Au paroxysme de la contestation contre la réforme des retraites, dont Lyon est devenu pour ainsi dire le théâtre central jusqu’à faire la une du New York Times, il n’est pas toujours aisé de faire le choix du long terme, de la raison, du débat, de la diversité des points de vue, en les relatant aussi honnêtement que possible. On court alors le risque d’être pris entre plusieurs feux. Pour certains, nous ne donnons “pas assez la parole aux grévistes”, pour d’autres, c’est pile le contraire. Et la tentation est grande, pour chaque camp, de nous “attirer dans ses filets” : pas plus qu’hier, nous ne tomberons aujourd’hui dans cette facilité intellectuelle.
Cela signifie-t-il que nous n’avons aucun avis, aucune sensibilité, aucun prisme ? Non, évidemment. Nous ne sommes pas un journal d’opinion, mais bien d’opinions. La nuance est de taille. Editos, tribunes libres, articles divers et variés, vidéos et “sons” de nos journalistes, photographes et reporters d’images -présents non-stop sur le terrain et/ou mobilisés à la rédaction- témoignages, interviews, billets d’humeur et d’humour… Sur ce sujet, comme sur tous les autres, nous ne nous interdisons rien, sinon la censure et pire encore : l’autocensure.
En toile de fond, nous avons toujours l’espoir que ces diverses approches éclaireront les lecteurs, qui échangent librement eux-aussi sur nos forums. Notre site bat des records d’audience (environ 50.000 visiteurs uniques par jour), preuve supplémentaire que lyoncapitale.fr est devenu une plateforme d’information et de débats, de même qu’un réflexe quotidien pour les Rhônalpins (et bien au-delà car des internautes affluent désormais d’un peu partout, y compris de l’étranger). Cela nous crée surtout des obligations et des devoirs, nous en sommes pleinement conscients.
Nous essayons ainsi de ne pas nous laisser enfermer dans le faux débat de “l’objectivité”. Quand un journaliste écrit son “papier”, il ne traite pas un objet mais bien un sujet. Un journaliste n’est pas non plus un être désincarné, mais une personne riche d’une histoire, d’une sensibilité et animé d’un certain nombre de convictions. En tant que directeur de la publication, les critères les plus importants à mes yeux sont l’esprit critique, le recul et le professionnalisme (au fond, n’est-ce pas une seule et même chose dans notre métier ?).
Qu’un article publié sur lyoncapitale.fr heurte ma propre sensibilité, mes convictions, cela m’indiffère complètement, si cet article est professionnel, c’est-à-dire si les informations rapportées sont vérifiées, si le point de vue est étayé par des arguments solides, si sa rédaction est convenable, bref, pour le dire plus trivialement : “si ça tient la route”. Je n’ai jamais demandé à aucun journaliste que Lyon Capitale aille “dans le sens du vent”, ni a contrario qu’il soit “systématiquement anticonformiste” et encore moins qu’il soit “le reflet de mon univers intérieur”. Parfois il l’est. Parfois non. Et pour tout dire : ça me rassure (cette fois c’est sûr, je vieillis plus vite que Christophe Barbier !).
Pour être tout à fait exact, il me semble que chaque genre est régi par ses propres lois : l’exagération, la caricature, la partialité, la mauvaise foi, sont l’apanage de l’humour, ils en sont même les carburants indispensables. Et oui, définitivement oui, on peut bien rire de tout ! Comme l’écrivait Desproges, dans son désormais célèbre Réquisitoire contre Le Pen, “s’il est vrai que le rire, sacrilège blasphématoire que les bigots de toutes les chapelles taxent de vulgarité et de mauvais goût, s’il est vrai que ce rire-là peut parfois désacraliser la bêtise, exorciser les chagrins véritables et fustiger les angoisses mortelles, alors oui, on peut rire de tout”.
Autre exercice un tantinet plus sérieux (quoique, l’humour, c’est très sérieux), un édito doit défendre un point de vue particulier et son but ultime n’est certes pas non plus de “faire plaisir à tout le monde” (d’autres titres le font bien mieux que nous, à Lyon comme ailleurs). Quant aux reportages sur le terrain, aux interviews, qu’ils soient écrits, tournés en vidéo ou enregistrés sur notre webradio, ils doivent relater aussi fidèlement que possible – je n’ose écrire “le réel”, c’est une notion trop philosophique- du moins ce qui a été vu, entendu, observé. Les latinistes me pardonneront pour cette forme impropre, mais c’est bien là le rôle et la fonction essentiels de “transmission” d’un média.
Bien entendu, la forme influence aussi le fond ; parfois même, quand c’est réussi, elle devient créatrice de sens. Il s’agit simplement de ne pas confondre les genres. Nous prenons un soin tout particulier à séparer ce qui relève de l’information générale, des billets d’humeur, des éditos, des tribunes libres, en le précisant aux lecteurs de façon claire et nette par des rubriques, des blocs, des univers dédiés, ou encore des sur-titres. Toute confusion est alors “indépendante de notre volonté”, selon la formule consacrée.
Depuis longtemps j’ai pris le parti d’en (sou) rire, mais je reste profondément choqué quand Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon déclare – et il le fait de façon assez régulière- que Lyon Capitale est un titre qui ne rapporte que “des calomnies”, tout comme je suis profondément choqué quand Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP, accuse Mediapart d’user “de méthodes fascistes”. Même si ces accusations bêtes et méchantes n’abusent plus personne, hormis quelques militants intégristes, affidés alimentaires et autre contestataires de salon ayant choisi de mettre en veille la moitié de leur cerveau. Lyon Capitale ne sera jamais un “journal militant” au sens politique et partisan du terme, mais entend bien rester “le journal des esprits libres”.
Alors, si l’on peut rire de tout, peut-on rire avec tout le monde ? Pour répondre à cette deuxième question, je n’hésite pas à convoquer une nouvelle fois le grand Desproges : “C’est quelquefois au-dessus de mes forces, dans certains environnements humains : la compagnie d’un stalinien pratiquant me met rarement en joie. Près d’un terroriste hystérique, je pouffe à peine, et la présence à mes côtés d’un militant d’extrême droite assombrit couramment la jovialité monacale de cette mine réjouie dont je déplore en passant, mesdames et messieurs les jurés, de vous imposer quotidiennement la présence inopportune au-dessus de la robe austère de la justice sous laquelle je ne vous raconte pas”.
Didier Maïsto
Directeur de la Publication
2010 après Jésus-Christ. Toute l'Europe se réforme. Toute ? Non car en France, une poignée de fonctionnaires et de privilégiés des régimes spéciaux résistent encore et toujours. Pour les usagers qui vivent dans les camps de Réfurm, Référendum, Droidelum et Serviceminimum, la vie quotidienne est loin d'être facile. Mais qui sont ces Gaulois qui résistent à toute réforme ? Il y a Cégétix, le syndiqué : petit gréviste malin, il a toujours une bonne idée pour échapper au travail et trouve toujours un prétexte pour déclencher une grève générale. Il y a aussi Fonctionpublix : le meilleur ami de Cégétix, Fonctionpublix refuse d'admettre qu'il mange trop. Ce qui compte pour lui, c'est rigoler et échapper au boulot. Il y a encore Bloclepayx, le druide : c'est lui qui prépare la potion de grève, la recette magique qui permet de résister encore et toujours aux réformes en prenant le reste du pays en otage. Sans oublier Demagogix, le Chef : époux de Poildanlamimine, il se fait réélire depuis plus de 30 ans en promettant tout et n'importe quoi à ses militants. Il n'a qu'une seule crainte : que du travail lui tombe sur la tête ! Son meilleur soutien s'appelle Taxonlesprofix, qui a toujours réponse à tout.
Pour quoi un tel édito ?!Sentiment de culpabilité ? Besoin de rappeler vos principes et méthodes de travail ? Sortir le parapluie ? Le doute et le recul, sont indispensables au journaliste dans son travail, comme méthode de travail.Le sentiment de culpabilité et le besoin de justification, qui s'y associe, ne sont pas une bonne chose, pour le traitement et rendu de l'information.Continuez à sortir des sujets épineux, qui font mal aux tréfonds de certains... C'est votre avantage concurrentiel !Votre lectorat existe et se développe, en raison de votre liberté éditoriale.Soyez encore plus pertinent et audacieux !
Ecoutez aussi ceux qui sont fatigués, énervés par cette situation bloquée à cause de quelques ' Un neurone' qui prennent les français en otage .....http://www.facebook.com/event.php?eid=154276164610886
Heure jeudi 21 octobre · 06:00 - 23:30 Lieu Toute la France Créé par : Stop la grève En savoir plus Contre-Manifestation virtuelle le 21 octobre - comme ça on n'emmerde personne ! 🙂 -Afin de ne pas faire peser le poids de notre engagement sur les usagers, mais pour dire avec force et conviction : STOP LA GREVE. Invitez vos amis !Cet événement est initié par les collectifs stop la grève http://www.stoplagreve.com/ Contact : @Sebastien Bordmannsoutenu parl'UNI Lycée, http://www.unilycee.com/ Contact : @Cyprien Feilhesl'UNI, http://www.uni.asso.fr/ Contact : @Olivier Vialles collectifs 'Retraites Générations Sacrifiées', http://www.retraitegenerationsacrifiee.fr/
C'est quoi cet édito ? Coup de cafard ? Si on continue a vous lire, c'est que votre travail n'est pas trop mauvais... Monsieur Maïsto et toute l'équipe, continuez sans vous prendre la tête. Moi, j'aime bien qu'on me prenne la tête. Alors, ne changez rien. Continuez !!!
D'accord avec Tello et Yvan de Lyon! Mr Maisto, on vous a pris la tete et vous vous la prenez a votre tour ou quoi? Je trouve la couverture des evenements par Lyon Capitale 'impec'. Le doute c'est bon, mais il ne faut pas exagerer, 'faites et laissez dire'! Si on vous lit (apparemment de plus en plus nombreux) c'est qu'on y trouve notre compte. Sinon c'est simple on ne vous lit plus. Pour moi, et je suis certain pour la plupart des personnes qui viennent sur ce site, ce que vous ecrivez dans votre article est evident. Alors go! Soyez libres! Et ne changez rien!