On connait Lyon, "capitale des Gaules", mais il y aussi Lyon, "capitale des gueules". D'où vient cette expression ?
Il suffit d'écrire "Lyon, capitale des gueules" pour que quelqu'un réponde immédiatement, "vous vouliez dire : capitale des gaules !" La première phrase est juste, la seconde inexacte.
Contrairement aux idées reçues, Lyon n’a jamais eu le statut officiel de "capitale des gaules" dans les documents romains. Ce titre n’apparaît que sur une seule carte. Néanmoins, elle l’était de fait : la ville était bien une capitale économique, politique et religieuse de fait, accueillant le sanctuaire fédéral des trois gaules, vraisemblablement sur les pentes de la Croix-Rousse. Une fois par an, les représentants des 60 nations gauloises se retrouvaient dans ce sanctuaire pour marquer leur soumission à l’Empereur et transmettre leur doléance.
Une vraie capitale des gueules
En ce qui concerne le titre de "capitale des gueules", selon Julia Csergo, universitaire lyonnaise et spécialiste d'histoire culturelle du monde contemporain, interrogée par Lyon Capitale, il s'agit là d'une référence aux mots employés au Moyen-Age et à la Renaissance.
Montaigne parle des "plaisirs de gueule" qui signifient "bouche", "gola", "gosier" et qui a donné "gourmandise". Par extension, on retrouve ainsi les "choses de la gueule" (nourriture et boissons), "être porté sur la gueule" (rechercher les plaisirs de la table), "fine gueule" (gourmet).
"Lyon capitale mondiale de la gastronomie"
En 1883, Nizier de Puitspelu parle des "Propos de gueule lyonnais" dans ses "Oisivetés du sieur Puitspelu". De son côté, Curnonsky, grand critique culinaire, parle de Paris, comme "capitale de gueule" en 1922 et de Bordeaux, en 1924, comme "pays de gueule réputé pour l'excellence de ses vins".
En devenant "Lyon capitale mondiale de la gastronomie" en 1935, sur l'impulsion de Curnonsky, toujours lui, la ville est aussi devenue progressivement "la capitale des gueules" ! Encore aujourd'hui, certains chefs emploient l'expression pour qualifier Lyon.