Un groupe de chercheurs européens, mené par une équipe lyonnaise, vient de publier leurs travaux sur l'origine de la création de certains nuages qui pourrait ouvrir la voie à une meilleure compréhension du rôle de ces derniers sur le réchauffement climatique.
Alors que l'impact des nuages sur le réchauffement climatique est toujours assez méconnu par la communauté scientifique, des chercheurs lyonnais viennent de percer le mystère de la structure des molécules à la base des nanoparticules (ou aérosols), elles-mêmes à l'origine de la formation de ces nuages. Des molécules dont l'existence n'a été attestée qu'en 2014 (étude publiée dans Nature), mais dont les propriétés ainsi que la structure étaient difficiles à établir faute de méthode analytique pour les observer.
C'est la réussite d'une équipe scientifique de l’IRCELYON (CNRS/Université Claude Bernard) grâce à une méthode analytique développée en interne et qui leur a permis d’identifier, pour la première fois et en temps réel, la structure des composés impliqués dans la formation des embryons moléculaires à l’origine des aérosols.
“Concrètement, chaque nuage est formé de particules. Pour que la vapeur d'eau se condense et crée un nuage, il faut des particules. Sans ces aérosols que nous observons, il n'y aurait pas l'embryon pour que l'eau se condense dessus. Il y aurait donc beaucoup moins de nuages. Les études estiment que 50% des noyaux à la base des nuages sont liés à ces processus de formation des particules nanométriques”, explique Dr. Matthieu Riva, chercheur à l'Institut de recherches sur la catalyse et l'environnement de Lyon (CNRS/Université Claude Bernard), à l'origine de cette découverte.
Ces mêmes nuages, en fonction des particules présentes en leur sein et donc de leur structure propre, vont contribuer à réchauffer ou refroidir l'atmosphère. “Leur rôle exact reste une source d’incertitudes majeure dans la modélisation et la prédiction du climat. Si l’on sait qu’une classe de produits d'oxydation, appelés molécules organiques hautement oxygénées, joue un rôle clef dans la formation et la croissance des particules atmosphériques, les mécanismes de réaction ainsi que les structures de ces espèces très réactives restent insaisissables”, détaille le CNRS.
Toutefois, cette découverte des chercheurs lyonnais, publiée dans la très prestigieuse revue Nature Communications, ouvre la voie vers une meilleure compréhension et prédiction de la formation et volatilité des aérosols et donc de leur impact sur le climat. “Si l’on comprend mieux la composition de ces molécules, on va mieux comprendre leur volatilité et donc leur capacité à devenir des particules. On pourra ainsi mieux prévoir leurs flux de formation. À long terme, ces recherches vont permettre d’évaluer la façon dont la formation de ces aérosols impacte le climat sur des échelles larges”, espère Dr. Matthieu Riva.