Histoire de Lyon - En matière de patrimoine, Lyon a ses incontournables, mais aussi quelques mystères qui ont disparu avec le temps. Découvrez cinq secrets oubliés du patrimoine lyonnais.
Certains monuments ne se visiteront pas durant les journées du patrimoine à Lyon, oubliés, détruits, ou tout simplement jamais réalisés. Découvrez ces cinq secrets du patrimoine lyonnais.
Louis XIV à Bellecour, mais aussi aux Terreaux
À Bellecour, les Lyonnais connaissent tous la statue équestre de Louis XIV*. Il s'agit de la deuxième du genre à cet endroit, la première, elle aussi "équestre", a été détruite durant la Révolution (lire ici). Un autre Louis XIV a disparu à Lyon au même moment : celui de la place des Terreaux. En effet, le demi-relief d'Henri IV n’a pas toujours orné la façade de l'Hôtel de Ville à l'ouest. Avant lui, ce fut Louis XIV le maître des lieux dès la construction du bâtiment. Cette dernière prit vingt-six ans (de 1646 à 1672), à cause de problèmes financiers. Pour ne rien arranger, l'Hôtel de Ville brûla en partie en 1674, occasionnant de nouveaux travaux, achevés en 1703. En 1792, le demi-relief de Louis XIV est détruit par les révolutionnaires, il sera remplacé en 1829 par Henri IV. Entre-temps, un nouvel incendie ravage l’hôtel de ville, en 1803. Malgré les épreuves, le bâtiment n’abdiquera jamais, comme les Lyonnais.
*Le sculpteur ne s'est jamais suicidé après avoir oublié les étriers, il n'y en a jamais eu sur ce type de statue "à la romaine"
Le quartier Confluence que vous ne verrez jamais
À force d’abnégation, l’homme a réussi à repousser la frontière sud de la ville du côté de confluence. À l'origine, elle était bien plus haute, vers Ainay. Après Bellecour, les marais et les zones inondables étaient partout.
Au XVIIIe siècle, l’ingénieur Antoine-Michel Perrache imagine un aménagement du sud de la Presqu’île ainsi qu’une gare d’eau reliée à la Saône et au Rhône par un canal qui aurait pu être emprunté par les bateaux. Trop ambitieux, le plan de Perrache échoue. Napoléon voulut reprendre le projet et installer un palais au sud de la Presqu’île. Le 3 juillet 1810, il signe un décret pour la construction d'un "palais impérial" à Confluence. Lyon peut alors espérer devenir une nouvelle capitale face à Paris. Le palais devait être décoré de nombreuses soies lyonnaises. Sur les terres que Antoine-Michel Perrache avait tenté d'aménager avant la révolution, Napoléon fait construire une digue de 5,60 mètres de haut le long de la Saône. La campagne de Russie puis la chute de l’Empire entraînent la fin des travaux et le retour des moustiques qui pullulaient au moindre coup de chaud.
La Tour Pitrat, premier gratte-ciel de Lyon
Avant la skyline de la Part-Dieu, un homme a voulu lui aussi construire sa tour majestueuse à Lyon. En 1827, le Marseillais Horace Pitrat veut ériger un bâtiment de 100 mètres de haut à la Croix-Rousse. Selon la légende, il voulait ainsi voir Marseille et la mer depuis le sommet, tout en possédant la construction la plus visible de Lyon. Cet homme qui a fait fortune en construisant des appartements pour les Canuts a pensé à tout : l'entré sera payante, 3 francs, le bas de la tour doit accueillir des expositions d'objets "extraordinaire", en haut, un poste d’observation avec jumelles et télescopes est prévu. Le chantier débute tambour battant, à proximité de l'actuel boulevard de la Croix-Rousse. Alors que la tour fait déjà 50 mètres, elle s'écroule le 27 août 1828 (ou "s'abouse" comme on dit alors en parler lyonnais). Une fillette qui jouait en bas du bâtiment est tuée par l’effondrement.
Pitrat refuse d'abandonner et décide de relancer le chantier, avec une tour qui ne doit mesurer plus que 30 mètres. Au pied, on retrouve un restaurant, Les Délices de Beauregard, en fait une maison de passe. Cette deuxième tour Pitrat sera détruite en 1874.
Un palais de justice au milieu de la Saône
À l'origine, le palais de justice dans le Vieux-Lyon et ses 24 colonnes ont bien failli être non en bord de Saône, mais "sur" la Saône. En 1828, Lyon veut construire un nouveau de justice. L'architecte Louis-Pierre Baltard imagine une île artificielle au milieu de la Saône pour accueillir le bâtiment. Il serait alors possible de le rejoindre par le pont du Change au nord, ou bien par un nouveau pont au sud. Baltard a un argument imparable : cela permettra d'éviter les expropriations dans le quartier Saint-Jean, tout en réglant les éventuels problèmes de surface constructible. Le projet de l’île est pourtant rejeté par les habitants qui font pression pour que le nouveau palais de justice reste à la place de l’ancien, endroit pressenti au début. Des ingénieurs critiquent également la viabilité du projet. Baltard revoit son plan et Lyon perd un peu de fantaisie ce jour-là.
Quelle est cette tour au milieu de la forêt visible depuis Confluence ?
À Confluence, lorsque l'on regarde en direction de Sainte-Foy-lès-Lyon, on peut remarquer une petite tour cachée au milieu des arbres de l'autre côté de la Saône. Cette tour de guet se situe sur un ancien
domaine autrefois propriétés des Pères Minimes de la Ville de Lyon. Sous la Révolution, le terrain est confisqué et vendu. Un bâtiment est alors construit, mais il faudra attendre 1910, pour que les frères Claudius et Henri Nicolas décident de faire lever cette tour octogonale qui est encore visible aujourd'hui. Deux versions existent sur son usage : la première veut qu'elle fût construite pour voir le Mont-Blanc, la seconde pour voir la basilique de Fourvière. Dans tous les cas, cette tour de guet doit offrir l'une des plus belles vues de Lyon, mais reste une propriété privée, interdite au public.