Laurent Wauquiez étant absent lorsque des Gilets jaunes ont envahi l’hôtel de région, ce vendredi, c’est son bras droit, Étienne Blanc, qui les a reçus.
La cinquantaine de Gilets jaunes venue à l'hôtel de région ce vendredi attendait Laurent Wauquiez de pied ferme. Mais le patron LR n'était pas là, ils ont donc eu affaire au vice-président aux finances du conseil régional, Étienne Blanc. Contacté par Lyon Capitale, celui-ci précise avoir échangé pendant une heure et demie avec dix d'entre eux. “Ceux que j'ai rencontrés travaillent dans l'artisanat, les services à la personne, sont enseignants ou mécaniciens, pour des salaires de 1 500, 1 800 euros par mois, voire 3 500 pour l'un d'entre eux”, raconte Étienne Blanc, qui observe deux profils malgré “l'hétérogénéité” du mouvement.
L'un, de ces deux profils, avec “une formation politique de l'ordre du pragmatisme, qui connaissent des personnes qui couchent dans leurs voitures”, l'autre “plus politisé, manifestement proche des milieux d'extrême gauche, contestant le capitalisme et le libéralisme”. Une fois assis, les Gilets jaunes reçus à l'hôtel de région auraient avancé la volonté “d'un référendum pour suspendre le président de la République et la reconstitution d'une assemblée du peuple”. “Troisièmement, ils ne voulaient pas de violence. Le dialogue s'est engagé là-dessus, dans une ambiance apaisée et paisible”, assure le premier vice-président régional.
“Foule de taxes, depuis 40 ans”
“Nous sommes au bout d'un système, où l’État prélève 54 % du PIB annuel”, souffle l'ancien député aux trois mandatures UMP et LR, de 2002 à 2016. “Cette dépense publique, il faut l'alimenter. Depuis la création de l'impôt sur les sociétés, puis l'impôt sur le revenu, on a créé une foule de taxes, sur les spectacles, sur les assurances, et on fait ça depuis quarante ans. Le résultat est que, quand vous avez un métier et que vous évoluez, vous financez ce système avec les taxes obligatoires. Quand vous votez au Parlement, c'est à chaque fois des 0,002 %. Mais, au bout du bout, à force de payer ces taxes, le pays s'est asphyxié”, analyse celui qui peaufine sa campagne pour les municipales à Lyon.
Marqué par un “sentiment d'asphyxie financière” porté par ses interlocuteurs d'un jour, Étienne Blanc relève leur incompréhension face à la pauvreté, à l'état du système éducatif, judiciaire ou de la santé publique. “Ils l'ont dit : qu'est-ce qu’ils font de tout cet argent ? On paye beaucoup, mais ça ne marche pas, qu'est-ce qu'il se passe ? Ils veulent savoir et contrôler. Moi, j'ai posé ma thèse, je suis un libéral, pour un système fiscal puissant. Là où je diffère d'une gauche extrême, c'est que je pense qu'il faut que le Parlement arrête de faire des lois, mais contrôle la dépense publique et la finance, ce qu'il ne fait plus aujourd'hui. Je n'ai pas senti d'esprit destructeur nihiliste, mais des gens qui avaient besoin d'être rassurés, de comprendre.” La veille, Laurent Wauquiez affirmait qu'il supprimerait 20 % de la taxe régionale (TICPE Grenelle) prélevée sur les ventes de carburant dans la région pour financer, depuis 2010, des investissements dans la transition énergétique. Une décision qui représenterait 17 millions d'euros de moins pour la collectivité, pour une économie d'environ 10 centimes sur un plein pour le particulier. Informés de cette volonté, les Gilets jaunes reçus par Étienne Blanc en auraient pris acte, sans plus de commentaires.