Face à la menace de délestages fréquents, les gestionnaires de datacenters ont accru leur vigilance quant à la viabilité de leurs dispositifs de sécurité. Une prudence qui coûte cher.
En France, en septembre 2022, les 264 datacenters répartis sur le territoire consomment environ 2 % de l'électricité française, soit la production de près de deux réacteurs nucléaires. Si le Réseau de transport électrique (RTE) assure qu'aucun délestage ne devrait avoir lieu en décembre, l'arrivée du froid inquiète les entreprises dont les données sont stockées dans de géants centres de stockage.
Une perte importante de données
En cas de coupure de courant, "vous pouvez vous retrouver avec des bases de données corrompues, explique Stevan Jovanovic, responsable datacenter de Nexeren, qui dispose de deux centres dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Et d'ajouter : Sur un système d'information un peu complexe, vous perdez une journée de données."
Gilles Elziere, responsable datacenter de FreePro, ex-Jaguar Network tient à rassurer d'emblée, "par défaut, le principe même d'un datacenter est d'être préparé à une coupure électrique". L'entreprise qui possède trois centres d'hébergement dans la Métropole de Lyon confirme être sollicitée "très légitimement" par ses clients, inquiets d'une possible perte de données.
Des groupes électrogènes géants
Concrètement, l'arrivée du réseau électrique qui fournit le datacenter en énergie est surveillée pour détecter instantanément une potentielle coupure de courant. Une fois détectée, des onduleurs, comprenez des batteries de secours, sont allumés. Ils permettent de tenir entre deux et sept minutes suivant leur capacité, laissant ainsi le temps aux groupes électrogènes de démarrer. Ces derniers peuvent tenir entre 40 et 72 heures sans intervention humaine.
"Les coupures sont un sujet pour les entreprises mal équipées, tente Stevan Jovanovic. Et d'ajouter : je sais que certains concurrents testent très peu leurs groupes électrogènes. Le jour où il y a une coupure, ils ne savent pas s'ils démarreront." Chez Nexeren et FreePro, on assure tester "le démarrage des groupes électrogènes une fois par mois". Cette précaution a un coût humain, matériel et écologique.
En effet, "un groupe électrogène à une durée de vie correspondant à une nombre de démarrage précis, donc on use le matériel et on consomme également des centaines de litres de carburant par heure voire des milliers de litres pour les plus gros", détaille Gille Elziere. En cas de délestage effectué en dehors des heures ouvrées, il faut aussi faire travailler des salariés pour surveiller et alimenter l'installation de secours. Un surcoût éventuel "inestimable à priori" selon FreePro qui ne peut que "se préparer en regardant écowatt, en se disant 'tiens lundi il fait froid'", lâche Gilles Elziere.
Si de possibles coupures ne devraient pas impacter les entreprises et particuliers de plus en plus dépendants des centres d'hébergement de données, les surcoûts seraient considérables pour un secteur déjà extrêmement énergivore et particulièrement touché par la hausse des prix de l'énergie.
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***Chez Nexeren et FreePro, on assure tester "le démarrage des groupes électrogènes une fois par mois!!!!"** Test insuffisant responsable entretien , grosse industrie feu continu, sensible l’essai des groupes 400KVA et 1200KVA avait lieu chaque vendredi.alimentant régulation, ventilation, lumière des sous-sols Ne pas se contenter d'un démarrage seul , ces gros diesel doivent être mis en charge à minima 50% de la Puissance théorique. Une heure de fonctionnement permet également de renouveler le gazole.