Ce vendredi, la députée européenne Michèle Rivasi et des militants écologistes se sont rendus au siège de Bayer dans le 9 ème arrondissement de Lyon pour protester contre le projet de rachat de Monsanto par le groupe pharmaceutique multinational. Le patron de Bayer France, Franck Garnier, est venu discuter avec la députée Europe écologie les Verts : un échange respectueux à propos de désaccords majeurs.
Tandis que la candidate à la primaire de l'écologie menait une action devant le siège de Bayer à Lyon, Franck Garnier, président du groupe Bayer France, est venu à sa rencontre, tout comme des représentants syndicaux de la CFDT et de la CGT chez Bayer, ainsi que plusieurs chercheurs. "Le président de Bayer France voulait valoriser son entreprise, c'est bien qu'il soit venu" estime Michèle Rivasi, interrogée par Lyon Capitale. "Il avait l'air désarçonné par le fait que l'on accepte pas cette concentration entre Monsanto et Bayer, mais lui-même n'est qu'un maillon dans la chaîne, il n'a pas le pouvoir d'empêcher cette fusion. À titre personnel, le mariage de Bayer avec une entreprise qui est détestée dans le monde entier peut aussi ne pas forcément lui plaire. Il voulait valoriser Bayer en tant que tel, c'était un exercice de communication. Mais il voit bien que les OGM, on n'en veut pas ici, ni en Europe. D'ailleurs, le colza génétiquement modifié que fabrique Bayer est seulement vendu au Canada...L'échange était très respectueux. Nous n'avons pas trop l'habitude de cela en France, à mon avis c'est un peu plus la culture allemande. On n'est pas d'accord, on explique pourquoi, les syndicats étaient très réceptifs à notre action et la direction est ouverte au dialogue, même si elle n'a aucun moyen de changer l'ordre des choses."
Des syndicats pas indifférents sur le gigantesque monopole en cas de fusion
Michèle Rivasi estime que les syndicats de chez Bayer qui sont venus à sa rencontre ont été, à titre personnel, plutôt d'accord avec son propos. "Ils se rendent bien compte que cela va être un monopole sur l'agriculture, l'alimentation et la santé, et qu'avec cette fusion, il n'y a plus de libre concurrence avec une multiplicité d'acteurs, mais un énorme acteur sur le plan européen et américain" explique-t-elle. Après avoir promis de visiter le centre de recherche de Bayer, la député européenne a exposé les intérêts financiers de cette fusion et une volonté de "faire plaisir aux actionnaires" plutôt que de se soucier du "bien public". Elle a d'ailleurs évoqué la réaction de la commissaire européenne à la concurrence Margrethe Vestager après qu'elle ait reçue un document signé par 55 députés européens de tout bords pour empêcher cette fusion : "dès que le rachat est notifié, elle lance une investigation pour voir si l'on peut arrêter cette fusion au nom d'un règlement de 2004 qui interdit le monopole et la concentration dans un secteur industriel donné" explique Michèle Rivasi.
La date de cette action avait été choisie par les militants écologistes. Le même jour, à la Haye, un tribunal international citoyen organisait un procès symbolique contre Monsanto, présidé cependant par cinq vrais juges de renommée internationale. Dans ce procès, la firme américaine est accusée de "crime contre l'humanité" et d'"écocide". Pour Michèle Rivasi