Il y a un peu plus d’un an, une correspondante lyonnaise de Libération avait cru judicieux de sonner la charge contre notre journal, m’accusant au passage d’être un antisocial peu rompu au dialogue avec les journalistes. Notre rédaction y était décrite, sous sa plume vengeresse, comme devant "composer avec un directeur de la publication" adepte de "la remontée de bretelles et du recadrage musclé".
Fidèle à ma ligne de conduite, j’avais choisi de ne pas répondre à l’aigreur et à l’acrimonie de cette correspondante, laquelle, précisons-le pour nos lecteurs, était également une ex-collaboratrice de Lyon Capitale, à l’époque où Le Progrès était encore propriétaire du "Journal des Esprits Libres".
Or, comme le révèlent nos confrères du Monde, c’est aujourd’hui le personnel de Libération qui évoque dans un communiqué "un grand malaise" régnant dans la rédaction du quotidien, qui "tient d'abord au sentiment d'être dépossédé du journal".
Bien entendu, il ne saurait être question ici de se réjouir de cette situation. Les temps sont particulièrement difficiles et le secteur de la presse, ce n’est certes pas un scoop, souffre énormément. Mais cela me donne une nouvelle fois l’occasion d’affirmer que Lyon Capitale n’est inféodé à aucun parti politique, à aucun groupe de pression, à aucun lobby, qu’il refuse les publicités vantant les mérites des collectivités locales -qu’elles soient de gauche, du centre ou de droite- et que la rédaction travaille en toute indépendance, avec le seul souci d’informer au mieux ses lecteurs.
Jamais, en tant que directeur de la publication, je ne me suis permis de censurer un journaliste. Jamais je ne me suis permis de donner un ordre, un contrordre ou une recommandation politique. Jamais je n’ai ré-écrit le moindre article. Il fallait que cela fût rappelé dans nos colonnes. Car si je suis toujours prêt à recevoir des leçons d’indépendance, d’éthique et de journalisme, j’exige des professeurs qualifiés. Ceci étant précisé, je souhaite sincèrement à nos confrères de Libération de renouer avec les grandes heures du quotidien et de retrouver la sérénité qui leur fait aujourd’hui défaut.
Didier Maïsto, directeur de la publication
Communiqué de l’équipe de Libération
Lundi 2 avril, l'assemblée générale convoquée par la SCPL s'est réunie dans la salle du hublot. Une large majorité des personnels de Libération y a participé dans une ambiance calme et résolue. Au cours de cette assemblée, s'est exprimé un grand malaise, qui tient d'abord au sentiment d'être dépossédé du journal. Bien souvent, nous ne nous y reconnaissons plus. La direction semble ne pas avoir de politique relative à chaque domaine du journal, du sport à l'économie, de la politique à la société, du web à la culture. Elle ne tient aucun compte de ce que les rédacteurs, eux, peuvent en savoir selon leurs compétences et leur aptitude à travailler ensemble. De là, le sentiment général d'être l'objet d'un mépris, encore accentué par l'attitude autoritaire et arrogante de la direction. Et ce, dix mois après que l'équipe a voté à une large majorité une motion de défiance. Un an après l'arrivée de Nicolas Demorand, la greffe n'a pas pris. La liste des griefs est longue :
- Des Unes racoleuses qui tantôt défigurent Libération, tantôt vont à l'encontre des valeurs qui ont toujours été les siennes.
- De pseudos événements basés sur des interviews et non sur des reportages et enquêtes.
- Un traitement éditorial partisan en matière politique, qui semble inféoder le journal au PS.
- La mise à l'écart de continents entiers du journal, comme le social, l'environnement, l'immigration.
- Des embauches de cadres répondant à une logique discrétionnaire, sur fond de précarisation croissante des pigistes.
- Des divergences évidentes au sein de l'équipe de direction qui conduisent à la confusion tant rédactionnelle qu'organisationnelle.
- Des opérations publicitaires contestables lancées sans consultation de la SCPL en dépit des engagements pris par la direction.
Le sentiment prévalent est que l'équipe de direction s'est surtout souciée d'asseoir son pouvoir plutôt que de se mettre au service du journal. Libération ne se fera pas sans son équipe. L'équipe demande à entendre la direction sur l'ensemble de ces points, et se déterminera en conséquence.
L'équipe réunie en AG
je vous cite ''Jamais, en tant que directeur de la publication, je ne me suis permis de censurer un journaliste. Jamais je ne me suis permis de donner un ordre, un contrordre ou une recommandation politique. Jamais je n’ai ré-écrit le moindre article. Il fallait que cela fût rappelé dans nos colonnes. Car si je suis toujours prêt à recevoir des leçons d’indépendance, d’éthique et de journalisme, j’exige des professeurs qualifiés. Ceci étant précisé, je souhaite sincèrement à nos confrères de Libération de renouer avec les grandes heures du quotidien et de retrouver la sérénité qui leur fait aujourd’hui défaut.''et suis largement en mesure de confirmer vos propos !Rares sur la place sont les quotidiens qui répondent à ces critères pourtant bien élémentaires ! c'est vraiment tout à votre honneur, et je vous dis mercisigné : un lecteur contributeur
On sait très bien que des journaux sont trop proches de certains pouvoirs. Des journalistes n'ont-ils pas été licenciés après intervention d'un certain maire ? Allez sur le progrès et postez un 'com' un petit peu appuyé contre le système et il sera censuré très vite. La révolte des pays arabes est arrivée par les réseaux sociaux, alors si la censure vis à vis de nous, s'étend avec la crise, les journaux et la démocratie auront tout perdus.
Mes commentaires pourtant très conforme à la charte ne passent jamais sur le Progrès. Du coup je fréquente plutôt Lyon Capitale depuis quelques mois avec satisfaction.