Depuis un siècle et demi, la tradition résonne sur la colline qui travaille. C'est une institution lyonnaise. Une institution de la colline de la Croix-Rousse. La mythique Vogue des marrons, qui anime le boulevard de la Croix-Rousse pendant un mois depuis... 1851. Histoire et récit.
Annulée en 2020 en raison de la crise sanitaire, la vogue est de retour. Elle se déroule de ce samedi 2 octobre, et jusqu'au 14 novembre, en 2021. La traditionnelle vogue - la fête foraine pour les non lyonnais - rythme chaque année, pendant un mois, la vie du quartier de la Croix-Rousse. C'est une institution à Lyon... depuis 1851.
Depuis un siècle et demi, la tradition résonne sur la colline qui travaille. Entre octobre et novembre, le plateau de la Croix-Rousse vit au rythme de la vogue. Même si certains la redoutent (et ce n’est pas nouveau) pour leurs oreilles, ils seraient sans doute les premiers à se plaindre de sa disparition tant elle fait désormais partie de l’identité de la cité.
"1851. La commune de la Croix-Rousse, perchée sur sa colline, surplombe et surtout fait toujours peur à Lyon"
1851. La commune de la Croix-Rousse, perchée sur sa colline, surplombe et surtout fait toujours peur à Lyon. Les révoltes des canuts de 1831 et 1834 ont marqué les esprits dans toute l’Europe et celles des Voraces en 1848 et 1849 ont rappelé que la colline refuserait d’abdiquer sans se battre. Depuis 1848, la France redécouvre la République, du moins en apparence. Le pouvoir est alors aux mains de Louis-Napoléon Bonaparte, président élu en décembre 1848 pour quatre ans. Dans ce contexte, le 4 octobre 1851, la Croix-Rousse accueille l’une de ses premières vogues, dont l’affiche-programme est parvenue jusqu’à nous. Le faubourg est en émoi : pour la première fois, “Places et Promenades publiques où se tiendra la Vogue seront complètement illuminées au gaz, avec des appareils d’une invention toute nouvelle”. Les “amusements” sont divers et variés : “tirs à la cible, à l’épée et à la boule”, “courses en sac”, “casse-pot”, “tirs à l’oiseau” et bien sûr, le soir, les danses et bals publics qui donnent son autre nom à la vogue : la “Grande Fête baladoire”. Les marrons qui feront plus tard sa renommée n’apparaissent pas encore sur les publicités.