L’édition 2019 de la Fête des lumières devrait marquer son retour au premier plan. Certaines installations inaugureront également des technologies inédites. D’autres pourraient arriver d’ici à dix ans. Prospective lumineuse.
- La rupture technologique des drones
Les drones lumineux sont en passe de remplacer les feux d’artifice lors de certaines fêtes. Coordonnés, des centaines de drones, voire un millier, peuvent ainsi former un essaim lumineux et reproduire des images en trois dimensions dans le ciel. Sans les inconvénients pyrotechniques d’un feu d’artifice, et bien plus souples, ils peuvent être programmés pour composer plusieurs tableaux à la suite, ou enchaîner une histoire. Ces lumières mobiles ouvrent un nouveau champ de narration. En 2018, un dossier d’illumination à base de drones a été proposé à l’équipe de la Fête des lumières ; il n’a pas été retenu pour des raisons de sécurité. Néanmoins, pour Jean-François Zurawik, grand ordonnateur de la fête, il ne fait aucun doute que “des projets de cette nature arriveront”.
- L’hydrogène pour une fête autonome
Order 200, l’œuvre présentée cette année cour des Moirages, a une particularité en forme de promesse pour l’avenir : elle ne sera pas raccordée au réseau électrique mais alimentée par un groupe électrogène à hydrogène. Ce tableau, annoncé comme hypnotisant, est composé de croisement de lignes de points lumineux qui se reflètent dans la brume, mais l’artiste voulait qu’il soit alimenté “par l’énergie du futur”, explique Théophile Habermacher, d’H2SYS, la société qui fournit le groupe électrogène. “Il permet d’avoir une électricité avec zéro émission carbone, pas de bruit, pas de danger, de nuisance ou d’odeur, l’œuvre sera complètement autonome”, précise-t-il. L’entreprise espère à moyen terme pouvoir proposer des groupes électrogènes aux villes pour alimenter des travaux, festivals ou événements sportifs. Grâce à cette technologie, il serait possible d’alimenter des endroits où aucun câble électrique ne peut être tiré, comme une île artificielle sur le Rhône ou une barge lumineuse sur la Saône. Et la question de l’alimentation électrique cesserait d’être une limite.
- L’hologramme partout ?
Lyon a déjà connu des technologies proches de l’hologramme, sans en être réellement, notamment Présages en 2018 et sa projection sur un rideau d’eau. Les meetings virtuels de Jean-Luc Mélenchon sont également appelés à tort hologrammes. Là encore, il s’agit davantage d’une projection sur un écran transparent. Un vrai hologramme est une restitution en relief sans jouer sur les illusions optiques. D’ici à 2030, on pourrait voir davantage de faux “hologrammes” avec des projections sur miroir ou rideau d’eau, mais aussi l’émergence de vrais, dont le champ des possibles ne fait que se dessiner.
- Des dispositifs de plus en plus intégrés, avant d’être invisibles
Parfois, la magie de la Fête des lumières en prend un coup quand des échafaudages gâchent la perspective. Cette année, sur la gare Saint-Paul, Daydreams de Flshka Design est rendu possible grâce à une tour de 1,80 mètre de côté pour 4,5 mètres de haut, positionnée à 30 mètres de la façade, qui doit s’intégrer parfaitement dans les lieux. Grâce à ses 18 écrans, la tour Génération Millenium d’Artcom Diffusion est la première étape pour une structure qui est amenée à recevoir d’autres technologies. “C’est un mur d’images intégré dans la perspective de la gare, un objet-lumière, un élément scénographique, mais aussi un espace de communication dynamique que les villes peuvent utiliser pour des messages, ajoute Jean-Paul Ballay, d’Artcom. Cette tour Millenium s’intégrera dans le mobilier urbain, car elle est mobilier urbain.” Elle vient d’être homologuée pour résister à des rafales de vent jusqu’à 120 km/h. En 2030, les échafaudages de métal dont la présence ramène dans le monde réel pourraient bien être de l’histoire ancienne.
- Une fête via des écrans, moins de magie
Un lion géant qui grimpe la colline de Fourvière, un aigle de feu au-dessus de la ville…, la réalité augmentée permet toutes les folies, à condition de regarder le monde sur un écran ou avec des lunettes spéciales. Grâce à cette technologie, il est possible d’ajouter du contenu supplémentaire, en temps réel, à ce qui est filmé par la caméra d’un téléphone portable. Des expérimentations sont déjà menées dans le monde du divertissement. Cependant, les œuvres actuelles présentent de plus en plus un dénominateur commun : nous faire décrocher de nos écrans pour lever les yeux. La réalité augmentée, si elle se démocratise, serait donc plutôt un retour en arrière…
- Des œuvres qui soignent
Depuis plus d’un siècle, on soigne grâce à la lumière, c’est la luminothérapie. Dans les pays nordiques, où les journées sont plus courtes l’hiver, elle est un allié pour lutter contre la dépression saisonnière. À Lyon, le groupe Brochier travaille sur des tissus lumineux, Lightex. Ils étaient présents dans la cour de l’hôtel de ville en 2016, avec Platonium et ses 324 bandes de tissu lumineux. Sa filiale NéoMedLight s’est spécialisée dans les applications médicales, notamment le traitement de la jaunisse du nourrisson. Ces technologies vont encore évoluer et, si la Fête des lumières réchauffe déjà les cœurs, elle pourrait plus tard permettre de présenter des œuvres qui soignent.
DE NOUVELLES TRADITIONS
hologramme : il va y avoir Mélenchon ?