Dimanche 7 novembre, et pour tous les dimanches du mois de novembre, un après-midi festif est organisé par des parents d'élèves. Le but est de récolter des fonds et aider de jeunes migrants qui dorment à la rue montée de la Grande Côte (1er).
Encadré de deux musiciens, le micro à la main, Inoussa, Burkinabé de 16 ans, déclame un appel à l'aide. "Au secours le maire de Lyon, au secours la Métropole ! Nous sommes livrés à nous-mêmes, ce n'est pas notre place d'être à la rue", lance-t-il à la foule. Dimanche 7 novembre, entre 15h et 17h30, une soixantaine de personnes sont venues participer à un moment festif et revendicatif à la montée de la Grande Côte. Un évènement qui va se poursuivre tous les dimanches du mois de novembre, intitulé "Dimanches solidaires".
Alors qu'un second jeune prend le micro pour rapper, un stand artisanal propose des gâteaux et des boissons pour récolter des dons. Quelques mètres plus loin, en haut des escaliers, une vingtaine de tentes sont alignées le long d'un mur. C'est le lieu de vie d'une trentaine de jeunes migrants. Tous se disent mineurs, mais n'ont pas été reconnu comme tels par la Métropole de Lyon, qui doit les prendre en charge s'ils le sont. Accompagnés de l'association l'AMIE, ils sont en recours devant le juge des enfants et espèrent être finalement reconnus mineurs.
Une initiative lancée par des parents d'élèves
Installées dans la montée de la Grande Côte, les tentes se situent juste à côté de l'école des Tables Claudiennes, et à peine au-dessus d'un jardin d'enfants. "On s'est rendus compte qu'il y avait des jeunes qui dormaient là, alors on est allés à leur rencontre", explique Didier, un parent d'élève. Depuis, il passe tous les jours voir les jeunes sur leur campement de fortune. "Un de leur besoin c'est de discuter, d'être en confiance et d'avoir des adultes qui les écoutent", développe-t-il. Quelques minutes plus tard, il prendra le temps de blaguer avec Inoussa, et de saluer d'un "check" du poing plusieurs jeunes présents, qu'il finit par tous connaître.
Pour aider ces jeunes, avec un autre parent, Sam, il a lancé un appel sur un groupe WhatsApp de parents d'élèves. 25 personnes ont répondu présentes. "Au début, on avait de grandes ambitions : assurer leur quotidien et remuer les institutions. Pour les institutions, on s'est aperçus que c'était un peu vain...", explique-t-il. Depuis ils récoltent de l'argent et donnent du matériel aux jeunes, comme un réchaud à gaz, pour les aider au quotidien.
Sam est plutôt satisfait de cette première mobilisation du dimanche, alors même que la communication autour de l'évènement n'a fonctionné que par bouche à oreille. "Il y a du monde aujourd'hui, c'est cool. On verra ce que ça donne dans la continuité. On se demande comment mobiliser des gens sur la longueur", s'interroge-t-il.
Des jeunes en grande précarité
Seul coin d'hygiène de la place, une unique cabine de toilettes de chantier, installée par la mairie du 1er. "On chie dans la rue, on pisse dans la rue", interpelle, volontairement vulgairement, Inoussa. "On a pas de père, pas de mère ici. On est des étrangers, on ne connaît personne. Et avec le climat (comprendre : le froid, ndlr), en ce moment, la rue ce n'est pas bon", poursuit-il. Au micro, il remercie chaleureusement "les bonnes volontés", venues les aider et les soutenir.
Ses demandes sont claires : "on a besoin de manger, de dormir sous un toit, d'aller à l'école. On a besoin d'un suivi". Pour l'instant, leur suivi est assuré par des citoyens, des associations et des collectifs, comme le Collectif soutiens/migrants de la Croix-Rousse. La plupart de ces jeunes qui vivent dans les tentes sont auparavant venus se présent au "Chemineur", un squat de la Croix-Rousse rue Denfert-Rochereau, qui accueille des adolescents dans la même situation qu'eux.
Du côté de la Métropole, Renaud Payre, vice-président chargé du logement nous avait expliqué avoir mis en place un lieu, appelé "La Station", pour accueillir les jeunes dans cette situation. Mais avec 52 places, le lieu ne peut absorber la demande d'hébergement. Il évoquait en juin des discussions en cours avec la préfecture pour l'ouverture d'un lieu semblable à la Station, financé conjointement par la Métropole et l'État. S'il espérait un dénouement "d'ici l'automne", un tel lieu n'a pas encore ouvert.
Lorsqu'ils passent au Chemineur, les jeunes sont alors inscrits sur une liste. Lorsque les habitants du squat de la rue Denfert-Rochereau finissent par être reconnus mineurs et pris en charge par la Métropole, les jeunes arrivés depuis le plus longtemps dans les tentes peuvent venir au squat. Une situation moins précaire, mais pas vraiment idéale, puisque le bâtiment n'a pas d'électricité. Alors que l'hiver arrive, l'idée de ces dimanches festifs est alors d'interpeller habitants, passants et pouvoirs publics.
Lyon Capitale était parti à la rencontre des jeunes du Chemineur et de la montée de la Grande Côte, et y a consacré plusieurs articles :
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