Un juge d’instruction lyonnais et le patron départemental de la police ont atteint au secret des sources des journalistes pour tenter de justifier une enquête calamiteuse. Un détournement judiciaire incroyable tendant à discréditer Lyon Capitale et à nous inciter à aller enquêter ailleurs.
Ces derniers mois, au fil de ses articles, le journaliste de Lyon Capitale Slim Mazni a révélé au public que la fameuse affaire dite “des flics ripoux de Vénissieux” n’en était pas une : il s’agissait en fait d’un “simple” règlement de comptes entre deux policiers, avec tentative de subornation de témoin.
Jusque-là, rien d’extraordinaire, surtout après le séisme provoqué par l’affaire Neyret. Sauf que la tournure de ces (non-)événements n’a pas l’heur de plaire au patron départemental de la police, qui veut prouver coûte que coûte que l’institution, lui en tête, lave désormais plus blanc que blanc. Elle ne plaît pas davantage au juge d’instruction en charge de cette (non-)affaire, lequel – plutôt que de chercher à comprendre d’où venait la manipulation initiale –, par une incroyable fuite en avant, mettra en examen tous azimuts, sans le moindre discernement, pour tenter de justifier son enquête devenue calamiteuse.
C’est ainsi que le 9 octobre, contre toute attente, quatre personnes (dont des fonctionnaires ou anciens fonctionnaires de police), visées comme des sources de Lyon Capitale, ont été placées en garde à vue... pendant que Slim Mazni était auditionné comme témoin par un commissaire de police.
L’IGPN enquête sur l’enquête
L’objet de ces “investigations” ayant mobilisé pendant des mois enquêteurs divers, auxiliaires de justice, officiers de police judiciaire et même agents de l’IGPN ? La participation de ces personnes à un rendez-vous, le 12 avril dernier, avec notre journaliste et un témoin sous X, dans la même (non-)affaire des policiers de Vénissieux.
Le magistrat instructeur demande à enquêter sur ce qu’il estime être une scène de “violences avec préméditation” (sic) et de menaces à l’endroit du témoin sous X, qui n’a cependant pas porté plainte – et pour cause, puisque tout partait de la dénonciation calomnieuse d’un policier indélicat, qui souhaitait instrumentaliser ledit témoin pour parvenir à ses fins. Et c’est le procureur de la République qui, fort de son expérience et de son flair, en a heureusement fait une procédure distincte dans le cadre d’une enquête préliminaire.
Faisant son métier ce jour-là, notre journaliste a, comme d’habitude, enregistré son entretien. Le parquet en a déjà tiré toutes les conclusions, qui vient de classer sans suite, après écoute intégrale de l’enregistrement. Reste que la police (notamment la brigade des affaires générales) était parfaitement informée de ce rendez-vous. Elle a en effet auditionné l’un des participants quelques jours plus tard. Enfin, d’après nos renseignements, une filature a été organisée ce jour-là et des photographies du rendez-vous ont été prises.
Atteinte au secret des sources
Il s’agit d’une atteinte évidente au secret des sources des journalistes avec, pour y parvenir, la fabrication intégrale d’un dossier visant à discréditer notre titre et à l’inciter à aller enquêter ailleurs. En l’espèce, ça n’a pas très bien fonctionné. Il ne s’agit pas de mettre en accusation la police au sens large (au contraire, nos différents articles ont contribué à rétablir l’honneur de policiers injustement salis), mais d’expliquer comment un magistrat et un haut responsable policier ont laissé se produire un précédent fâcheux dans la deuxième ville de France : l’audition des sources d’un journaliste sous le régime de la garde à vue, alors même que ce journaliste répondait aux questions d’un commissaire qui l’interrogeait précisément sur ses sources.
Nous n’en tirerons pas de conclusion générale et nous ne convoquerons pas le ban et l’arrière-ban des moralistes. Mais nous considérons qu’en démocratie toute vérité est bonne à dire, alors nous la disons, calmement, factuellement. En rappelant que, dans notre douce France, le temps de lire cet article, une femme aura été violée et cinq vols avec violence auront été commis. Circulez, y a rien à voir, rien à savoir.
Il est toujours étonnant de constater que les noms de mis en examen ou de protagonistes éventuels d'une affaire judiciaire soient cités et laissés en pâture à la vindicte publique….sauf lorsqu'il s'agit de magistrat ou policier….sacré indépendance. Ou la peur peut être... qui sait
En effet pourquoi perdre le temps de fonctionnaires de police alors qu'il y a d'autres affaires à traiter… Il faut attendre le rapport d'enquête de l'enquête !