Alors que David Kimelfeld recevait des acteurs associatifs en charge des mineurs isolés étrangers ce mardi à Bron, les forces de police évacuaient un squat du 7e arrondissement justement occupé par des mineurs isolés. Mauvais concours de circonstances ou action calculée, les avis divergent.
David Kimelfeld s’apprêtait ce mardi à animer une réunion avec plusieurs associations d’aide aux mineurs isolés. À l’Institut Départemental de l’enfance et de la famille de Bron, ils devaient ensemble discuter des initiatives à prendre pour accompagner les mineurs isolés étrangers arrivés sur le sol de la métropole. Au même moment, un squat du 7e arrondissement de Lyon était évacué par la police, comme le rapporte Rue89Lyon. Au total, une cinquantaine de jeunes se disant mineurs isolés étaient mis à la rue. "Les policiers ont brisé une fenêtre et ont enfoncé la porte avec un bélier. Ensuite ils ont procédé au contrôle d’identité des jeunes présents. Il n’y a pas eu de violence, mais c’était très traumatisant pour les jeunes qui n’ont pas compris ce qu’il se passait", explique Célie Mercier, membre du collectif Copains des Mineurs.
À qui la faute ?
"C’est une situation rocambolesque", commente Michèle François. Bénévole RESF, elle a eu vent de l’expulsion peu avant le début de la réunion. "On a malgré tout décidé de s’y rendre, les jeunes devaient nous rejoindre." Une fois sur place, le président de la Métropole aurait passé de rapides coups de fil afin d’éclaircir la situation. Quelques minutes plus tard, il assure que les jeunes pouvaient retourner dans le squat. "On ne pouvait pas se douter qu’au moment où nous allions parler des solutions pour les mineurs isolés, ils allaient être expulsés", se désole Michèle François.
Le hasard fait mal les choses
De son côté, la métropole de Lyon atteste de son erreur : "La métropole aurait dû savoir que le squat hébergeait des mineurs non accompagnés. Elle n’a pas été saisie parce que nous pensions qu’il s’agissait d’un autre type de public". Contactée à plusieurs reprises, la ville de Lyon n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet : "Il faut voir ça avec la métropole." La coïncidence des deux événements a "interloqué" la métropole qui assure que la réunion était prévue depuis deux semaines, bien que la bénévole RESF assure avoir été prévenue "seulement quelques jours avant". Du côté de la préfecture, on assure que le calendrier a été purement fortuit. La décision d’expulser le squat impasse des Chalets a été prise par les services de l'État, qui ont fait appliquer une décision de justice datant de décembre 2017 et émanant de la ville de Lyon. L’expulsion aurait dû avoir lieu avant, mais trêve hivernale oblige, elle a été repoussée. Occupé depuis environ 3 mois par les mineurs isolés, le squat hébergeait lors de la décision de justice un autre public "proche de la mouvance anarchiste", lui, majeur.
Hasard ou non, cet événement pourrait marquer les relations entre les associations d'aide aux migrants et David Kimelfeld, pourtant réputé plus à l'écoute que son prédécesseur Gérard Collomb. "À cause de cette actualité, on a dû régler l’urgence, mais pas forcément ce qui devait être réglé à la base durant cette réunion. Il y aura désormais d’autres rendez-vous comme celui-ci avec les associations. David Kimelfeld a montré qu’il était à l’écoute", a confié la métropole. Pour Michèle François, la situation est tout autre. "On avait l’impression d’être écouté avec David Kimelfeld, mais la vérité c’est qu’il ne se passe rien. Les lieux d’accueil sont saturés, on régresse complètement. On arrive à la même situation que l’été dernier, où il ne se passait rien."
Les jeunes de nouveau hébergés
Les jeunes, mis dehors, ont pu être relogés au foyer de la Sarra, dans le 5e arrondissement. "Dans l’adversité, on a su gérer ensemble avec la ville puisque le foyer de la Sarra appartient à la municipalité", confie le Grand Lyon. Cet ancien EHPAD venait d’être évacué lui aussi : des familles y étaient hébergées pendant le plan grand froid. "La Métropole nous a assuré que les jeunes y resteraient jusqu’à leur évaluation avec Forum Réfugiés", confie Michèle François. "Lors de l’évacuation, plusieurs jeunes ont fui, par peur. Nous avons obtenu l’autorisation d’amener à la Sarra tous ceux que nous pouvions retrouver. Mais tous les jeunes qui arrivent en ce moment à Lyon n’ont nulle part où aller", se désole Clélie Mercier. Selon les associations, une quinzaine de mineurs isolés étrangers arriveraient chaque jour sur le territoire de la Métropole de Lyon une fois de plus débordée.