Groupe scolaire, piscine, complexe sportif et terre d’accueil des futurs Ateliers de la danse, l’Ilot Kennedy, dont la livraison complète est prévue en 2026, est présenté par la majorité écologiste comme le symbole de ses ambitions pour les équipements publics lyonnais. Plus gros investissement de la PPI de la ville de Lyon, ce projet qui coûtera au moins 60 millions d’euros, à l’ambition de refaçonner le coeur du 8e arrondissement.
Depuis son arrivée à la tête de la ville de Lyon, la majorité écologiste n’a eu de cesse de rappeler avoir hérité d’un patrimoine "d’équipements publics dans un état déplorable". Dans le viseur, notamment, le patrimoine scolaire et sportif, qui, à entendre le maire de Lyon Grégory Doucet, "a souffert d’un manque d’entretien durant de longues années pour certains équipements", au point dans le cas de l’école J.F Kennedy, dans le 8e arrondissement, de nécessiter sa destruction pour repartir sur des bases saines.
La mairie a donc fait de la rénovation de son patrimoine scolaire l’un de ses chevaux de bataille pour le mandat, décidant ainsi de consacrer pas moins de 354 millions d’euros de son plan pluriannuel des investissements (PPI) à la création, l’extension et la rénovation des écoles lyonnaises. Une ambition forte pour cette municipalité qui souhaite faire de Lyon une "ville à hauteur d’enfants".
"Ce projet est à l’image de ce que nous souhaitons pour la ville. Nous voulons faire une ville émancipatrice. Il va être question d’éducation de sport et de culture sur l’Ilot Kennedy", Grégory Doucet, maire de Lyon
Un certain nombre de chantiers ont donc été lancés pour restaurer le parc scolaire lyonnais et proposer une offre modernisée et plus en adéquation avec "la ville écologique" souhaitée par le maire et ses équipes. À partir du mois de mai 2023 débutera le plus gros d’entre eux, qui comprendra notamment la destruction et la reconstruction du groupe scolaire J.F Kennedy, situé au coeur du 8e à deux pas de la mairie d’arrondissement et de la Maison de la Danse.
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Un triptyque mêlant éducation, culture et sport
Un chantier à 20 millions d’euros qui s’annonce colossal et qui s’intègre dans un projet plus global qui touche à l’éducation, au sport et à la culture avec la construction, à côté de l’école, d’un complexe sportif, comprenant une piscine publique, et des Ateliers de la Danse, attendus depuis une dizaine d’années. Sobrement intitulé "Ilot Kennedy", ce projet d’envergure affiche un coût global de 60 millions d’euros, répartis comme suit : 18 M€ pour les Ateliers de la danse, 22 M€ pour le complexe sportif auxquels s’ajoute le coût de l’école J.F Kennedy.
Situé entre les rues Varichon, Paul Santy, Sarrazin et de La Concorde, cet îlot de 21 000 m2 réunira trois équipements publics majeurs pour le 8e arrondissement, qui seront à "l’image de ce que nous souhaitons pour la ville, de notre ambition et de la qualité que l’on veut donner à nos équipements publics, surtout lorsque l’on est éloigné du centre ville comme ici" promettait Grégory Doucet à l’occasion de la présentation du projet ce vendredi 11 mars.
"Réinventer le quartier" autour de l’îlot
Il est prévu que les trois infrastructures cohabitent, avec la création de passerelles, au sens figuré, afin de permettre notamment aux 518 élèves du groupe scolaire de profiter de la piscine pour apprendre à nager ou encore de découvrir le monde de la danse via des projets qui restent à définir. Alors que les travaux doivent s’étendre de 2022 à 2026 et que les trois chantiers seront menés de front, Olivier Berzane, le maire du 8e arrondissement ne cache pas que "la vie du quartier va être un peu chamboulée pendant quelques années". À l’entendre, le jeu en vaudrait cependant la chandelle, car ce "chantier c’est un fantastique atout, on va pouvoir réinventer le quartier autour de ces équipements", se réjouit-il d’avance.
"Ce chantier c’est un fantastique atout, on va pouvoir réinventer le quartier autour de ces équipements", Olivier Berzane, maire du 8e arrondissement
"Emblématique de la ville écologique", pour citer Sylvain Godinot, l’adjoint au maire de Lyon délégué à la transition écologique et au patrimoine, l’Îlot Kennedy se veut exemplaire et intégrera donc les "principes de sobriété énergétique, de végétalisation [et] de non-recours aux énergies fossiles", chers à la majorité. Panneaux solaires installés sur les toits, gestion de l’eau, utilisation de matériaux bio-sourcés et géo-sourcés, végétalisation doivent permettre de donner naissance à un projet "emblématique", aussi, "pour la transition écologique".
L’Ilôt Kennedy de manière concrète
- Destruction et reconstruction de l’école J.F Kennedy
Construite en 1961, l’école J.F Kennedy serait la dernière de type Pailleron à Lyon, du nom de ces constructions modulaires mêlant une structure métallique avec des panneaux de façade en béton, des toitures et des cloisons faites de panneaux de bois. Sa réhabilitation n’était donc pas envisageable et la Ville a donc préféré la détruire.
Pour ne pas interrompre le parcours scolaire des enfants pendant trois ans, une école provisoire va être installée "autour de la mairie, sur le parking devant, derrière, et sur le square Varichon", précise Stéphanie Léger, l’adjointe à l’éducation. Elle ouvrira au printemps 2023 et restera en service durant la destruction de l’ancien bâtiment scolaire et tout au long de la construction de la nouvelle école qui doit être livrée en septembre 2025.
Le nouveau bâtiment de 3 000 m2 accueillera 18 classes de primaire et élémentaires de 60 m2 et sera assorti d’une cour végétalisée à 50 %, de 2 préaux et de 2 cours de récréations d’une surface totale de 2 500 m2.
- Une piscine publique au coeur d’un complexe sportif
Alors qu’un déficit important de piscines publiques touche la ville de Lyon, comme le reconnaît Julie Nublat-Faure, l’adjointe aux sports, la mairie a souhaite profité des 21 000 m2 offerts par l’Îlot Kennedy pour construire une piscine fermée dans un arrondissement, le 8e "très carencé". C’est simple la seule piscine de l’arrondissement, celle de Mermoz, n’est ouverte que l’été et la piscine ouverte toute l’année la plus proche est à Jean-Macé, dans le 7e arrondissement.
"Nous manquons beaucoup de piscine à Lyon, à l'instar d’autres grandes villes, donc cela nous a semblé prioritaire, notamment dans le 8e qui est très carencé" Julie Nublat-Faure, adjointe aux sports à la ville de Lyon
Composé d’un premier bassin de 25 mètres et d’un second de 15 mètres, ce nouvel équipement sera destiné aux scolaires "pour permettre aux enfants d’apprendre à nager", explique Olivier Berzane, mais aussi associations et plus généralement au grand public.
Cet équipement aquatique sera associé à un complexe sportif plus vaste, comprenant un gymnase omnisports accessible aux scolaires et aux associations pour pratiquer le basket, le volley, le hand-ball ou encore l’escalade. Par ailleurs, sur un plateau sportif extérieur de plus de 2 000 m2 un parcours dédié à l’apprentissage du vélo sera accessible aux enfants au côté de terrains de sport. Le tout sera livré en septembre 2026.
- Aboutissement du projet des Ateliers de la Danse
Attendue depuis plus de 10 ans, au coeur d’un projet présenté comme "pharaonique" qui n’avait pas vraiment de "vision" et de "cohérence", selon Nathalie Perrin-Gilbert, l’adjointe à la culture, et qui prévoyait leur installation d’abord à Confluence puis dans le musée Guimet sous la mandature de Gérard Collomb, la construction des Ateliers de la Danse était devenue une sorte d’arlésienne dans le milieu de la culture à Lyon.
Avec la construction de l’Îlot Kennedy, le projet voulu par Dominique Hervieu (l'ex-directrice de l'institution culturelle) à son arrivée devrait enfin se concrétiser. Désormais, l’ancienne maire du 1er arrondissement veut "avancer sur un projet à la pointe, qui réponde à des exigences chorégraphiques", et complète les activités de la Maison de la Danse, toute proche.
Ce pôle de production et création destiné aux professionnels, aux amateurs, mais aussi à l’éducation artistique sortira de terre fin 2025 et accueillera deux studios pouvant recevoir 100 et 40 personnes ainsi qu’une salle de "création-diffusion" d’une capacité de 450 spectateurs. Montant des travaux 18,5 millions d’euros, dont une aide de l’État de 6,5 millions.