second plan.

‘ Municipales. Grégory Doucet remporte les élections municipales de Lyon avec 52,6 % des voix (19 % des inscrits). Taux d’abstention : 62 %, du jamais-vu. Les écologistes sont donc largement élus par peu d’électeurs.

‘ Eau. Le Grand Lyon reprend la gestion publique de l’eau après 38 ans de privatisation.

‘ Air. La ZFE (zone à faibles émissions) de Lyon et de la métropole est effective depuis le 1er janvier.

‘ Ça roule. Arrivée des 2 500 premiers Vélo’v à assistance électrique.

‘ Digestion. Fermeture de la Cité internationale de la gastronomie, neuf mois après son ouverture. Elle rouvrira en octobre 2022. Entre cette date et décembre 2023, 61 000 visiteurs s’y rendront. De quoi rester sur sa faim.

Urbanisme. Nouvelle entrée de la gare de Perrache place des Archives.

‘ Ras-le-bol. Deux actions collectives sont lancées contre la mairie et la préfecture afin de demander la mise en place de moyens appropriés pour la sécurité et la tranquillité publiques.

‘ Secousse. Le restaurant de Paul Bocuse, le plus ancien restaurant triplement étoilé du monde (1965), se voit retirer sa troisième étoile au guide Michelin.

2021

Nouveau logiciel

Après 20 ans d’un Gérard Collomb bâtisseur, les écologistes nouvellement élus changent de logiciel. C’est la fin des chantiers pharaoniques, des tours de la Part-Dieu. La grammaire de la ville évolue : pas de métro mais des tramways, plus de place pour les vélos et moins pour les voitures, des forêts urbaines à la place d’esplanades minérales. Les écologistes se heurtent toutefois au mur du réel : fronde des maires, abandon du téléphérique.

‘ Archi. Le projet de rénovation du musée des Tissus est attribué à l’architecte Rudy Ricciotti (parmi une centaine de cabinets d’architecture).

‘ Drogue. 255 points de deal sont recensés dans l’agglomération lyonnaise, et principalement à Lyon, sur la nouvelle plateforme de signalement mise en place par le ministère de l’Intérieur.

‘ Enfin. Après 203 jours sans terrasses, la ville retrouve des couleurs.

‘ Fumier. Plusieurs dizaines d’agriculteurs déversent du fumier pour dénoncer le menu sans viande imposé dans les cantines scolaires.

‘ Réélu. Laurent Wauquiez rempile pour un deuxième mandat à la tête du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes.

‘ Concours. Le Lyonnais Davy Tissot remporte la 18e édition du Bocuse d’Or, le plus prestigieux concours de cuisine de la planète.

‘ Oscars du tourisme. Lyon décroche la deuxième place de meilleure destination urbaine d’Europe 2021 aux World Travel Awards.

‘ Sécurité. Les médias nationaux dépêchent des envoyés spéciaux à la Guillotière, cœur des débats sur l’insécurité à Lyon, pour une visite historique du préfet du Rhône, du maire de Lyon et du procureur de la République.

2022

Réseaux 2.0

La victoire des écologistes a fait émerger une nouvelle société civile à travers des marches pour le climat ou la promotion du vélo. Les réseaux économiques qui ont longtemps fait et défait la vie politique lyonnaise sont débordés par la question climatique, supplantés par une nouvelle génération à laquelle les écologistes ont su s’adresser. Une dynamique, souvent juvénile, qui s’est confirmée aux législatives de 2022 et 2024. En 30 ans, la sociologie a aussi beaucoup évolué et l’ancienne cité catho de droite a clairement viré à gauche.

‘ Satisfaction. Les Rolling Stones sont de retour à Lyon, après leur dernier passage, il y à 15 ans.

‘ Béatifiée. La Lyonnaise Pauline Jaricot devient “bienheureuse” de l’Église catholique devant 12 000 personnes à Eurexpo. Un événement rare, la dernière béatification remontant à 1997 avec Frédéric Ozanam.

‘ Tollé. Face à la bronca populaire, la Métropole de Lyon abandonne son projet de téléphérique entre Lyon et Francheville (870 000 euros de coût de concertation).

‘ Vélo. 280 millions d’euros, c’est le montant total des travaux nécessaires à la création des 250 kilomètres de Voies lyonnaises, sorte d’autoroutes à vélos, à l’horizon 2026.

‘ Foot. L’ancien joueur de l’OL Karim Benzema (Real de Madrid) devient Ballon d’Or.

‘ Gros sous. L’OL est racheté par Eagle Football pour 800 millions d’euros.

‘ Vitesse. Lyon passe en zone 30.

‘ Drame. Un incendie à Vaulx-en-Velin fait dix morts, dont cinq enfants, de 3 à 15 ans. L’enquête est toujours en cours.

2023

Fait métropolitain

62 % des habitants de la métropole de Lyon n’arrivent pas à nommer le président de la collectivité. Élu comme Grégory Doucet, en juin 2020 au sortir du premier confinement, Bruno Bernard vit depuis dans l’ombre du maire de Lyon. Dans les faits, il est pourtant l’élu local le plus puissant de France et ses décisions ont plus d’incidence sur le quotidien des Lyonnais que celles de la Ville. Plus roublard et madré, Bruno Bernard passe sous les radars et se tient à l’écart des polémiques qui polluent le mandat de Grégory Doucet.

‘ Départ. Claudia Stavisky, depuis 23 ans à la tête du théâtre des Célestins, tire sa révérence. Elle aura participé au dépoussiérage de l’une des plus prestigieuses institutions culturelles lyonnaises.

‘ Arrivée. Fabienne Buccio devient la première femme de l’histoire nommée préfète du Rhône.

‘ Élections. Le chef cuisinier Christophe Marguin se présente comme candidat de la société civile aux élections municipales lyonnaises de 2026. Il est le deuxième à s’être officiellement déclaré avec l’actuel maire Grégory Doucet.

‘ Armoires à glace. Les All Blacks prennent leurs quartiers d’été à Lyon à l’occasion de la Coupe du monde de rugby organisée en France.

‘ Trône. La statue de Louis XIV (9,5 tonnes), qui trône depuis 1825 au centre de la place Bellecour, est enlevée pour être rénovée. Elle fera son retour au printemps 2024.

‘ Dissolution du groupuscule lyonnais d’extrême gauche la Gale, suivie, au printemps 2024, de celle du groupuscule d’extrême droite Les Remparts.

2024

Chasse aux voitures-sorcières

Le projet phare de la majorité écologiste à la tête de la Métropole et de la Ville de Lyon, l’“Apaisement de la Presqu’île”, qui prévoit une piétonnisation d’une grande partie du cœur de Lyon, interroge, au-delà de faire consensus, la question de son attractivité, sur fond de risque d’évoluer en Vieux-Lyon bis. Un collectif de plus de 10 000 personnes milite contre “la fermeture progressive de Lyon”. Du jamais-vu. La CCI s’inquiète d’une réglementation trop rigide.

‘ Fierté. Le CIO attribue officiellement aux Alpes françaises l’organisation des JO d’hiver 2030.

‘ Mémoire. Décès de Claude Bloch, 95 ans, dernier survivant lyonnais d’Auschwitz.

‘ Santé. Un rapport de l’Agence régionale de santé estime que 150 000 habitants du Rhône reçoivent de l’eau contaminée aux PFAS.

‘ Phénoménal. Taylor Swift à Lyon : pas de secousse sismique comme à Seattle, mais un taux de réservation des hôtels à plus de 80 % et des prix en hausse de 54 %.

‘ Fermeture de la rue Grenette aux automobilistes et deux-roues motorisés, dans le cadre du projet plus vaste de “zone à trafic limité” de la Presqu’île.

‘ Médaille. L’escrimeuse lyonnaise Manon Apithy-Brunet décroche l’or aux JO de Paris.

‘ Départ. Laurent Wauquiez quitte la présidence du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes, suite à son élection comme député de Haute-Loire, en vertu de la loi sur le non-cumul des mandats. Fabrice Pannekoucke, ancien vice-président à l’agriculture, lui succède.

‘ Ingérence. L’ancien adjoint (PS) à la mairie de Lyon chargé des relations internationales et ex-député (écologiste) du Rhône Hubert-Julien Laferrière est mis en examen dans le cadre d’une enquête du parquet national financier portant sur des soupçons d’ingérence étrangère dans la politique française.


“Nous avons participé à la Movida de Lyon”

En 1994, Jean-Olivier Arfeuillère crée sans argent mais avec des amis* l’hebdomadaire Lyon Capitale. L’aventure aurait pu durer quelques semaines. 30 ans après, le titre est toujours là. Philippe Chaslot, rédacteur en chef de Lyon Capitale pendant plus de 10 ans et compagnon de toujours de Jean-Olivier, lui pose quatre questions pas embarrassantes du tout...

Philippe Chaslot et Jean-Olivier Arfeuillère sur les terrasses du Dar Nour, à Tanger

Philippe Chaslot : Lyon Capitale fête ses 30 ans. Quel était l’état d’esprit des débuts ?

Jean-Olivier Arfeuillère : 30 ans ! Ironie des chiffres, j’avais aussi 30 ans quand nous avons commencé cette aventure de copains qui rêvaient d’un Lyon transfiguré, festif et joyeux. Jeunes et provenant de milieux professionnels et personnels très différents, nous rêvions d’une capitale du monde, métropole des enjeux politiques, carrefour de la pensée et météorite culturelle. À l’époque nous étions dans une formule hebdo pour coller à l’actualité ; que de nuits blanches passées pour coucher sur le papier, tous les mercredis, l’état d’âme d’une ville. La rotative de l’info était puissante : l’encre du journal absorbait les initiatives les plus improbables, se faisait l’écho de tous les combats nouveaux, pleurait les drames de la cité et s’enthousiasmait quand le bonheur spontané se trouvait au coin d’une rue, d’un stade ou d’une salle de spectacles. Nous voulions faire bouger les choses, avions des combats de valeurs pour la démocratie locale, contre les autocraties ou les pensées uniques. Quelle belle formule “Lyon Capitale, le journal des esprits libres”, écolos avant l’heure, pour la défense des droits homos et contre les nouveaux modes de ségrégation urbaine.

On était complètement dingues ! On passait notre vie ensemble, beaucoup d’ailleurs se sont mariés (rires). Tu te souviens ?

Oui c’était surtout une histoire d’amour et d’amitié ! Beaucoup de passion, beaucoup de travail et beaucoup de fous rires. Et nous sommes toujours amis et très proches… 30 ans après ! Lyon Capitale nous a soudés à vie.

En quoi la ville de Lyon était-elle en attente d’une nouvelle presse ?

En fait nous vivions le début d’une période de Movida sensationnelle et la presse devait accompagner ce mouvement extraordinaire. Il y avait une effervescence intellectuelle et artistique incroyable qui devait être rendue visible. Il y avait eu des expériences journalistiques à foison : Libé Lyon, Figaro Lyon… puis arrivèrent les gratuits, Lyon Capitale et Lyon Mag, les irréductibles compétiteurs.

Il y avait un esprit dans les années 90 qui faisait rêver d’une ville qui aurait été l’égale de Madrid, Berlin ou Milan. Après les années Noir, symboles de renaissance, avec un nouvel urbanisme et une ville devenue Lumière et Danse, les années Barre seront nos années de plomb qui feront plonger la ville dans le confort bourgeois d’une ville de province. On y vit bien, on s’est ouvert à l’international mais le souffle magique de l’effervescence artistique n’est jamais revenu. Collomb a conforté une ville d’affaires aux réseaux courts et asphyxiés, mais il a aussi soutenu Les Nuits sonores et redonné les berges aux Lyonnais. Aujourd’hui, c’est une ville qui lutte contre le réchauffement climatique, la pression urbaine et qui fait dire à beaucoup qu’il est plus agréable de vivre ailleurs. Propos de cacochyme sans doute, de dinosaure forcément, mais la perspective du temps permet toujours de percevoir une pente insidieuse ou un élan salvateur.

Tu imagines Lyon Cap dans 30 ans ?

Je souhaite forcément pour ma ville chérie un avenir radieux et j’espère que Lyon Capitale sera toujours là pour accompagner, transfigurer les élans qui font qu’une ville à un je ne sais quoi d’unique. Pour le soixantième anniversaire de Lyon Capitale, je ne serai sans doute plus là ! Mais j’adorerais que Lyon Capitale en 2054 soit toujours présent dans l’histoire de Lyon comme une petite lumière fidèle à l’impertinence et l’exigence de ses fondateurs.

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